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L’impératif nucléaire français

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A l’heure où six militaires de l’opération sentinelle ont été blessés par une voiture bélier pilotée par un terroriste islamique, où nos armées sont engagées sur plusieurs théâtres d’opérations contre les tenants d’un Islam radical, où les crédits militaires en 2016 ont été rognés par rapport aux engagements pris de près de 1,5 milliards par le gouvernement actuel et où notre armée et ses matériels sont à bout de souffle, la crise nord-coréenne attire notre attention sur le risque nucléaire à l’autre bout du monde.

En effet, la tentation est grande, face à la menace terroriste immédiate de concentrer nos efforts financiers sur nos forces classiques remettant à plus tard la modernisation de notre force de dissuasion nucléaire. Il est donc essentiel de se demander si cette option est-elle envisageable sans risque pour la sécurité des français ?

Ma réponse est claire et s’appuie sur le travail de plus d’un an mené avec un groupe d’experts dans le cadre de la récente campagne présidentielle au service du projet de François Fillon.

La dissuasion nucléaire avec ses deux composantes sous-marine et aérienne reste le socle de notre défense nationale. Sa crédibilité repose sur une constante modernisation, notamment dans les deux domaines de la furtivité et de la capacité de pénétration des défenses anti-balistiques adverses. Les technologies à développer ainsi que renouvellement de nos vecteurs et en particulier des SNLE à partir de 2030 vont requérir dès 2019 un effort croissant de recherche et de développement qui va mobiliser un pourcentage croissant dans le budget de la Défense.

Mais pour satisfaire ces deux impératifs, protéger les français aujourd’hui et préparer leur sécurité ’ de demain, l’objectif de 2% du PIB qui a fait consensus chez tous les candidats à la présidentielle doit être atteint en 2023 et non 2025 comme l’a promis le Président de la République. Car si nous n’augmentons pas effectivement le budget des Armées de 2 milliards chaque année à partir de 2018, non seulement nous ne pourrons pas rattraper le retard d’équipement de nos forces classiques et maintenir un niveau élevé d’engagement opérationnel, mais aussi nous mettrons en danger la crédibilité de notre dissuasion nucléaire qui reste l’ultime protection de nos intérêts vitaux, c’est-à-dire de la sanctuarisation de notre territoire national.

Il est en effet impossible de prévoir à un horizon de 10 à 15 ans si nous n’aurons pas à nos frontières un État islamique doté d’armes nucléaires qui pratiquera un chantage encore plus radical que celui actuellement conduit par Kim Jung Un. N’oublions pas qu’aujourd’hui l’État pakistanais est un État nucléaire et se bat au quotidien contre l’islam radical qui a causé dans ce pays [1] la mort de 21.882 civils et 6787 membres des forces de l’ordre entre 2003 et 2017. Baisser la garde nucléaire qui est un effort de long terme face à la menace immédiate actuelle serait irresponsable. C’est pour cette raison que la Défense Nationale ne doit pas être la variable d’ajustement de la mauvaise gestion par l’État de la dépense publique.


Général (2S) Jean-Bernard PINATEL

Auteur de « Histoire de l’Islam radical et de ceux qui s’en servent », Lavauzelle, Mai 2017

Source : ATLANTICO

[1] Fatalities in Terrorist Violence in Pakistan 2003-2017


Nouvelle crise des missiles : mais où en est la France en matière de dissuasion nucléaire et que doit-elle apprendre du cas nord-coréen ?

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Par une nouvelle déclaration sur twitter, Donald Trump a pu indiquer « Mon premier ordre en tant que Président a été de rénover et de moderniser notre arsenal nucléaire. Il est aujourdhui plus fort et plus puissant que jamais ». Alors que l’escalade bat son plein entre Pyongyang et Washington, quel point peut on faire sur les capacités françaises en la matière ? Quel est l’état de la force de dissuasion française.

Le Président Trump en déclarant dans un tweet : « Mon premier ordre en tant que Président a été de rénover et de moderniser notre arsenal nucléaire. Il est aujourd’hui plus fort et plus puissant que jamais » démontre une fois de plus qu’il n’est pas sérieux. En effet une décision de ce type pour qu’elle commence à se concrétiser significativement sur le terrain demande au moins dix ans.

En France, quels qu’aient été les Présidents de la République, aucun n’a remis en cause le fait que la dissuasion nucléaire est le socle sur lequel est bâtie notre défense. Pour tous les responsables français il s’est agi de maintenir en permanence une capacité de seconde frappe à un niveau tel que le bénéfice que pourrait retirer un ennemi qui frapperait en premier notre pays serait inférieur aux pertes que notre capacité de seconde frappe (c’est-à-dire notre riposte à son agression) lui causerait.

Pour ce faire les actions à réaliser et les dépenses à consentir sont planifiées non pas sur 6 ans comme dans la Loi de Programmation militaire pour le reste des équipements militaires, mais sur les trente prochaines années.

C’est ainsi que l’on sait qu’il va falloir accroitre le pourcentage consacré à la dissuasion nucléaire dans les dépenses de défense dès 2018-2019 si l’on veut qu’en 2030 nous soyons toujours dissuasifs vis à vis de tout adversaire potentiel,qu’il soit une superpuissance ou un Etat voyou.

Quelles sont les leçons à tirer de la crise actuelle ? La France se doit-elle de renforcer ses capacités dans un monde ou, après la Corée du Nord, d’autres pourraient nourrir la même ambition ? En quoi le fait nouveau, qu’un seul pays membre de l’Union européenne soit détenteur de la force de dissuasion, peut-il également plaider en ce sens ?

La crise actuelle, à mon avis, n’est qu’une gesticulation verbale initiée par le Président Trump dans un but de politique intérieure. En revanche, il est certain que l’existence de capacités nucléaires et balistiques aux mains d’un régime autocratique comme celui de la Corée du Nord peut inquiéter ses voisins les plus proches et notamment la Corée du Sud et le Japon.

Pour la France, la seule leçon à en tirer est que la dissuasion nucléaire fonctionne. Car si la Corée du Nord proférait de telles menaces sans posséder des capacités nucléaires, rien n’empêcherait les Etats-Unis de détruire ses capacités balistiques car le risque pour eux serait quasi nul et très minime pour leurs alliés coréen et japonais. Par ailleurs, nos capacités nucléaires sont ajustées par rapport à l’enjeu que la France représente pour un adversaire potentiel. Elles ne peuvent constituer aucunement une protection pour les autres pays européens. Et même si elles étaient de taille supérieure, elles ne pourraient avoir un effet dissuasif que très limité pour nos voisins. En effet, hypothèse d’école, croyez-vous qu’un Président de la République française riposterait par une frappe nucléaire contre Moscou si d’aventure la Russie envahissait l’Ukraine ? La dissuasion nucléaire ne peut protéger que nos intérêts vitaux.

Quels seraient les efforts à fournir pour parvenir à ce que la France dispose d’un outil de premier plan ?

Répondre à votre question c’est poser le problème de l’effort de défense. Si nous voulons d’une part maintenir un engagement opérationnel extérieur du même niveau qu’actuellement tout en poursuivant l’opération sentinelle à hauteur de 7000 hommes et, simultanément, rattraper le retard dans la modernisation des équipements de nos forces armées classiques et, d’autre part, maintenir la crédibilité de notre force de dissuasion nucléaire en lançant lancer dès 2018 les dépenses de recherche développement nécessaires, il faudrait à partir de 2018 rajouter 2 milliards de plus chaque année au budget des armées voté pour 2017 .Cela conduirait à un effort supplémentaire de 42 Milliards entre 2018 et 2023 et permettrait d’atteindre un budget militaire de 45 milliards hors pensions en 2023. Ce qui signifie se fixer un objectif d’atteindre les 2% du PIB en 2023 et non en 2025.

Si nous refusons de faire cet effort nous ferons ce que le comte de Guibert, penseur militaire, disait à Louis XVI qui voulait pas faire un effort suffisant pour son armée: « ce qu’il y a de plus cher et de plus onéreux c’est d’avoir une demi-armée car avec cela on n’est jamais au niveau de sa politique, ni de son rang ni du rôle qu’on doit jouer et toute dépense qui est insuffisante est celle qu’il faut vraiment regretter. »


Général (2S) Jean-Bernard PINATEL

Auteur de « Histoire de l’Islam radical et de ceux qui s’en servent », Lavauzelle, Mai 2017

Source : ATLANTICO


Pourquoi l’hypothèse d’une troisième guerre mondiale prochaine n’est plus seulement un fantasme d’addict à la catastrophe

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A une semaine de la réunion du G20, les tensions entre les Etats-Unis et la Russie se multiplient. Dans le même temps, la situation géopolitique au Moyen-Orient est loin de s’apaiser.

Atlantico : A une semaine de la réunion du G20, les tensions entre les Etats-Unis et la Russie se multiplient. Mardi dernier un avion russe Tu-154 VIP a été intercepté par des avions de l’OTAN au-dessus de la mer Baltique. Ce lundi c’est le sous-marin Yuri Dolgoruky qui a procédé à des tests de lancement de missile intercontinental. Du côté américain, la politique étrangère est régulièrement jugée imprévisible. Alors qu’une rencontre Trump-Poutine est envisagée en marge du G20, quel état des lieux peut-on faire de la situation actuelle ?

Quels sont les risques de voir les deux nations s’opposer directement ?

Jean-Bernard Pinatel : Les analystes sont aujourd’hui dans l’incertitude sur la politique étrangère de Trump. En effet, durant la campagne pour l’élection présidentielle Trump avait clairement indiqué qu’il souhaitait s’entendre avec Poutine car son ennemi principal était Daech. Depuis lors, il semble que le lobby militaro-industriel ait repris le contrôle sur Trump. En effet le gigantesque complexe militaro-industriel américain, dénoncé dans une adresse radio-télévisée à la nation américaine en avril 1953 par le Président Eisenhower comme une menace pour la démocratie, a besoin d’un état de tension dans le monde pour justifier aux yeux des citoyens américains les sommes fabuleuses annuelles de 600 milliards de dollars qu’ils payent chaque année avec leurs impôts. La preuve de cette reprise de contrôle sur Trump : il vient d’annoncer qu’il allait augmenter en 2017 le budget de la Défense de 9% soit 54 milliards de dollars, c’est-à-dire d’une somme équivalente au budget militaire de la France.Cette somme représente à elle seule les deux tiers du budget militaire annuel de la Fédération de Russie. Les provocations américaines via l’OTAN comme l’interception d’avions russes dans l’espace aérien international sont destinées au public américain qui ignore dans sa grande majorité les réalités internationales. Cela dit le concurrent potentiel des États-Unis en termes de leadership mondial n’est pas la Russie mais la Chine. En effet le budget militaire russe ne représente que 13% du budget américain et son PIB est au 12ème rang mondial derrière celui de la Corée du Sud. En revanche la Chine avec le second PIB mondial possède un budget militaire en forte croissance qui représente déjà 42% du budget US (250 milliards de dollars). Cela dit, la Russie a une force de dissuasion nucléaire qui interdit toute escalade aux extrêmes avec les États-Unis mais cela n’exclut pas des tensions et des confrontations locales là où les enjeux ne sont pas vitaux pour les deux puissances.

Quels sont les liens à établir entre cette hausse des tensions et la situation géopolitique au Moyen-Orient ? Notamment avec l’échec des Etats-Unis sur le dossier syrien et les tensions entre le Qatar et l’Arabie Saoudite ?

Jean-Bernard Pinatel : Trump avait déclaré durant la campagne électorale « sans notre protection, l’Arabie saoudite ne survivrait pas une semaine ». Les saoudiens ont compris le message et lors de la visite de Trump à Riyad les 20 et 21 mai derniers ils ont ouvert largement leur bourse pour acheter leur sécurité. En effet, le ministre saoudien des Affaire étrangères,en clôture de la visite du président américain, a annoncé des contrats immédiats et à venir d’un montant de 380 milliards de dollars (340 milliards d’euros) dont 110 milliards de contrats militaires. Trump,le business man, contre des espèces sonnantes et trébuchantes,a clairement adopté la ligne traditionnelle des républicains : l’alliance avec les sunnites contre l’Iran chiite soutenu par la Russie. Ces deux derniers pays qui possèdent des intérêts communs en tant que riverains de la mer Caspienne détiennent avec le Qatar 50% des réserves mondiales prouvées de gaz naturel. Par ailleurs l’Iran soutient l’Irak à dominante chiite et la Syrie où la Russie possède la base navale de Tartous. Il y existe une concurrence géopolitique d’influence traditionnelle entre la Russie et les anglo-saxons dans cette région du monde où la politique de retrait d’Irak et de réserve d’Obama sur le dossier Syrien a permis le retour en force de l’influence russe.

Quels seraient les prochaines étapes envisageables dans l’optique d’une confrontation ? Quelles sont, pour les deux nations, les lignes rouges à ne pas franchir ?

Jean-Bernard Pinatel : La prochaine étape envisageable, mais le pire n’est jamais le plus sûr, est une désinformation identique à celle que Bush junior avait utilisé pour envahir l’Irak. C’est de dénoncer l’utilisation d’armes chimiques par le régime syrien. Notons que Trump a déjà commencé à utiliser ce prétexte puisque dans la nuit du 6 au 7 avril il a ordonné des frappes contre une base syrienne seulement deux jours après l’attaque chimique de la ville de Khan Cheikhoun qu’il a imputée, évidemment sans preuve (Il est impossible pour un service secret dans un délai aussi court d’avoir recueilli des preuves sur le terrain à moins d’être partie prenante de cette affaire), à l’armée syrienne. Or on sait qu’Al Nosra (Al Qaïda) a utilisé l’arme chimique fournie par Erdogan pour essayer entrainer les occidentaux à entrer en guerre contre Assad. Or il est évident qu’aujourd’hui Assad avec l’aide de la Russie a rétabli la situation militaire et n’a aucun intérêt à s’attirer la réprobation mondiale alors que plus aucun analyste sérieux ne pense qu’il puisse être exclu d’un règlement de la crise syrienne. Je veux rendre ici hommage au courage et à la clairvoyance de notre nouveau Président Emmanuel Macron car bravant les bonnes consciences bobo comme BHL, dont Hollande subissaitl’influence, a déclaré à juste titre qu’il « ne voyait pas de successeur légitime à Assad », démontrant ainsi le pragmatisme qui doit être la règle dans les relations internationale pour défendre et promouvoir les intérêts de la France. Néanmoins sur le dossier syrien un coup de théâtre est toujours possible. Souhaitons qu’il soit positif et qu’il découle d’une rencontre Trump-Poutine le 8 ou le 9 juillet prochain.

Source : ATLANTICO


L’héritage « Sécurité » de François Hollande : trois dossiers chauds

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Le nouveau Président hérite d’un dossier sécurité qui a été traité par François Hollande au coup par coup, sans vision à long terme. Il comporte trois « dossiers chauds » qui seront autant de révélateurs de la détermination du chef de l’État à assurer le rétablissement de l’État de droit dans des zones laissées en déshérence par ses prédécesseurs et à bâtir une stratégie de long terme efficace contre l’Islam radical.

Notre Dame des Landes

C’est le plus grand défi de court terme auquel est confronté le nouveau Président. Interrogé sur le projet de nouvel aéroport à Notre-Dame-des-Lande, le 6 avril 2017 lors de « L’émission politique » sur France 2, Emmanuel Macron avait déclaré : « Il y a eu un vote, mon souhait est de le respecter et de faire l’aéroport. » Sur la méthode, le candidat d’En marche ! a précisé qu’il se donnerait six mois pour convaincre les Zadistes qui occupent les lieux. « Je ne vais pas arriver et envoyer les militaires à Notre-Dame-des-Landes. La nomination d’un médiateur calmera les choses pendant six mois. Si je n’arrive pas à convaincre, je ferai respecter les choses », a expliqué Emmanuel Macron. « Je prendrai mes responsabilités et je ferai évacuer la zone », a-t-il ajouté.

Cette négociation avec les zadistes qui occupent le site n’aboutira à rien car le mouvement des ZAD est un mouvement totalitaire. C’est un modèle d’organisation de la vie quotidienne comme un code de conduite qui doit être imposé à toute la société y compris au moyen de la contrainte. Les zadistes ne sont pas seulement opposés au nouvel aéroport, ils le sont à toute forme de transport aérien qui leur apparait comme un outil du marché au service de sa domination sur les individus. Ils dénoncent la marchandisation de la production et des voyages. La ZAD (zone à défendre) de Notre Dame des Landes a une vocation particulière dans le projet zadiste. Elle constitue une base de formation et d’entrainement des zadistes européens et elle constitue aussi une base de départ pour essaimer vers une dizaine d’autres zones qui ont été reconnues en France et qui seront autant de zones d’expansion ou de repli si l’État se décidait à employer la manière forte pour les déloger de Notre Dame des Landes. Ce que sait ou va savoir le nouveau Président, c’est qu’une partie des zadistes sont armés et décidés à faire de ce site un nouveau fort Chabrol. La gendarmerie estime qu’il faudra engager pour les déloger plusieurs dizaines de véhicules blindés et qu’il y aura des morts de chaque côté.

Délinquance et quartiers sensibles

L’INSEE répertorie 717 Zones Urbaines Sensibles (ZUS) en métropoles et 32 outre-mer. [1] Outre l’insécurité et le mal être qui y règnent, 40% des 4,4 millions de citoyens qui y résident [2] vivent sous le seuil de pauvreté. Ces ZUS sont classées selon certains critères et selon certaines sources en 3 ou 4 catégories [3]. Selon le site europe-israel.org celles de niveau 1, sont des quartiers sensibles de non-droit (QSND) où l’État de droit n’existe pratiquement plus. Ils constituent autant de zones refuges potentielles pour les djihadistes. Dans ces quartiers règnent des bandes et la délinquance avec des faits de violences urbaines, fusillades ou règlements de comptes et trafic en tout genre. Ces zones sensibles existent [4] dans environ 50 villes. La palme de la délinquance revient à Marseille où on recense ainsi près de 500 délits pour 1000 habitants dans les quartiers Nord. L’insécurité ressentie [5] dans leurs quartiers par les résidents des ZUS est 1,5 fois plus élevée comparée à ceux vivant dans la même commune mais en dehors des ZUS et 3 fois plus par rapport à ceux demeurant dans une commune ne comprenant pas de ZUS. Rétablir l’État de droit constitue un vrai défi à moyen terme dans ces quartiers car toute incursion d’un agent public est considérée comme une agression et entraine des manifestations de violence à son encontre. Cette nécessité de considérer ce dossier sécuritaire en priorité réside dans le lien vérifié entre délinquance et terrorisme. 90% des fichés S vivent dans ces quartiers sensibles. Sur les 20 000 [6] fichés S, 12 000 concerneraient la mouvance islamique et 10% des fichés S vivraient en Seine-Saint-Denis [7].

Islam radical et terrorisme

Les responsables politiques sont divisés dans leur évaluation de la menace. Trois évaluations s’opposent. La gauche française se refuse à reconnaitre la dimension religieuse de la menace à laquelle nous sommes confrontés. Jean Burnham dans son livre « le silence religieux » en explique clairement la raison. La gauche, encore profondément marquée par Marx, la révolution libertaire de 1968 et Nietzsche, pense que Dieu est mort. Se bouchant les yeux et les oreilles pour ne pas accepter les faits, elle cherche des causes à cette « folie suicidaire » dans l’inadaptation sociale, la pauvreté économique ou une dérive à partir de la petite délinquance. Ses experts abondent dans le sens des déclarations du Président de la République et de son Ministre des Affaires étrangères « quand ils martèlent que les attentats djihadistes n’ont rien à voir avec l’islam. ». Jean Burnham les excuse en partie considérant que « leurs discours part évidemment d’une intention louable. Il traduit la nécessité de briser l’équation mortifère islam=islamisme= terroriste » [8]. Néanmoins, il en condamne avec lucidité les conséquences désastreuses : « affirmer sur tous les tons que les djihadistes n’ont rien à voir avec l’islam, c’est considérer que le monde musulman ne se trouve pas concerné par les fanatiques qui se réclament du Coran » [9]. Cette évaluation erronée de la menace a amené François Hollande à bâtir une stratégie d’action inefficace à long terme. Il a focalisé son action sur tous les lieux de la « radicalisation » : les banlieues sensibles, les prisons, Internet. Il a créé des centres de « dé radicalisation » qu’il a inondé de subventions d’État. Lorsqu’on en fera un premier bilan honnête, on constatera qu’il est aussi affligeant [10] que le bilan qu’ont fait les Américains de leurs centres d’entrainement des rebelles modérés syriens en Turquie. En refusant de considérer les djihadistes comme des convertis à une déviance radicale de l’islam, Hollande et la gauche ont continué d’autoriser les imans salafistes et les Frères Musulmans à poursuivre leur endoctrinement, à condition toutefois qu’ils ne prononcent pas dans les médias des paroles de haine à consonance politique : contre les juifs ou contre l’égalité homme/femme.

De l’autre côté de l’échiquier politique et dans une grande partie de l’opinion, l’horreur des attentats conduit à confondre l’Islam, la religion, et l’islamisme qui en est la déviance politique. Cet amalgame ostracise la communauté musulmane, donnant ainsi raison aux imams radicaux et notamment aux Frères Musulmans pour lesquels l’ennemi est la civilisation occidentale et sa base avancée, Israël, au cœur du Moyen-Orient. Proclamant que l’Islam est incompatible avec la République, leurs leaders prêchent une « Reconquista » musclée des zones de non-droit. Se contenter de vouloir rétablir par la force l’État de droit sans mettre en œuvre une stratégie globale reconnaissant que la communauté musulmane est la première victime de l’Islam c’est accepter de créer un climat de guerre civile.

Heureusement toute une partie des experts et de la droite est porteur d’une autre vision. Il s’agit de reconnaitre la finalité religieuse de ces actes de guerre menés par des Etats islamiques et par les organisations se réclamant d’un Islam radical qui se sont ancrées profondément dans la plupart des pays où une communauté musulmane existe. Et admettre aussi qu’une simple stratégie militaire, policière et pénale ne suffit pas. Depuis trois siècles, l’éradication des Califats et l’écrasement des soldats de Dieu n’ont jamais éteint la daw’a nedjite. Les responsables politiques doivent donc affirmer haut et fort que ce n’est pas l’Islam que nous devons combattre mais la mise en œuvre sur le sol de la République de son interprétation radicale et politique, que nous avons laissé diffuser dans les lieux de culte et les écoles coraniques. C’est affirmer que les imans wahhabites, salafistes et appartenant aux Frères Musulmans propagent un système de valeurs et des pratiques contraires à notre expérience historique, à l’évolution de nos valeurs et de nos mœurs, comme par exemple le port du voile islamique. C’est accepter de reconnaitre le lien qui existe entre le discours et l’acte terroriste. C’est mettre en œuvre au plan mondial, européen et français la stratégie globale que j’ai exposée dans le dernier chapitre de mon dernier livre [11].


Général (2S) Jean-Bernard PINATEL

Mon dernier livre : Histoire de l’Islam radical et de ceux qui s’en servent, Lavauzelle, Mai 2017.

[1] Système d’information géographique de la politique de la ville

[2] INSEE

[3] Europe Israël news :
Niveau 2 : QSTD: (Quartiers sensibles très difficiles) : des faits de délinquance réguliers et de toute sortes. La plupart de ces quartiers ont été auparavant des zones de non droit.
Niveau 3 : QSD (Quartiers sensibles difficiles) : des faits de délinquance assez réguliers, trafic de drogue et toutes sortent de trafics, des nuits de violences urbaines qui peuvent arriver a la suite d’une petite tension.
Niveau 4 : QSP (Quartiers sensibles problématiques) : petite délinquance qui peut être régulières et qui peut exploser à certains moments mais généralement ces quartiers sont calment et font parler d’eux de temps à autres et posent quelques soucis à la ville mais ne sont pas considérés comme chauds.

[4] Facebook РLes cit̩s les plus chaudes

[5] Au service des territoires

[6] Sud-Ouest

[7] Le Parisien

[8] Un silence religieux, Jean Birnbaum, Seuil, 2016.

[9] Ibid, page 42.

[10] Marianne

[11] « Histoire de l’Islam radical et de ceux qui s’en servent », Lavauzelle, Mai 2017, 320 pages.


Naufrage de l’État de Droit : Général Antoine Martinez

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Alors que l’état d’urgence est en vigueur, le peuple français, médusé, assiste à l’embrasement d’une multitude de zones du territoire où la loi de la République n’est plus appliquée et dans lesquelles la police n’est plus tolérée car considérée comme une force d’occupation.

Ces événements inacceptables et inadmissibles ne sont cependant pas une surprise. Ils sont la conséquence de l’impuissance et de la démission des pouvoirs publics, du renoncement des responsables politiques à affronter les réalités en tentant depuis des années d’acheter la paix civile, notamment dans ce qu’on appelle les territoires perdus de la République, prêts dorénavant à s’embraser au moindre incident. Les gouvernants sont arrivés aujourd’hui au point de non-retour où ils ne maîtrisent plus rien car ayant toujours un temps de retard et étant toujours dépassés par l’événement.

Dans ces conditions, ils pourraient très bientôt ne plus être en mesure de maintenir ou de rétablir l’ordre public avec les seuls moyens habituels, c’est à dire la police et la gendarmerie. La Cité est en feu et l’ordre public n’existe plus.

Mais cet ordre public, marqueur important de notre démocratie, ne peut régner durablement que dans la Cité évoquée par Aristote et dans laquelle les citoyens sont réunis par un choix de vie commune, cette dernière étant assurée et consolidée par la référence à un même passé mythique, à des héros communs, à des rites et des lois intégrées et partagées. Nous sommes loin aujourd’hui de cette Cité, car il a suffi d’une quarantaine d’années seulement pour que l’héritage historique du peuple français, vieux de deux millénaires bercés par la Grèce et la Rome antiques et nourris par la culture judéo-chrétienne, soit mis en péril en raison de l’irresponsabilité, du manque de clairvoyance, du déni de réalité et même par la compromission de nos « élites politiques » qui ont exercé et qui exercent aujourd’hui le pouvoir.

Avoir laissé faire et accepté une immigration massive, incontrôlée et injustifiée et vouloir intégrer des musulmans, en l’occurrence par millions, dans une société occidentale laïcisée et qui a pour fondement le christianisme a constitué et constitue une pure folie et reste une utopie contre laquelle il va bien falloir que les Français réagissent.

Compromission, car ce quinquennat finissant qui a été qualifié de « quinquennat pour rien » a, en réalité, aggravé la situation et a été marqué par des événements dramatiques dus à des dysfonctionnements majeurs dans l’application de l’état de droit et à des décisions inadaptées et contraires aux intérêts de la France et de la nation française.

Il est vrai que depuis les années 1980, le principe de l’assimilation a été fortement ébranlé puis carrément attaqué par les nouveaux arrivants trop nombreux, plus soucieux de faire grandir l’oumma et refusant de se conformer aux règles et au mode vie du pays accueillant. Ils ont d’ailleurs été encouragés dans cette voie par les promoteurs du droit à la différence qui ont ouvert ainsi la porte au communautarisme. Il faut pourtant rappeler que l’assimilation qui a été l’un des principes qui a fait la France et sa richesse jusqu’à la fin des années 1970 a eu le grand mérite de rendre la diversité vivable car elle permettait précisément l’avènement d’un fort sentiment d’appartenance à une nation et d’une volonté affirmée d’unité nationale qui ont forgé l’identité française. Peut-être est-il utile et nécessaire de rappeler aux contempteurs de cette identité qu’elle repose sur un socle qui comprend trois volets : une Histoire, une culture avec sa langue, le français, et un mode de vie que beaucoup nous envient.

Et c’est l’adhésion à ce socle, à cet héritage, à cette mémoire qui aurait dû et devrait être facilitée, favorisée et inculquée par l’école car c’est ce qui crée les conditions du vouloir vivre ensemble et garantit l’unité pour former des projets communs.

Mais l’école, aux mains des experts du pédagogisme qui l’ont menée à sa ruine, ne le fait plus depuis longtemps. D’ailleurs, elle est même devenue le creuset de la libanisation du pays. Elle a failli à sa mission depuis plus de quarante ans, sans réaction des responsables politiques qui se sont succédé. Pis, l’actuel ministre de l’Education nationale agit contre les intérêts de la nation française en favorisant, et finalement en appliquant dans sa réforme la politique culturelle islamique de l’OCI en préconisant l’enseignement de l’islam et l’apprentissage de la langue arabe dès le CP.

Cela dit, on ne peut assimiler que des individus. Il est impossible d’assimiler des peuples. Mais si on en est arrivé là, c’est parce que les responsables politiques ont laissé se constituer, depuis de nombreuses années, ces territoires perdus de la République que sont ces centaines d’enclaves occupées par des populations issues de l’Afrique noire et du Maghreb – et abandonnées par une grande partie des autochtones – où règne aujourd’hui la loi de l’islam.

Et force est de constater que cette immigration extra-européenne a été encouragée à refuser l’adhésion à ce socle pour imposer sa loi incompatible avec notre culture et notre mode de vie, ouvrant ainsi avec certitude, à plus ou moins brève échéance, la voie vers une future confrontation. Il faut bien reconnaître que le nombre invalide à l’évidence tout espoir d’intégration.

Les violences urbaines actuelles le démontrent. Les diatribes violentes et haineuses contre la France en témoignent. Et l’ordre public n’existe déjà plus dans ces territoires perdus sans que cela émeuve nos gouvernants. L’absence totale de réaction du gouvernement et le laisser-faire dans ces territoires ces derniers jours, après une interpellation musclée de la police, conduisent à des violences urbaines inacceptables qui s’étendent dangereusement. Cette démission de l’Etat favorise l’aggravation de la situation, alimente la propagation de la chienlit et compromet sérieusement le rétablissement de l’ordre public.

Mais faut-il s’en étonner lorsque le Chef de l’Etat outrepasse son rôle en se rendant au chevet d’un individu, blessé lors d’une interpellation violente qu’il a lui-même provoquée et à laquelle il a tenté de se soustraire par la force, et qu’il désigne à la vindicte publique les policiers sans attendre les résultats de l’enquête ?
Ne se rend-il pas compte qu’il verse ainsi de l’huile sur le feu et participe à l’engagement de cette spirale infernale ? Comment a-t-il pu, par ailleurs, reconnaître explicitement devant deux journalistes le péril que représente l’islam – et non pas l’islamisme – puisqu’il a évoqué lui-même sa crainte d’une partition du pays, et être resté et continuer de rester inactif devant ce risque ?

Quelle conception écœurante de la politique ! En vérité, il ne fait que confirmer un état de fait illustré par ces violences urbaines.

Il existe bien des enclaves sur notre territoire occupées par un peuple intrinsèquement étranger pour une grande partie au peuple français même s’il possède des papiers français et dans lesquelles la loi de la République a été remplacée par la loi de l’islam.

Et il faut en être conscient, cet autre peuple ne se sentira jamais français, et ne le mérite d’ailleurs pas. Il faut entendre sa haine à l’égard de la France.

Mais faut-il s’en étonner lorsqu’un candidat à la présidence de la République, en déplacement en Algérie où il est allé chercher son adoubement, ose affirmer que la France a commis un crime contre l’humanité avec la colonisation ?
Faut-il lui rappeler les raisons du débarquement des forces françaises, en 1830, en Algérie qui n’existait pas en tant que telle encore car c’est la France qui a construit ce pays ? (*) Faut-il lui apprendre – car il ne le sait pas – que l’Europe subissait depuis plus de trois siècles les actions de piraterie et l’esclavage des barbaresques menées en Méditerranée et sur les côtes européennes par la Régence d’Alger intégrée à l’empire ottoman, et que le roi Charles X, en accord avec ses homologues européens, décida d’y mettre un terme ?
Faut-il lui apprendre que lorsque les Français s’implantèrent un peu plus tard sur le territoire représenté par les actuels Tchad et République Centrafricaine pour éradiquer l’esclavage, la population sédentaire avait été en grande partie déportée par les trafiquants d’esclaves arabo-musulmans. Et pour ajouter à la barbarie, cette déportation ne s’est pas seulement limitée à la privation de liberté et au travail forcé. Elle fut aussi une véritable entreprise génocidaire d’extinction ethnique par castration, car ces esclaves ne devaient pas faire souche en terre d’islam ! N’est-ce pas là un vrai crime contre l’humanité ?
Et ce sont les descendants de ces esclavagistes qui veulent nous faire la morale aujourd’hui et nous obliger à la repentance ? Mais c’est eux qui doivent faire repentance !

Le constat est cruel mais implacable : le politique n’est pas à la hauteur de sa fonction et cette dernière a même été, au cours de l’actuel quinquennat, discréditée, abaissée, affaiblissant ainsi les institutions à un moment où la situation exige l’autorité de l’Etat. Et cet état de faiblesse de l’Etat face aux menaces, notamment intérieures, constitue un accélérateur de la dégradation de la situation et de la dérive vers la confrontation inévitable. En effet, le risque majeur auquel sera confronté bientôt – et peut-être plus vite qu’on ne le pense – notre société pourrait bien se traduire par une totale submersion des capacités régaliennes de l’Etat avec des violences urbaines et des émeutes de très grande ampleur qui conduiraient à des affrontements meurtriers. Et cette situation pourrait être mise à profit par les dizaines de milliers de djihadistes et djihadistes potentiels prêts à semer la mort au signal. L’impuissance et la démission de l’Etat ont donc bien signé la mort de l’ordre public et ouvert la voie à la violence, voire à une guerre civile ethnique.

Une tâche immense attend le prochain président de la République. Mais il ne pourra pas échapper au débat capital qui porte sur l’exercice du pouvoir et donc sur les exigences qu’il requiert. Le peuple, qui lui aura confié la destinée du pays, doit exiger de lui, notamment à un moment difficile marqué par une guerre à l’extérieur mais également et surtout à l’intérieur, d’exercer sa fonction de façon responsable, avec fermeté et rigueur, en ayant une vision à long terme, en sachant identifier les menaces qui guettent la collectivité dont il doit assurer la protection.

Et la première menace à contrer, c’est l’islamisation criminelle de notre société qui conduit la nation à sa perte. Il devient donc urgent de stopper l’immigration extra-européenne et même d’inverser ce processus.

(*) Peut-on rappeler à cette occasion la pertinente remarque de Ferhat Abbas, qui fut président du GPRA (Gouvernement Provisoire de la République Algérienne) « La France n’a pas colonisé l’Algérie, elle l’a fondée ».


La bataille de Mossoul

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Point de situation trois mois après le début des combats

La bataille de reconquête de Mossoul a commencé le 17 octobre 2016. Environ 100 000 hommes sont mobilisés pour cette bataille (voir mes précédentes analyses) face à 3 000 à 5 000 djihadistes. Mais seulement 15 000 hommes des forces spéciales irakiennes (la division d’or) composées à 80% de chiites mènent réellement le combat. Ils ont été spécialement formés et équipés pour le combat urbain par les Américains. Les 85 000 autres assurent le bouclage de la ville et de ses environs, les appuient, réoccupent et nettoient le terrain conquis. Les Peschmergas assurent le bouclage au Nord et à l’Est mais n’exercent aucune pression offensive. Les milices de l’organisation de mobilisation populaire réalisent le bouclage au Sud-Ouest et à l’Ouest.
Il aura fallu trois mois à cette force pour parvenir aux faubourgs de Mossoul et conquérir 40% de la ville, sa partie Sud-Est qui est la plus ouverte ce qui a facilité l’appui des forces de première ligne.
La situation au 10 janvier du front est reportée sur la carte ci-dessous :

12-01-2017

Ces trois mois ont couté 4 000 morts aux forces d’assaut et 3 000 blessés. La Division d’or qui mène le combat a perdu environ 50% de ses effectifs. Dans toute autre armée elle serait relevée du front, mise au repos et ne participerait plus aux combats. Mais même après ces pertes, la motivation des soldats chiites reste très grande car la plupart des combattants sont très religieux et agissent sous l’impératif d’une fatwa émise par l’ayatollah Sistani, l’un des plus grands leaders chiites, qui a décrété que Daech était l’ennemi numéro un.

Néanmoins, la division d’Or affaiblie n’est plus capable de mener une grande offensive et, après une pause d’un mois de remise en condition, sa progression est très lente et se fait maison par maison. De plus la progression a lieu actuellement dans la partie Est de Mossoul, la plus moderne et la plus ouverte alors que les combats à venir dans la vieille ville qui se trouve à l’Ouest du Tigre se feront dans des rues étroites avec une densité plus grande de population qui vont rendre la progression encore plus difficile et couteuse.

Trois options théoriques s’offrent aujourd’hui :
1) Les djihadistes souhaitent se replier vers la Syrie, option qui n’est pas envisageable actuellement parce que le bouclage de la ville est complet ;
2) Une négociation, comme à Alep, est engagée prochainement permettant aux djihadistes de se replier avec armes et bagages vers la Syrie ce dont ne veulent actuellement ni les Russes ni les Turcs ;
3) Les djihadistes n’ont plus d’autre option que de résister sur place.

Dans cette dernière option, la libération complète de Mossoul demandera encore de longs mois et ne pourra pas survenir au mieux avant la fin du printemps.

Général (2S) Jean-Bernard PINATEL


Analyse de la situation en Libye à l’orée de 2017

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Vers une prise de pouvoir du Général Khalifa Haftar ?

Synthèse

En Libye, l’année 2017 va commencer avec une situation profondément modifiée par rapport à janvier 2016 tant sur les plans politique que sécuritaire. Cette évolution constitue un succès pour la politique Russe et chinoise en méditerranée orientale et annonce l’échec de l’accord de Tunis de décembre 2014, réalisé sous l’égide de l’ONU et soutenu par les puissances occidentales.
Sur le plan sécuritaire, comme on pouvait l’entrevoir au début 2016, la greffe de Daech n’a pas réussi à prendre en Libye. L’Etat islamique a été chassé de sa ville-base de Syrte par la milice de Misrata après quatre mois de durs combats durant lesquels elle a subi des pertes importantes qui l’ont affaibli. Le Général Kafila Haftar en a profité pour s’emparer presque sans combattre du croissant pétrolier Libyen, lui permettant avec son allié, la milice de Zintan, de contrôler désormais toute la production pétrolière et gazière libyenne qui a été relancée. Cette victoire a conduit le Conseil municipal de Misrata à donner des gages au général Kalifa Haftar.
Sur le plan politique, ces actions, qui sont probablement l’amorce d’un ralliement de Misrata au général Haftar, fragilisent le Conseil de Présidence issu de l’accord de Tunis de décembre 2014 et qui est présidé par Fayez el-Sarraj et dont les misratis étaient le principal soutien. Face à cette situation c’est clairement le Général Haftar qui tient dans ses mains l’avenir du pays à condition qu’il arrive à pérenniser son rapprochement avec Misrata.

Perspective pour 2017

Soutenu par l’Egypte, la Russie et la Chine, il est probable que le Général Haftar parvienne à s’entendre avec Misrata.
Deux options s’offrent alors à lui.
Soit il peut négocier un accord avec Abdelhakim Belhadj l’homme fort de Tripoli et le chef de guerre le plus expérimenté du pays ainsi qu’avec Mohamed Sawan, le chef des Frères Musulmans qui est affaibli notamment parce qu’il a subi une défaite aux élections législatives de 2014 et a perdu son soutien à Rome avec la démission de Matteo Renzi. Si ces conditions sont remplies, la Libye peut entrer sans conflit dans une phase de consolidation qui restera néanmoins fragile.
Soit il ne le veut pas ou ne peut pas s’entendre avec Abdelhakim Belhadj, alors avec l’appui des milices de Misrata et de Zantan, il est en mesure d’organiser un coup de force pour se rendre maître de Tripoli, imposant la réconciliation nationale par la force et sous sa seule autorité.

La situation des forces en présence début 2016 [1]

La milice de Misrata

Elle comprenait environ 20.000 hommes ce qui en faisait la force la plus importante du pays. Les « Misrati » ont pour ambition de contrôler la vaste région centrale autour de Misrata, grande ville portuaire. Les frères musulmans, avec l’aide des services secrets d’Erdogan, essaient de l’infiltrer pour la contrôler. De leur côté les services italiens ont conservé des liens étroits avec Misrata et les frères musulmans comme l’a prouvé l’intervention humanitaire qu’ ont réalisé les forces spéciales italiennes [2]. Le 11 janvier, elles ont posé un C-130 à Misrata avec des médecins et des infirmiers pour évacuer 15 Libyens, grièvement blessés, lors de l’attentat du 7 janvier contre le Centre de formation de la police de la côte libyenne. Ces blessés ont ainsi été pris en charge et rapatriés sur l’hôpital militaire de Celio en Italie. C’était la première fois depuis les évènements de 2011, qu’une force occidentale se posait sur le sol libyen.

La milice de Zintan

C’est la seconde milice la plus importante en Tripolitaine. Elle a joué un rôle important pour la libération de Tripoli, lors des batailles dans le Djebel Nefoussa. Elle contrôle une partie des montagnes de l’ouest, des frontières avec l’Algérie et la Tunisie et la Hamada Al-Hamra, vaste étendue désertique qui s’étend jusqu’au grand Sud. Elle tient sous sa coupe le pétrole de la Tripolitaine et détient le fils de Mouammar Kadhafi, Seif al-Islam qu’elle refuse de livrer à la justice nationale et internationale.

Les milices du général Khalifa Haftar

Le général a regroupé sous sa bannière des éléments de l’armée régulière libyenne, dont les forces de l’armée de l’air et a su attirer et obtenir l’appui de la milice de Zintan. Son PC se trouve à Al-Abyar (à l’est de Benghazi). Un grand nombre de conseils municipaux de l’Est – dont celui de Benghazi – se sont ralliés à sa cause, tout comme la Chambre des représentants de Tobrouk. Cette milice est clairement soutenue par les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la France. Khalifa Haftar a mené durant l’année 2016 une offensive chasser définitivement les islamistes de Benghazi. Cette offensive est perçue par le négociateur de l’ONU comme mettant en cause le projet de formation d’une armée « nationale » liée au « gouvernement d’union nationale » de Fayez Sarraj et adoubée par l’ONU [3]. Il a su attirer et obtenir l’appui de la milice de Zintan.

Les milices islamiques et Daech [4]

Un grand nombre de Libyens avaient déjà combattu avec Daesh en Iraq et Syrie [5]. Ces combattants étaient rentrés en Libye en 2015 tout en conservant des relations étroites avec leurs contacts en Iraq et en Syrie. Ils s’étaient initialement établis à Derna et se sont nommés « Wilaya Barqa » sous le commandement d’Abou al-Mughirah Al-Qahtani, décrit comme le « chef délégué pour la Wilaya libyenne ». L’apport de combattants de Tunisie et d’Algérie et de transfuges d’autres groupes islamistes libyens était à l’origine de son expansion relativement rapide. Daech était organisé en 3 Wilayas [6] et compterait 2 000 à 3 000 djihadistes.
Dans mon évaluation de janvier 2016, je soutenais que Daech était perçu par les autres organisations islamistes comme extérieur à la Libye. Ainsi les combattants de Daesh ont été chassés de Derna non pas par le général Haftar mais par une coalition de milices islamiques locales qui se sont unies dans le « Conseil de la Choura des moujahidines de Derna » dont Ansar al-Charia, la branche libyenne d’Al-Qaeda. De même, Daech qui s’est implanté à Syrte en février 2015 à l’issue de combats contre les forces du Bouclier de la Libye, se heurtait toujours à une résistance d’habitants armés et des affrontements sporadiques mais violents se poursuivent dans Syrte.
Daech n’était pas au début de 2016 dans une position comparable à celle qu’il occupait en Syrie et en Irak ni sur le plan de la force militaire ni sur celui des ressources économiques. Il n’avait pas les moyens de s’emparer de champs pétrolifères et d’infrastructures pétrolières en Libye [7], de les conserver et de les exploiter.

La situation à l’orée de 2017

Daech a été chassé de Syrte et ne possède plus aucune ville-base en Libye.

La mainmise de Daech, le 5 mai 2016, sur le croisement de Bougrine (100 km à l’est de Misrata et menant vers le Sud) a décidé les milices de Misrata à déloger Daech de Syrte [8]. La milice de Misrata avec l’appui d’une brigade originaire de la ville amazigh (berbère) de Nalout, dans les monts Nefoussa, à l’ouest de la Libye qui a mené l’attaque contre les djihadistes de Syrte, appuyée par l’aviation américaine guidée par des forces spéciales anglo-américaines.
Mais les combattants de l’opération « Al-Bunyan Al-Marsous » (« Structure solide ») ont subi des pertes importantes face aux djihadistes qui ont défendu leurs positions pied à pied. En quatre mois de combats, on compte plus de 530 morts et 2 500 blessés du côté d’Al-Bunyan Al-Marsous, dont 90 % sont des hommes de Misrata.

Après les djihadistes de Daech, les frères Musulmans sont en perte de vitesse en Libye.

Mohamed Sawan avait réussi à s’imposer avec son parti comme la force dominante au sein du Congrès national de juillet 2012 à août 2014. Le PJC avait obtenu moins de voix que son rival de l’Alliance des Forces nationales du très médiatique Mahmoud Jibril. Mais sa formation étant mieux organisée, il avait réussi à rallier une large majorité d’élus indépendants et avait fait basculer le Congrès en sa faveur. Son parti avait pu faire adopter une loi d’exclusion politique pour les personnalités politiques ayant joué un rôle sous Kadhafi. Cette loi lui avait permis d’écarter son principal adversaire Mahmoud Jibril.
Les élections de 2014 n’ont permis d’élire que 188 députés sur 200 à cause des combats dans certaines régions du pays. Mohamed Sawan a subi une vraie défaite puisqu’il ne peut plus compter que sur une quarantaine de députés dans la nouvelle Assemblée, les Frères Musulmans étant rejetés par les modérés pour leur islamisme mais également par les islamistes radicaux d’Abdelhamid Belhad pour leur tempérance.

Le Général Hatar s’empare du croissant pétrolier et rend obsolète l’accord de Tunis du 6 décembre 2015.

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Les pertes e la milice de Misrata ont laissé le champ libre à l’Armée nationale libyenne (ANL) du Général Haftar qui a lancé début septembre une opération appelée « Surprise foudroyante ». Les forces del’ ANL ont pris facilement en quelques jours les ports de Ras Lanuf, Es Sider et Brega sans que les Petroleum Facilities Guards (PFG), la milice paramilitaire dirigée par le jeune Ibrahim el-Jadhran [9] s’y opposent réellement. En effet fin août, une nouvelle grève des PFG avait montré la fragilité du pouvoir d’Ibrahim el-Jadhran, plus business man que chef de guerre. Les notables de la tribu des Megrahi dont sont issus de nombreux éléments des PFG ont senti alors le vent tourner et les ont appelés à rendre les armes sans combattre.
Cette victoire du Général Haftar met en lumière l’impuissance de Fayez el-Sarraj [10]. De plus, elle fournit une preuve supplémentaire de l’influence grandissante de la Russie en méditerranée orientale.
Cette impuissance trouve sa source dans le sentiment que Fayez el-Sarraj est l’homme lige de l’Occident. Or, le peuple libyen dont l’ADN tribal a subi pendant plus de 40 ans la greffe de la propagande nationaliste de Kadhafi et anti-occidentale des Frères Musulmans, perçoit dans sa majorité Fayez el Sarraj comme un valet d’un occident qui veut faire main basse sur les immenses ressources pétrolières et gazières de la Libye.
Fayez el-Sarraj est appuyé par les six pays de la communauté internationale (États-Unis, Grande-Bretagne, Allemagne, Espagne, Italie et France) qui exigeaient un retrait immédiat des forces de Haftar du croissant pétrolier. La coalition occidentale s’est trouvée confrontée au refus de l’Égypte, associée à la Russie et à la Chine de s’associer à une quelconque condamnation par le Conseil de sécurité de l’ONU de l’action de force entreprise par le général Haftar. Ce dernier, que l’on présentait comme un agent de la CIA, était allé en juin 2016 à Moscou demander le soutien russe [11]. Il y est d’ailleurs retourné les 27 et 28 novembre 2016 pour une visite de 48 h.

Dès le mercredi 14 septembre le président de la compagnie pétrolière nationale en Libye (NOC) déclarait la reprise immédiate des exportations et annonçait un triplement des exportations de pétrole avant la fin 2016.

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Vers une prise de pouvoir en Libye du général Khalifa Haftar ?

Le ralliement de Misrata ?

Allié à la milice de Zintan qui contrôle les terminaux de la région de Tripoli, le général Khalifa Haftar, est en mesure de dicter sa loi. D’autant plus que les forces misraties, seules à même de s’opposer à lui, ont été affaiblies par la bataille de Syrte et ne sont pas en mesure de se relancer immédiatement dans une autre bataille. Pour convaincre les Misratis et l’Italie, qui a une influence importante dans cette ville, d’accepter cette mainmise sur le croissant pétrolier, Khalifa Haftar est aujourd’hui en mesure de couper (avec l’aide des Zintan, ses alliés dans l’ouest du pays), l’approvisionnement du gazoduc Greenstream transportant le gaz de l’ENI vers l’Italie [12].

Cette victoire conduit à une quasi défection de Misrata qui constituait jusqu’à présent le noyau dur de la coalition Al Fajr Libya contrôlant l’ouest de la Libye et qui soutenait le Président du Conseil présidentiel [13], présidé par Fayed el Sarraj [14].

En effet, selon Maghreb confidentiel [15]: « c’est à l’initiative du président du conseil municipal de Misrata, Mohamed Miftah Eshtawi que des brigades misraties ont pris le contrôle, le 10 décembre, d’un dépôt d’armes situé à Tamina, dans la banlieue sud de la ville, saisissant une grande quantité de munitions destinée aux derniers combattants islamistes (y compris certains Misratis) qui affrontent les hommes de Khalifa Haftar à Benghazi. Parallèlement, Mohamed Miftah Eshtawi a ordonné, le même jour, la fin de toute expédition d’aide par voie maritime en direction de Benghazi. Cette décision cible directement les adversaires de Haftar, dont l’essentiel du ravitaillement transite par un petit port situé à Ganfouda, dernier quartier sous leur contrôle ».

Si les informations de Maghreb confidentiel sont fondées, la signification et les conséquences de cet événement sont considérables. Cela signifie premièrement que le Président du conseil Fayed el Sarraj perd ses deux principaux soutiens qui étaient Abderrahmane Souihli, et son neveu Ahmed Myitig, vice-président du Conseil de la présidence du gouvernement, originaires tous deux de Misrata. Ahmed Myitig, est un homme d’affaires né en 1972 à Misrata et était soutenu ouvertement par Rome [16]. Par ailleurs, le camp de Tamina appartenait à Anwar Sawan, jusque-là principal armurier des milices misraties et parent de Mohamed Sawan [17], dirigeant des Frères musulmans libyens. Cette action sur le dépôt de Tamina consacre donc également une perte d’influence des Frères Musulmans à Misrata.

Les perspectives en 2017

Comme le constatait le Secrétaire général de l’ONU dans son rapport du 1er décembre 2016 sur la Mission d’appui des Nations Unies en Libye, la situation politique est toujours bloquée. Le Conseil de la Présidence est incapable de mettre en application l’Accord politique libyen conclu en décembre 2015. La capitale Tripoli est toujours sous le contrôle d’une mosaïque de groupes armés. Les institutions parallèles sont restées en place. Le « Gouvernement intérimaire » basé à Beïda a refusé de reconnaître le Conseil de la présidence et continue d’exercer son autorité dans l’est du pays, encourageant ainsi le fonctionnement des institutions parallèles, y compris d’une succursale de la Central Bank of Libya à Benghazi.

Face à cette situation, soutenu par l’Egypte, la Russie et la Chine, c’est clairement le Général Haftar qui tient dans ses mains l’avenir du pays à condition qu’il parvienne, ce qui est probable, à s’entendre avec Misrata.
Deux options s’offrent alors à lui.
Soit il peut négocier un accord avec Abdelhakim Belhadj l’homme fort de Tripoli et le chef de guerre le plus expérimenté du pays ainsi qu’avec Mohamed Sawan, le chef des Frères Musulmans qui est affaibli notamment parce qu’il a subi une défaite aux élections législatives de 2014 et a perdu son soutien à Rome avec la démission de Matteo Renzi. Si ces conditions sont remplies, la Libye peut entrer sans conflit dans une phase de consolidation qui restera néanmoins fragile.
Soit il ne le veut pas ou ne peut pas s’entendre avec Abdelhakim Belhadj, alors avec l’appui des milices de Misrata et de Zantan, il est en mesure d’organiser un coup de force pour se rendre maître de Tripoli, imposant la réconciliation nationale par la force et sous sa seule autorité.


Général (2S) Jean-Bernard PINATEL

[1] Lire ma précédente analyse : Les conditions politiques d’une intervention militaire directe en Libye ne sont pas réunies

[2] Une intervention humanitaire italienne en Libye très politique

[3] Source intelligence on-line : Martin Kobler, représentant de l’ONU, s’exprimant à huis clos devant le Comité politique et de sécurité de l’Union européenne, a vivement critiqué l’offensive.

[4] L’importance de la Libye pour l’Etat Islamique (Daech) ressort aussi de la nomination par Abou Bakr al-Baghdadi et de 8 de ses proches collaborateurs à la tête de Daesh en Libye, notamment Wissam Al Zubaidi (alias Abou Nabil Al Anbari), Turki Moubarak Al Binali (alias Abou Sufian) et Abou Habib al-Jazrawi. En septembre 2014, la déclaration d’allégeance à Daesh s’est déroulée en présence d’émissaires d’Al-Bahgdadi. Abu al-Bara al-Azdi, un yéménite, et Al-Jazrawi, un saoudien, se sont rendus à Derna pour l’occasion. Al-Baghdadi a en outre envoyé en Libye, en 2015, le prédicateur bahreïnien Turki Al-Binali, membre du conseil religieux de Daesh.

[5] (environ 800 qui avaient formé la Brigade Al-Battar).

[6] Tripolitaine (avec Tripoli et Syrte), la Wilaya Barqa (Cyrénaïque, avec Derna et Benghazi) et la Wilaya du Fezzan (sud).

[7] Libye : l’EI attaque des installations pétrolières

[8] http://www.elwatan.com/archives/article.php?id_sans_version=320915

[9] Est un commandant de la révolution libyenne chef de la milice de Ajdabiya dans l’est de la Libye .

[10] Le gouvernement d’union nationale, ainsi que les six pays de la communauté internationale (États-Unis, Grande-Bretagne, Allemagne, Espagne, Italie et France) qui exigeaient un retrait immédiat des forces de Haftar, se trouvent devant l’obligation de composer avec cette nouvelle donne. Ils n’avaient, d’ailleurs, pas le choix puisque l’Égypte, associée à la Russie et à la Chine, s’était opposée à une quelconque condamnation, par le Conseil de sécurité de l’ONU, à l’action de force entreprise la semaine dernière par le général Haftar.

[11] Etait déjà à Moscou en juin 2016 ; il y avait rencontré le ministre de la Défense Serguei Shoigu, et le secrétaire du Conseil de sécurité nationale Nikolaï Patrouchev.

[12] Maghreb confidentiel n°1215 du15/09/2016.

[13] Le Conseil présidentiel, est une institution exécutive créée en Libye par un accord politique signé sous l’égide de l’ONU le 17 décembre 2015 Ce conseil Présidentiel composé de neuf personnalités, dont un président et trois vice-présidents issus chacun de l’une des trois régions du pays, la Tripolitaine, la Cyrénaïque et le Fezzan. Son Président est Fayez el-Sarraj. Premier vice-président : Ahmed Miitig. Membres : Fathi al-Mijabri ;Ali Faraj Qatrani ; Abdoulsalam Kajman ;Omar al-Aswad ; Moussa Balkani ; Mohammed al-Mimari ; Ahmad Hamza al-Mahdi.

[14] Il prend ses fonctions à Tunis le 12 mars suivant à la tête d’un gouvernement installé sans vote de confiance, mais qui est soutenu par la France, les États-Unis, l’Allemagne, l’Italie et le Royaume-Uni.Le nouvel exécutif, qui justifie sa légitimité par une pétition signée par la majorité des membres de la Chambre des représentants, s’installe à Tripoli le 30 mars. Le lendemain, dix villes de l’Ouest du pays, dont Sabratha, Zaouïa et Zouara annoncent leur soutien au gouvernement d’union nationale. Enfin, le 5 avril, le gouvernement de Tripoli lui cède également le pouvoir.

[15] Maghreb confidentiel n°1228 du 15/12/2016 « La détente entre Misrata et Khalifa Haftar s’est également jouée dans le Fezzan, avec la prise de la base aérienne militaire de Barak Shati (à 60 km au nord de Sebha) par les hommes de Haftar. Arrivé le 12 décembre pour reprendre les clefs de la base, le colonel Mohamed Ben Nayel n’a pas eu à combattre : il a longuement négocié l’évacuation de la 3e Force, à dominante misratie, qui occupait les lieux jusque-là. Cette politique de bon voisinage envers le général de l’Est a été précédée par plusieurs mois de pourparlers, parrainés par des personnalités telles que l’ex-chef du conseil militaire de Misrata, Salem Jouha ou le chef du Conseil des notables de Misrata, M’hamed Abdallah Abdelali ».

[16] Le ministre italien des affaires étrangères, Paolo Gentiloni, avait annoncé, le 12 septembre, l’installation, à Misrata, d’un hôpital de campagne protégé par 200 parachutistes pour soigner les blessés de Syrte.

[17] Il a passé huit années dans les geôles de Kadhafi avant d’être libéré en 2006.


Les conséquences géopolitiques de la chute imminente d’Alep et de la vente de 19,5% d’ actions de Rosneft au Qatar

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La Bataille d’Alep marque un tournant décisif dans le conflit syrien. Le maintien au pouvoir de Bachar el-Assad n’est plus un préalable à la fin du conflit. Les Russes ont désormais toutes les cartes en main pour imposer leur solution. Cette victoire des forces syriennes appuyées par la Russie contre les islamistes radicaux va avoir des conséquences géopolitiques considérables pour le Moyen-Orient et pour l’Europe. Le premier effet concret s’est traduit hier, 10 décembre 2016, par la vente de 19,5% des actions de Rosneft au Qatar.

La Turquie avait anticipé cette victoire. Erdogan, dès le 9 août, était allé à Canossa, pardon à Saint-Pétersbourg, après avoir exprimé ses « regrets » à Vladimir Poutine fin de juin concernant le sukkoi 24 abattu par son aviation. Poutine lui a rendu la politesse le 10 octobre en se rendant à Istanbul où les deux chefs d’Etat ont réaffirmé leur engagement à mener à bien le projet de gazoduc russo-turc TurkStream, qui doit acheminer le gaz russe vers l’Europe en passant par la mer Noire, ainsi qu’à la construction par la Russie de la première centrale nucléaire turque.
De leur côté, confrontés à l’efficacité de l’intervention militaire russe de septembre 2015 qui contrastait avec les atermoiements d’Obama en Syrie et le peu d’efficacité de son action de soutien militaire à l’Irak, les dirigeants qataris comprenaient que leur stratégie de soutien aux Frères musulmans et aux wahhabites en Syrie allait les conduire à leur perte. Et que dorénavant, pour vendre leur gaz à l’Europe, il faudrait trouver un accord avec la Russie car c’est elle qui a les cartes en main pour autoriser ou interdire la construction d’un gazoduc terrestre pour acheminer son gaz vers les pays de l’Union européenne. [1]
Après une première visite de l’émir Tamim bin Hamad Al Thani à Moscou en janvier 2016, ce rapprochement s’est traduit, le 6 septembre, par la signature d’un accord militaire entre les deux pays, au cours d’une visite du ministre qatari de la Défense, Khalid bin Mohammad Al Attiyah, à l’occasion du Forum international militaire et technique « ARMÉE-2016″, à Moscou. « Nous avons signé un accord de coopération militaire avec la Russie, mais il ne comprend pas l’achat d’armes », a ainsi indiqué Saoud Bin Abdallah al-Mahmoud, l’ambassadeur du Qatar à Moscou. Toutefois, s’agissant d’éventuels contrats d’armement, rien n’est fermé du côté de Doha, le diplomate ayant assuré que son gouvernement examinerait cette « possibilité » [2].

Mais l’acte majeur de ce rapprochement à la portée géopolitique considérable s’est traduit hier, samedi 10 décembre 2016, par la conclusion d’un accord de vente de 19,5% des actions de Rosneft à la « Qatar Investment Authority (QIA) » Cette vente s’est faite au prix de 11,37 milliards de dollars qui rentrent dans les caisses de l’Etat Russe qui en avait bien besoin. Le Qatar est désormais le second actionnaire de Rosneft après l’État russe.
Pour comprendre la signification géopolitique exceptionnelle de cet accord, un rappel historique et économique s’impose.
Trois pays – la Russie, l’Iran et le Qatar – possèdent 50% des réserves mondiales de gaz naturel [3]. Les trois sont désormais alliés économiquement et stratégiquement, ce qui marque l’échec de la stratégie de l’Union européenne de diversification de ses sources d’approvisionnement de gaz naturel inspirée et voulue par les Etats-Unis et l’OTAN. En effet, la Russie est déjà le premier fournisseur de l’Union européenne avec 40 % des importations, qui représentent 20 % de la consommation totale de gaz de l’Union européenne. Compte tenu de la hausse de la consommation dans l’Union européenne et de l’épuisement du gisement gazier en Mer du Nord, cette dépendance énergétique de l’UE vis-à-vis de la Russie devrait fortement s’accroître dans les prochaines années. La Commission européenne estimait en effet que, d’ici 2040, 70 % des besoins énergétiques de l’UE devraient être assurés par les importations, contre 50 % aujourd’hui. Cette dépendance était inacceptable pour les stratèges américains pour lesquels la création d’une Eurasie annoncerait la fin de leur suprématie mondiale et l’arrivée d’un troisième grand acteur sur la scène mondiale qui perturberait leur tête à tête d’adversaire-partenaire avec la Chine.
Pour les stratèges américains et les atlantistes européens, le Qatar avec 24300 milliards de m3 de réserves prouvées qui lui assurent 154 ans de production au rythme actuel, était la solution. A condition toutefois de construire un gazoduc, car la liquéfaction et le transport en bateau via le détroit d’Ormuz et le canal de Suez rendaient le gaz qatari non concurrentiel avec le gaz russe. Selon des informations du journal libanais Al-Akhbar publiées en 2012, les Qataris avaient établi un plan, approuvé par l’administration Obama et l’UE visant à construire un gazoduc vers l’Europe via la Syrie. Ce gazoduc terrestre aurait traversé l’Arabie Saoudite, puis la Jordanie, en évitant l’Irak pour arriver à Homs en Syrie, d’où il aurait bifurqué dans trois directions : Lattaquié sur la côte syrienne, Tripoli au nord du Liban, et une troisième branche via la Turquie vers l’Europe. Mais Bachar El Assad refusait d’autoriser ce transit.

Désormais, les cartes sont redistribuées et rien ne s’oppose plus à ce que le gaz qataris rejoigne en Turquie le gazoduc TurkStream et vienne alimenter les besoins énergétiques de l’Union européenne. Dans un proche avenir parions que les européens vont lever leurs sanctions économiques contre la Russie.
Il aura fallu une guerre de 5 ans, des centaines de milliers de morts en Syrie, des attentats terroristes en Europe pour que s’impose par la force ce qui aurait dû se décider par la raison. Car tant dans la lutte contre l’Islam radical que sur le plan économique l’alliance russe est vitale pour que la voix de l’Europe existe à nouveau sur la scène internationale.

Général (2S) Jean-Bernard PINATEL

[1] Pour certains auteurs ce projet de gazoduc et le refus d’Assad de le laisser traverser la Syrie aurait été un des facteurs déterminants de la guerre en Syrie traversant l’Arabie Saoudite, puis la Jordanie, en évitant l’Irak pour arriver à Homs en Syrie, d’où il aurait bifurqué dans trois directions : Lattaquié sur la côte syrienne, Tripoli au nord du Liban, et une troisième branche via la Turquie vers l’Europe.

[2] En savoir plus sur : Zone Militaire.


Situation politique et militaire en Irak РD̩but d̩cembre 2016

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Situation politique

La situation politique en Irak a été marquée en novembre par le vote des députés shiites, alliés aux kurdes, qui, le 26, passant outre l’opposition des députés sunnites ont adopté à une majorité proche des deux tiers une loi de « Mobilisation Populaire » officialisant les milices shiites et leur donnant un pouvoir et une immunité quasi absolue. Ces milices shiites dont les effectifs s’élèvent à environ 140 000 hommes sont mieux équipées et entrainées que l’Armée irakienne. Ce vote marque la fin de l’unité nationale fondée sur le respect des intérêts des différentes communautés, symbolisée et garantie par l’Armée Irakienne. On se dirige ainsi en Irak vers le modèle iranien où les « Pasdarans iraniens » ont pour principale mission de protéger le système politique. Les milices seront, comme en Iran, directement rattachées au Premier Ministre Haider al-Abadi.

En pleine guerre pour la reconquête de Mossoul, les députés shiites ont ainsi enterré le processus de réconciliation nationale et l’espoir d’un Etat irakien respectant ses diverses composantes ethniques et religieuses. Alors que le Kurdistan possède ses Peshmergas, seuls les sunnites n’ont pas de milice et seront désormais encore plus marginalisés en Irak, coupables d’avoir accueillis l’Etat islamique. Malheureusement cette loi va avoir un impact sur le terrain et ne va pas favoriser l’unité nécessaire entre les différentes forces irakiennes pour reprendre Mossoul. En effet, elle n’est pas de nature à motiver l’armée irakienne qui, de part cette nouvelle loi, est condamnée à être , comme en Iran, une force de gardes-frontières, sous-équipée, moins payée et moins considérée que les unités des « gardiens de la révolution ».

Situation militaire

Mossoul

Six semaines après le début de l’offensive, la 16ème division et les forces spéciales irakiennes, qui ont pris pied dans les faubourgs Est de Mossoul, font face à une résistance acharnée. D’après un colonel de cette division, les combats à l’intérieur de la ville de Mossoul sont un cauchemar pour les soldats irakiens qui font face sans répit à des attaques suicides surprises et à des tirs de snipers. Pour se déplacer à Mossoul, les combattants de Daech utilisent un réseau de longs tunnels souterrains qu’ils ont creusés depuis la prise de la ville en juin 2014.

Au Sud-Est de Mossoul, la 9ème division a repris, après de violents combats, le site archéologique de Nemroud qui se trouve à une dizaine de km au Nord du confluent du Tigre et du grand Zag et progresse difficilement vers les faubourgs Sud-Est de Mossoul.

Au Sud de Mossoul, la 15ème division est en vue des hauteurs du Monastère de Saint Elie (Dair Mar Elia qui a été rasé par Daech) dont les ruines dominent l’autoroute n°1 qui conduit à l’aéroport de Mossoul.

A l’Ouest, les milices de l’Organisation Populaire se sont emparées de l’aéroport de Tall Afar le 23/11 et ont annoncé le 28/11 leur jonction avec les Peshmergas réalisant ainsi l’encerclement complet de Mossoul.
11-12-2017
Dans le gouvernorat d’Al Anbar, Daech contrôle toujours l’Ouest du gouvernorat et notamment les villes de Rawa, Ana et Kaïn.

Pour fixer les forces irakiennes et éviter que des prélèvements d’unités viennent renforcer les assaillants de Mossoul, Daech a lancé une grande campagne d’attentats dans 8 autres gouvernorats. On dénombre ainsi en novembre plus de 1000 morts victimes d’attentats parmi les forces de l’ordre et la population.

Le nombre de morts dans les gouvernorats touchés se répartit comme suit :
Nineveh : 436 ; Kirkuk 151 ; Salahuldein 150 ; Al Anbar 145 ; Babel 82 ; Bagdad 72 ; Diyala 20 ; Karbala 10.

Comme je l’ai toujours annoncé, la prise de Mossoul n’aura donc pas lieu en 2016, démentant une fois de plus les prévisions optimistes de Monsieur Le Drian.

Général (2S) Jean-Bernard PINATEL


« Je veux faire pour les Français »

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Discours à Sablé-sur-Sarthe 28 août 2016
(Seul le prononcé fait foi.)

Mes amis,
J’ai voulu vous regarder dans les yeux – chez moi – à Sablé – dans cette ville qui m’a fait confiance quand je n’avais pas 27 ans, pour vous dire: « Je suis candidat à la présidence de la République française ».
Je suis prêt !

En 2012 j’avais la conviction que je pouvais battre François Hollande. J’ai été loyal et discipliné.
Depuis la roue a tourné et me voici avec ma liberté et ma volonté de vaincre.
Les Parisiens que je sers depuis 4 ans ne m’en voudront pas d’avoir choisi cette ville de Sablé, ce département de la Sarthe où je suis né, où j’ai passé la plus grande partie de ma vie, où j’ai mes racines familiales partagées avec la Vendée et le Pays Basque, pour accomplir cet acte grave, mûrement réfléchi : briguer la présidence de la sixième puissance du monde en proie à une crise économique, sociale et culturelle profonde, menacée dans sa chair par les totalitaires islamiques, déboussolée par un quinquennat désastreux d’inconséquence et de mensonges.
Aucun être normal ne peut prendre cette décision à la légère, pour satisfaire sa seule ambition.
Pour moi c’est le résultat d’un long cheminement qui débute ici à Sablé.
Je n’ai jamais rêvé d’être Président de la République.
Je ne suis pas un surhomme, je suis un homme sûr de ses convictions.
Un concours de circonstances, le destin, m’a conduit à diriger cette ville puis à représenter les Sarthois à l’Assemblée nationale. J’ai ressenti une immense fierté pour cette confiance accordée au jeune inconnu que j’étais et j’ai simplement cherché à m’en montrer digne.
Y suis-je arrivé ?
J’ai poursuivi le développement de Sablé avec la conviction que la clé du bonheur réside dans la liberté et dans la dignité qu’offre le travail. J’ai ouvert ma porte à tous ceux qui avaient besoin de moi. J’ai cherché à rassembler sans jamais m’enfermer dans les logiques partisanes et sectaires. « Au service de tous » était le slogan de ma première campagne législative en 1981. Ce n’était pas qu’un slogan mais une conviction profonde acquise auprès de mes parents, gaullistes sociaux, engagés à Emmaüs et dans la vie de leur communauté rurale. A l’école de mon village auprès d’un maître exemplaire totalement dévoué à sa mission éducative. Chez les scouts de France, magnifique école de la vie.
Je suis profondément enraciné dans cette terre de France que j’aime plus que tout.
A l’école, j’ai appris que la France était grande, que son Histoire était millénaire. Qu’elle était la plus vieille nation européenne.
C’est là, la première raison de ma candidature.
Je vois, depuis des années, nos dirigeants ignorer l’Histoire de France ou n’en retenir que les évènements qui renforcent leurs convictions partisanes.

Non, la France n’est pas née en 1789 et elle n’est pas passée de l’ombre à la lumière en 1981 !
Non, la France n’est pas coupable d’avoir voulu faire partager sa culture aux peuples d’Afrique, d’Asie et d’Amérique du nord.
Non, la France n’a pas inventé l’esclavage.
La France c’est 15 siècles d’Histoire depuis le baptême de Clovis à Reims.
La France c’est Saint Louis, Louis XI, Louis XIV, les révolutionnaires de 1789, Bonaparte, Napoléon III, la Troisième République, Gambetta, Thiers, Jules Ferry, Clémenceau, Jaurès, Poincaré, De Gaulle, Pompidou, Giscard, Mitterrand, Chirac.

La France, c’est la fille ainée de l’Eglise et le pays des philosophes des Lumières.
La France c’est une langue magnifique qui mérite d’être défendue.
La France c’est une culture qui a marqué l’Histoire de l’humanité.
Etre français, c’est se sentir chez soi dans une épopée où tout s’enchaîne : le Moyen Age chrétien, la Renaissance humaniste, la monarchie absolue, la Révolution citoyenne, l’Empire triomphant, les Républiques progressistes…
La première condition du redressement national est dans le respect du passé, l’acceptation de l’Histoire, la reconnaissance des vrais héros qu’ont été les paysans français qui ont construit la puissance nationale, les scientifiques et les inventeurs qui lui ont donné les clés de son rayonnement international, la chrétienté qui a forgé sa conscience, les philosophes des lumières qui en ont fait l’avant-poste du combat pour les libertés individuelles, les soldats de l’An II qui l’ont défendu contre ses ennemis, les poilus de Verdun, les Français libres et ceux de la Résistance, les ingénieurs et les ouvriers qui ont permis Concorde, Airbus, le TGV, Ariane, le nucléaire et la renaissance des années soixante.
Nous sommes uniques !

Pourquoi devrions-nous nous en excuser ?
Pourquoi les enfants chinois apprennent-ils par cœur la liste des dynasties qui ont régné sur leur pays durant trois mille ans et expriment-ils leur fierté d’appartenir à une grande civilisation quand les jeunes Français ignorent des pans de leur Histoire ou pire encore apprennent à en avoir honte ?
Le 15 août j’ai célébré l’Assomption à l’abbaye de Solesmes voisine.
Depuis plus de mille ans, des moines y observent la règle de Saint Benoît.
Mille ans d’Histoire !

Comment ne pas ressentir la force, la puissance, la profondeur de ce passé qui nous a forgés et qui nous donne les clés de notre avenir.

Renouer les fils de l’Histoire ! Retrouver nos racines pour comprendre notre passé et nous projeter dans l’avenir. Le monde a besoin de notre témoignage, de notre expérience accumulée au long des siècles pour trouver une voie entre la violence sauvage et la dictature de l’argent.
Nous avons besoin d’être fier de notre pays pour franchir les obstacles que dressent devant nous un nouveau monde prêt à nous faire sortir de l’Histoire.
Nous avons besoin d’être fiers de la France pour défendre son unité.
Cette unité n’est jamais allée de soi.
Les rois de France, la République, l’Etat moderne ont bataillé pour l’imposer aux féodaux, aux adversaires de la révolution, aux églises, aux financiers sans patrie.
Ce combat doit être sans cesse recommencé.

Les provocations des salafistes et des Frères musulmans n’ont pas d’autres objectifs que de détruire cette unité nationale sans laquelle la France n’existe pas, ne compte pas.
C’est donc une question vitale pour notre nation.
Je veux imposer aux musulmans de France les règles communes qu’ont acceptées, souvent après de longs combats, les chrétiens et les juifs.
Ce n’est pas une option. C’est une condition non négociable.
C’est la condition de leur acceptation au sein de la communauté nationale.
C’est aussi la clé de la paix dans le monde.
Au printemps je me suis rendu en Iran.
J’ai dit à l’ancien président de la République islamique, l’ayatollah Rafsandjani, qui contestait la présence des juifs en Palestine : « S’il n’y avait plus de chrétiens et de juifs au Proche Orient parce qu’ils en auraient été chassés, croyez-vous que les peuples européens tolèreraient encore des musulmans sur leur continent ? ». Si nous n’enrayons pas maintenant ce scénario infernal, c’est bien une troisième guerre mondiale qui va embraser le monde.
Cette situation dramatique exige du courage, de la fermeté mais aussi du calme et de la force de caractère pour ne pas céder à toutes les provocations.
Ce n’est pas en proposant après chaque attentat le vote de nouvelles lois pour remplacer celles qu’on n’applique pas que l’on assurera la sécurité des Français.
Ce n’est pas en se précipitant à la messe du 15 août après avoir convoqué les photographes ou en courant au Vatican pour tenter de regagner quelques voix chez les catholiques après les avoir provoqués, maltraités et même parfois réprimés que l’on se montre à la hauteur de ce rendez-vous de l’Histoire.
La politique ne peut pas se résumer à la ruse, elle doit exprimer des convictions et être empreinte de sincérité.

On ne peut pas faire référence en permanence aux racines chrétiennes de la France pour justifier des comportements et des actes qui sont des insultes à l’esprit de ses racines.
Si tous ceux qui brandissent désormais le drapeau du Christ pour justifier leur combat politique fréquentaient les églises, alors elles seraient pleines !
Depuis le début de la vague de violence à laquelle nous sommes confrontés je n’ai pas varié. Je dis aux Français la vérité sans fard et sans arrières pensées.
En juillet 2012, j’ai appelé François Hollande à se rapprocher de la Russie pour trouver une issue à la guerre civile en Syrie. J’ai prévenu que la stratégie occidentale à laquelle la France s’est rangée conduirait au désastre. Nous y sommes.

J’ai réclamé la réorganisation de nos services de renseignement, l’application stricte du code pénal qui permet de condamner jusqu’à trente ans de prison tous les Français qui entretiennent des relations avec l’ennemi, c’est à dire l’Etat islamique, l’aggravation des peines pour consultation des sites internet djihadistes, la création d’une véritable armée pour combattre sur le théâtre numérique.

J’ai proposé que le parlement vote chaque année des quotas stricts d’immigration en fonction de nos besoins et de nos capacités d’accueil. Que ces quotas s’appliquent au regroupement familial, que cela plaise ou non à la Cour Européenne des Droits de L’Homme dont j’exige la réforme pour préserver nos choix de société qui ne peuvent dépendre que du peuple français.
J’ai proposé que l’acquisition de la nationalité française ne soit plus automatique pour les enfants d’étrangers nés sur notre sol mais qu’elle dépende d’une démarche volontaire et de critères d’assimilation.

J’ai réclamé le strict contrôle administratif du culte musulman tant que son intégration dans la République ne sera pas achevée.
Je veux la dissolution immédiate de tous les mouvements qui se réclament du « Salafisme », du « Wahhabisme » ou des Frères musulmans et la clarification de nos relations avec l’Arabie saoudite et le Qatar qui abritent les penseurs de l’Islam radical et les sinistres promoteurs du « burkini ». A ce propos, comment croire à la sincérité de ceux qui nous promettent des mesures énergiques contre l’intégrisme mais qui ne remettent pas en cause leurs relations étroites avec des régimes qui en sont plus que les complices ?

Moi je ne parle pas de lutte contre les communautarismes pour ne pas nommer le problème que nous avons avec l’Islam. Les catholiques, les protestants, les juifs, les bouddhistes, les sikhs, ne menacent pas l’unité nationale. Cessons donc de faire croire qu’il faut durcir les règles de la laïcité au prix d’atteintes inacceptables à la liberté religieuse alors que seule la poussée intégriste qui enflamme le monde musulman est une menace pour notre société.

J’aurais pu comme tant d’autres me précipiter pour soutenir la réforme constitutionnelle sur la déchéance de nationalité voulue par François Hollande. Je l’ai, au contraire, combattue parce qu’il s’agissait d’une ruse, d’un artifice inutile qui affaiblissait notre Constitution et évitait de prendre les vraies décisions qu’impose la situation grave à laquelle nous sommes confrontés, des décisions qui n’ont toujours pas été prises.

Je ne perds pas mes nerfs. Je ne participe pas au concours Lépine des solutions les plus stupides et les plus imbéciles, censées lutter contre le terrorisme. Non, enfermer des dizaines de milliers de suspects sans contrôle et sans jugement ne réduira pas le risque d’attentat mais l’aggravera. Non, l’Etat de droit n’est pas un obstacle à la lutte contre le terrorisme, c’est au contraire la meilleure arme contre les totalitaires qui en veulent à nos libertés.

La menace terroriste appelle une réponse puissante mais elle ne nous dispense pas de moderniser la France pour donner aux Français, à la jeunesse, la fierté d’être patriote. L’élection présidentielle ne peut pas se réduire aux enjeux sécuritaires pour mieux oublier les 6 millions de chômeurs et les 2000 milliards de dettes.
Je suis candidat à l’élection présidentielle parce que je ne veux pas que mon pays soit livré aux démagogues qui ne peuvent que le conduire au désastre.

Je n’ai qu’un modèle en politique : celui du Général de Gaulle.
C’est son image, son charisme, son autorité, son incarnation de l’Etat, son bon sens qui m’ont séduit adolescent.
Je suis gaulliste !
La belle affaire me direz-vous : tout le monde est gaulliste aujourd’hui !
Encore faut-il s’entendre sur ce que cela signifie : être gaulliste c’est d’abord avoir une haute idée de la politique et de la France.
Avoir une haute idée de la politique signifie que ceux qui briguent la confiance des Français doivent en être dignes. Ceux qui ne respectent pas les lois de la République ne devraient pas pouvoir se présenter devant les électeurs. Il ne sert à rien de parler d’autorité quand on n’est pas soi-même irréprochable. Qui imagine le général de Gaulle mis en examen ?
Etre gaulliste, c’est une conception de l’exercice du pouvoir et singulièrement de la fonction présidentielle.
Notre Constitution ne fait pas du Président de la République un PDG et encore moins un sultan turc.

Le Président de la République ne devrait pas être un Président de faits divers, prenant la parole à tort et à travers, usurpant la direction du gouvernement, multipliant les petites promesses démagogiques et occupant les rubriques mondaines.
Depuis déjà un moment, les présidents de la République n’hésitent pas à violer l’esprit de la Constitution en rognant les attributions du gouvernement.
Eh bien je veux que cela change !

Je suis candidat à la présidence de la République pour lui rendre sa dignité.
Le Président doit être au-dessus des débats quotidiens.
Il doit veiller à la sécurité et à la tranquillité des Français, au bon fonctionnement des institutions.
Il doit fixer le cap et les orientations et rendre au Premier ministre et au gouvernement la plénitude des fonctions que la Constitution leur a confiées.
Oui j’exercerai la fonction présidentielle comme de Gaulle voulait qu’elle le soit. Avec dignité, avec grandeur mais aussi avec rigueur.

Une nouvelle éthique républicaine est nécessaire pour rendre aux détenteurs de l’autorité l’exemplarité sans laquelle le pouvoir n’est pas légitime.
Un gouvernement de 15 ministres choisis en fonction de leur seule compétence et de leur exemplarité, ouvert à la société civile. Zéro privilège ou passe-droit : plus de cortèges, de cabinets ministériels pléthoriques, de fonctions gouvernementales inutiles ou de complaisance. Les ministères seront regroupés dans des bâtiments modernes et fonctionnels.

Le statut de la fonction publique sera passé à la paille de fer pour en gommer tous les avantages injustifiés : les mises en disponibilité sans justification, les réintégrations dans leur corps d’origine des fonctionnaires ayant commis des fautes. Les agents publics élus parlementaires devront démissionner de la Fonction publique. Je soumettrai au référendum l’inscription dans notre Constitution du principe de l’égalité des régimes sociaux.
Une caste dirigeante arrogante et inefficace s’est reconstituée dans notre pays sous le couvert de valeurs républicaines dévoyées. Ses privilèges doivent être abolis et son action strictement évaluée.

Le Président de la République doit incarner la France.

La France, elle coule dans mes veines. Je suis pétri de l’identité vendéenne dont mon grand-père qui combattit au Chemin des Dames était si fier. J’admire la force de caractère des Basques dont la culture a résisté à toutes les invasions et à tous les pouvoirs. L’Anjou et le Maine ont façonné ma manière de penser et d’être, entre l’incomparable lumière de la Loire et la simplicité des bords de Sarthe.
Mes ancêtres étaient paysans, artisans aussi loin qu’on puisse remonter dans le temps.

La France n’est pareille à aucune autre Nation.
Son Histoire, les conditions de son unification, la profondeur de sa culture, sa géographie, les épreuves qu’elle a traversées en ont fait une Nation unique.
Notre alignement sur la politique étrangère américaine, notre effacement de la scène internationale, notre soumission au processus délétère de décision européen, générateur de petits compromis médiocres, ne sont pas compatibles avec les aspirations des Français et avec la place que la France occupe encore dans le cœur de nombreux peuples à travers le monde.

Nous devons reprendre le contrôle de notre destin :
En faisant de l’euro une véritable monnaie internationale qui offre une alternative au dollar devenu l’instrument d’une nouvelle forme d’impérialisme des Etats-Unis.
En nous dotant d’une politique de défense capable de nous protéger contre le totalitarisme islamique.
En rétablissant des frontières européennes sans lesquelles nous perdront notre identité et notre indépendance.
En investissant massivement dans la connaissance, dans la formation, dans la technologie au service du développement humain.

Pour atteindre ces objectifs la France doit montrer l’exemple en assainissant ses finances publiques mais aussi en défendant ses intérêts et ses convictions, même lorsque cela doit conduire à s’opposer à Washington, à Berlin ou à des institutions européennes lorsqu’elles mettent en cause des intérêts vitaux de notre pays ou les choix de société du peuple français.

C’est être profondément européen que de refuser d’assister impuissant à l’effondrement du rêve d’unification du continent justifié par les soixante millions de morts de la Seconde Guerre mondiale.

Durant cinq ans j’ai servi la France en dirigeant son gouvernement.
Je l’ai fait dans un contexte de crise financière internationale sans précédent depuis quarante ans et sous l’autorité d’un Président de la République qui a cru devoir tirer du quinquennat des conséquences sur le fonctionnement des institutions qui ne se sont pas avérées judicieuses.

J’ai fait mon devoir avec loyauté et avec le soutien constant de la majorité.
J’assume les décisions qui ont été prises pendant ces cinq ans.
Je m’honore d’avoir conduit une action qui a permis d’éviter la banqueroute de nos institutions financières.
Mais je suis lucide sur les insuffisances des politiques que nous avons menées durant cette période.

En quittant mes fonctions après la défaite aux élections présidentielles et après l’épisode scandaleux des élections truquées à l’UMP, j’ai entrepris un tour de France pour m’expliquer, pour entendre les Français et pour construire avec eux un projet capable de répondre au défi du redressement national.
Durant trois ans j’ai sillonné notre pays dans tous les sens.
Je suis allé à la rencontre des agriculteurs, des médecins, des infirmières, des travailleurs sociaux, des artisans, des commerçants, des policiers et des gendarmes, des maires, des entrepreneurs, des enseignants. Tous m’ont dit à leur manière la même chose : Que l’Etat arrête de nous emmerder ! Laissez-nous travailler ! Faites-nous confiance ! Libérez-nous des normes inutiles, des charges exorbitantes, des impôts confiscatoires, des règlementations absurdes ! Libérez-nous du RSI, de l’URSSAF, des ARS, des diktats sans appels d’administrations qui ont oublié qu’elles n’existent que pour servir les Français et leur rendre la vie plus facile.

Il suffirait de si peu de choses pour que la France retrouve confiance en elle-même.
Il suffirait que le travail soit justement récompensé.
Il suffirait que les efforts soient justement répartis.
Il suffirait que le mérite l’emporte sur les corporatismes et les réseaux.
Il suffirait que la réussite redevienne une valeur.

C’est ce cri de désespoir d’une immense majorité de Français lassés de travailler pour ceux qui ne travaillent pas, lassés de voir tous leurs efforts engloutis dans le fonctionnement d’un système social qui n’est ni juste ni efficace, qui a guidé la rédaction du programme que je propose aux Français.
Les Français n’aiment pas la liberté disent mes concurrents.
Pourtant ils ont fait la révolution pour elle !
La liberté n’est pas sociale répètent sans réfléchir depuis des décennies les socialistes. « Ce qui est social » disait Tony Blair « c’est ce qui crée de l’emploi». Il avait raison. Et avec ce raisonnement la Grande-Bretagne est passée devant nous en devenant la 5° puissance économique du monde avec un taux de chômage de 5%.
Qu’à cela ne tienne, nos « experts en tout » nous diront que c’est au prix de la précarité. Mais nous, nous avons la précarité mais pas les emplois ! Nous, nos jeunes se précipitent à Londres pour y réussir ce que notre bureaucratie refuse de les laisser faire !

Oui mon programme est social parce qu’il veut rendre à chaque Français la dignité que seul peut offrir le travail.
Oui mon programme est social parce que seule la liberté permet l’innovation et sans innovation une société est condamnée. On ne crée pas sous la contrainte. C’est vrai pour les artistes comme pour les innovateurs.
Sans liberté il y aura toujours plus de pauvres et toujours plus d’injustice sociale.
On me dit qu’on ne gagne pas avec un programme. Que le mien est le meilleur mais que cela ne fera pas la différence. Et si les Français faisaient mentir ces prédictions faites par ceux qui profitent si bien du système, par ceux qui n’ont le plus le courage de le changer, par ceux dont le cynisme nous a conduit à la décadence qui fait fuir chaque année des dizaines de milliers de jeunes Français privés d’avenir dans leur propre patrie ?

Il suffit pour cela de refuser les scénarios écrits d’avance, de sortir de chez soi le 20 novembre pour aller voter aux primaires de la droite et du centre, de convaincre ses amis qu’on peut changer les choses et retrouver l’espoir d’une vie meilleure dans une France ou le mot bonheur aurait retrouvé son sens.
J’entends souvent dire que je ne fais pas rêver en disant la vérité, en alertant sur la faillite qui nous menace, en appelant nos concitoyens à choisir l’effort pour assurer l’avenir.
Eh bien je ne suis pas là pour faire rêver car dans la vraie vie les rêves se réalisent rarement.

Les Français ne sont pas des enfants auxquels il faudrait raconter de belles histoires pour les endormir. C’est justement ces comportements qui sont à l’origine de notre déclin.
Je ne suis pas un bonimenteur, un opportuniste sans convictions, un interprète d’un scénario écrit par des instituts de sondages.
Je veux rompre avec cette politique de l’illusion et des promesses intenables.

Je veux « Faire ».
Je veux « Faire » pour les Français.
Je veux « Faire » pour libérer la France du carcan qui l’étouffe.
Je veux « Faire » pour protéger les Français contre toutes les violences.
Je veux « Faire » pour remettre la France sur le chemin du progrès.

Le rôle de l’élection présidentielle c’est bien de choisir dans quelle France nous voulons vivre et celle que nous voulons laisser à nos enfants.
Ma France c’est d’abord une nation fière qui ne se laisse pas imposer son destin.
Une réflexion sur le mot qui revient depuis quelques temps sans que l’on se hasarde à en comprendre le sens : l’identité.
Ce mot est déjà repris et débattu sans que chacun s’accorde à en donner un sens exact. Disons-le tout net : il ne suffit pas de sauter sur sa chaise et de crier identité ! identité ! comme un cabri pour définir ce qu’est la France. Disons-le aussi au risque de froisser mais je ne crois pas que le temps soit à l’interrogation sur cette question.
Imagine-t-on De Gaulle ou Churchill, face au totalitarisme menaçant, s’asseoir sur une chaise et se dire : voyons, voyons, quelle est l’identité de la France, quelle est l’identité de l’Angleterre ? C’est absurde. Il y a un temps pour l’agitation et il y a un temps pour l’action. Puisqu’il faut un mot pour définir ce que nous sommes: je préfère le beau mot de souveraineté. Car oui, face aux temps sombres, c’est cette souveraineté qu’il nous faut reconquérir. Dans le domaine économique, j’en ai souvent parlé car c’est la condition première d’une souveraineté pleine et entière et non de façade mais bien évidemment dans le domaine politique, dans celui des relations internationales, dans le domaine des idées aussi.

La France, celle du sacre de Reims comme celle de la Fête de la fédération s’est construite dans une lutte permanente pour sa souveraineté contre l’adversité et contre les empires. C’est là son identité. Il n’y a en a pas d’autres et vouloir poser en permanence cette question c’est soit vouloir entretenir un faux débat qui masque l’absence patente de solution permettant au pays de se redresser.

Ma France a vocation à être la première puissance européenne avant dix ans parce qu’elle en a tous les atouts et que son abaissement n’est lié qu’à la résignation de ses dirigeants et à l’égoïsme de tous ceux qui profitent d’un système qui avantage les rentiers et ceux qui ne prennent aucun risque.
Ma France doit offrir un emploi à tous ses enfants comme les principales puissances occidentales y sont parvenues.
Ma France doit investir massivement dans les sciences, l’innovation et la formation qui sont les clés de l’avenir.
Ma France doit défendre son identité parce que c’est la condition de son unité.
Ma France doit regarder avec confiance les progrès de la science et les bienfaits des nouvelles technologies à condition qu’ils soient compatibles avec la protection de notre environnement et avec les choix de société qui nous rassemblent.
Ma France doit protéger la famille et ses valeurs.
Ma France doit continuer à renforcer la défense des libertés individuelles, le respect de la personne humaine, le fonctionnement de la démocratie, pour elle-même et pour le monde.
Ma France doit avoir l’ambition d’être avec ses voisins européens un modèle de vertu, de prospérité et de tolérance.
Ma France doit être le fer de lance d’une civilisation européenne capable de faire la synthèse entre son Histoire millénaire et la modernité.

Pour atteindre ces objectifs, une condition est nécessaire : retrouver la fierté d’être français et la confiance dans notre patrie.
Cela passe par des transformations économiques et sociales mais aussi par un réarmement moral.
Je veux traquer toutes les démissions de la société française et d’abord celle de l’école.
J’entends beaucoup parler du rétablissement du service militaire. Pourquoi pas ! Mais avant de priver nos forces armées de leurs capacités opérationnelles, nous serions mieux inspirés de nous préoccuper de l’apprentissage du respect et de l’autorité à l’école primaire.
Ce n’est pas à 18 ans que l’on réparera tous les dégâts commis par l’absence d’éducation.
La compétence et le dévouement des enseignants n’est pas en cause. C’est la démission de l’Etat devant les syndicats, la dictature des «pédagogistes» et des réseaux de pouvoirs au sein de l’éducation nationale qui est responsable du désastre. Deux millions de jeunes Français ne sont ni à l ‘école, ni dans une formation, ni dans un emploi. Deux millions de jeunes Français sont dans la rue, exclus de notre société, condamnés pour une majorité d’entre eux à toucher le RSA toute leur vie. Et on refuse de remettre en cause notre système éducatif ! Et on refuse toutes les réformes les unes après les autres ! Mais c’est un crime contre notre jeunesse dont les responsables devront répondre.

Je veux une école primaire qui transmette les valeurs et les savoirs fondamentaux.
Je veux une école du respect et de l’autorité symbolisés par le port de l’uniforme.
Je propose de commencer la scolarité obligatoire à 5 ans au lieu de 6, pour donner une année de plus à l’apprentissage de la lecture.

Je mettrai fin dès la rentrée de 2017 aux enseignements de langues et de culture d’origine. Comment accepter que le gouvernement supprime des cours de latin ou des classes bilingues français/allemand pour lesquelles les enseignements sont donnés par des professeurs français et qu’il maintienne dans nos écoles primaires des cours de langues d’origine dont les enseignants sont choisis et payés par des pays étrangers ?

Je propose de revoir l’enseignement de l’Histoire à l’école primaire afin que les maîtres ne soient plus obligés d’apprendre aux enfants « à comprendre que le passé est source d’interrogations ». Faire douter de notre Histoire : cette instruction est honteuse !
Quand les thèses révisionnistes prolifèrent sur internet, à l’heure ou notre Nation est en quête de sens, qu’elle est menacée par des barbares, faut-il que l’école renonce à faire le récit de la Nation ?
Si je suis élu Président de la République, je demanderai à trois académiciens de s’entourer des meilleurs avis pour réécrire les programmes d’Histoire avec l’idée de les concevoir comme un récit national. Le récit national c’est une Histoire faite d’hommes et de femmes, de symboles, de lieux, de monuments, d’évènements qui trouve un sens et une signification dans l’édification progressive de la civilisation singulière de la France.
Je veux que l’alternance et l’apprentissage deviennent les voies principales de formation et d’accès à l’emploi.
Je veux que les familles soient placées devant leur responsabilité éducative et sanctionnées quand elles se montrent incapables de faire rentrer leurs enfants le soir à la maison et de les envoyer le matin à l’école.
Je veux la liberté pour les parents de choisir l’école de leurs enfants.
Je défendrai la liberté scolaire en permettant la création de nouvelles écoles privées à condition qu’elles respectent nos valeurs communes.

Le redressement national passe aussi par la famille dont le rôle est fondamental pour la cohésion sociale et pour la transmission des valeurs.
Je remettrai la famille au cœur de notre projet politique.
Je proposerai l’abrogation de la mise sous conditions de ressources des allocations familiales.
Je demanderai au Parlement de réécrire le droit de la filiation afin de protéger les droits de l’enfant.
Des administrations au service des citoyens, une école du respect et de l’autorité et du mérite, un gouvernement modeste, rigoureux, respectueux des engagements du Président de la République, une immigration strictement contrôlée et des extrémistes traqués sans pitié : c’est ainsi que notre Nation retrouvera confiance en elle-même pour aborder un siècle dont les bouleversements ne font que commencer.

Vous n’avez pas idée du monde qui se dessine !
La conjonction des progrès scientifiques et du développement du numérique sont en train de bousculer toutes les sociétés humaines.
Accès immédiat et partout à l’information et au savoir. Drones, robots, transports automatisés, soins médicaux à distance, progrès de la génétique, ordinateurs quantiques, fabrication d’objets complexes à domicile par impression 3D, accélération de l’allongement de la durée de la vie : rien ne sera plus pareil.
Nous ne pouvons pas nous offrir le luxe de refuser le progrès et la modernité. Sans le progrès des connaissances, l’humanité n’a aucun espoir de résoudre les immenses problèmes auxquels elle fait face. L’augmentation de la population mondiale, la diminution des ressources énergétiques, les dérèglements climatiques ne seront pas réglés par le retour à la nature et la décroissance mais bien par la science, la technologie et une discipline collective fondée sur la raison.
Je crois au progrès parce que je crois en l’être humain et en sa capacité à maîtriser par la raison ses passions et ses envies.

Je tire cette conviction de la lecture de Pascal, de Voltaire, de Diderot mais aussi de la fréquentation des hommes et des femmes de l’Ouest qui m’ont transmis leur bon sens, leur mesure, leur humilité et leur sincérité. Chaque fois que je dois trouver une réponse à une question grave, je me pose la question de savoir comment mon instituteur de Cérans-Foulletourte, mon professeur de sciences naturelles au collège, le père Dubois, les fondateurs du premier groupe volailler de France « LDC » qui n’avaient que leur certificat d’études ou l’éleveur de « Maine Anjou » de Notre-Dame-du-Pé, y répondraient.
Quand de brillants économistes tentent de me convaincre que les taux d’intérêts négatifs générés par la politique monétaire de la BCE vont durer encore longtemps, je ne peux pas m’empêcher de penser qu’un paysan sarthois sait sans avoir besoin d’un doctorat que l’argent gratuit n’existe pas et que la facture arrivera tôt ou tard !

Quand j’entends les commentateurs de la vie politique expliquer un jour que le Président de la République peut être réélu parce qu’il est habile et le lendemain que l’ancien Président de la République peut l’emporter parce qu’il a de l’énergie, je sais qu’un paysan de l’Ouest se poserait d’abord la question de savoir si l’habileté ou l’énergie peuvent tenir lieu de projet et de convictions quand il s’agit de l’avenir du peuple français.

La raison contre les passions et les illusions, c’est ma marque de fabrique. Je n’en changerai pas car le but que je poursuis c’est le renouveau de la France, pas la consécration de mon ambition personnelle.
Je sais que cette démarche rencontrera l’adhésion des Français qui n’en peuvent plus d’un système politique qui tourne à vide et qui a perdu le sens de sa fonction.
2017 ne peut pas être une revanche. Les Français méritent autre chose qu’un duel entre un président battu et un président dont ils ne veulent plus.
Et les primaires de la droite et du centre ne peuvent être celles du choix du chef d’un parti.

La France n’a pas besoin d’une restauration. Elle ne se redressera pas avec des demi-mesures et des compromis sans ambition. Elle peut même s’effondrer sous les coups des démagogues haineux.
La France a besoin de transformations profondes. Elle a besoin d’une rénovation sincère de sa vie démocratique. Elle a besoin d’une démocratie plus participative. Elle a besoin de dignité, de rigueur, de sérieux et d’honnêteté. Elle a besoin d’un projet ambitieux pour la faire redécoller et d’une autorité sereine pour défendre son unité.

Le 20 novembre, j’appelle tous les Français qui partagent ces objectifs à se rendre dans les bureaux de vote pour imposer leur choix, pour faire mentir les scénarios écrits d’avance, pour refuser la comédie d’un pouvoir qui cherche juste à préserver ses intérêts.
Les primaires appartiennent aux Français.
Les primaires vous appartiennent.
Le 20 novembre, prenez le pouvoir !

Avant de nous séparer, j’ai encore une chose à vous dire. Elle est personnelle. Au moment de m’engager dans cette aventure grave qu’est l’élection présidentielle, je pense avec émotion à deux personnes qui doivent me regarder avec un mélange d’affection et d’inquiétude :
Ma mère, que beaucoup ici ont connue et qui m’a toujours soutenu avec l’énergie incroyable qui la caractérisait.
Philippe Séguin dont j’ai tellement souhaité qu’il soit le Président de la République Française, lui qui était tellement au-dessus des autres, lui qui n’agissait que pour la France sans jamais placer ses ambitions avant l’intérêt général, lui dont la rigueur et l’honnêteté nous auraient évité bien des dérives.
Aujourd’hui, à Sablé, je vous fais le serment de me battre pour vous donner la fierté d’être français.
Je vous donnerai toutes mes forces et ensemble nous l’emporterons.

Vive la République ! Vive la France !


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