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La perte d’influence de la France au Moyen-Orient

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Depuis samedi 16 avril et jusqu’au 19 avril, François Hollande est en visite au Moyen-Orient et se rendra au Liban, en Egypte et en Jordanie. Quel sont les enjeux de ce voyage ?

Le Président de la République se rend au Liban puis au Caire pour terminer son voyage en Jordanie. Nous sommes malheureusement dans une gesticulation présidentielle qui va probablement encore couter de l’argent aux contribuables français.

Au Liban, François Hollande veut marquer son soutien à l’Armée libanaise alors que le fameux contrat « Donas » qui prévoyait de fournir pour 3 milliards de dollars d’armement français au Liban, grâce un financement saoudien, a été annulé par Riyad. Il va aussi visiter un camp de réfugiés syriens pour rencontrer une famille syrienne qui sera accueillie en France.
Je rappelle que la France va en accueillir 1000 alors qu’au Liban ils sont environ 2 millions de Syriens soit environ un tiers de sa population. Que peut-il faire sinon encore ouvrir les vannes de l’argent public pour que cette visite ne soit pas un fiasco ?

Car enfin, de par sa politique syrienne de déstabilisation du régime d’Assad, il est en partie la cause de ces millions de réfugiés. En 2010, dans 26 pays européens couverts par Eurostat [1], seulement 955 réfugiés syriens avaient été accueillis pour des raisons autres qu’économiques, alors qu’en 2014 ils étaient 24 961 soit 30 fois plus. C’est donc la politique irresponsable de déstabilisation du régime syrien initialement financée par l’Arabie Saoudite et le Qatar et dans laquelle François Hollande a toujours eu une position en flèche qui est la cause du problème de réfugiés syriens et non, comme on essaie de nous le faire croire, le régime syrien. Tous ceux comme moi qui allaient en Syrie avant les événements voyaient un pays en plein développement où les habitants vivaient en paix, pratiquaient la religion de leur choix et voyaient leur pouvoir d’achat augmenter.

En Egypte, pays avec lequel depuis Bonaparte la France entretient une relation culturelle privilégiée est en prise avec le terrorisme islamique sur sol et dans le pays libyen voisin. Ce voyage permettra certainement un échange d’informations intéressant notamment sur Daech en Libye qui se heurte à une forte résistance des puissantes milices locales [2]. Le chef de l’Etat est accompagné de nombreux chefs d’entreprise et ce sera l’occasion habituelle pour le chef de l’Etat d’essayer de s’approprier le mérite de négociations menées par les industriels et aussi de remercier l’Egypte d’avoir accepté d’acheter, avec l’argent que la France lui a prêté, les Mistrals qu’il a refusé de vendre à la Russie, pliant sous la pression d’Obama.

En Jordanie, le Président y va pour s’habiller en chef des Armées, seule composante de son image qui résiste encore un peu à la critique des français. Il visitera la base aérienne Prince-Hassan, d’où décollent les avions français pour bombarder le groupe Etat islamique en Irak et en Syrie.

La guerre en Syrie mobilisera certainement une grande partie des discussions. Dès le début de la crise en Syrie, la France a pris une position extrêmement ferme à l’égard du régime de Bachar el-Assad et a commis certaines erreurs d’appréciation, considérant notamment que le régime syrien n’avait que quelques semaines ou quelques mois devant lui. Depuis, la position de François Hollande n’a pas évolué. Comment expliquer selon vous, cette intransigeance du président de la République alors même que, quatre ans après le début du conflit, le rapport de force n’est plus le même et le régime d’Assad s’est renforcé ?

François Hollande est d’une autosatisfaction extravagante et est totalement coupé des réalités de terrain comme l’on noté la plus part des observateurs lors de sa dernière apparition sur France 2 où il a déclaré « la France va mieux » et où il n’a fait aucune autocritique sur sa politique économique.

Il se comporte de la même façon sur la Syrie où il s’est trompé à de multiples occasions. La première fois en voulant voir dans les évènements en Syrie un « printemps arabe » alors que nos services l’abreuvaient de mises en garde sur l’action en sous-main de l’Arabie Saoudite et du Qatar. En fait c’est plus probablement une concurrence politicienne qui est la raison principale de son erreur stratégique d’analyse sur la nature de la crise. Comme Sarkozy avait réussi à éliminer Kadhafi il ne voulait pas être de reste et il lui fallait éliminer Assad, un autre dictateur.

Il s’est ensuite trompé sur la capacité de résistance du régime Syrien qui était soutenu par au moins 50% de sa population et qui possédait une armée solide. Il n’a pas non plus compris que la Syrie était un enjeu géopolitique autrement plus important que la Libye pour l’Iran et la Russie.

Jusqu’au 7 janvier 2015 date de l’attentat contre Charlie Hebdo, il s’est trompé encore, comme Obama et les saoudiens, sur la capacité des occidentaux à contrôler la rébellion devenue Califat en juin 2014 où il est apparu que Daech avait des objectifs qui ne se limitaient pas au Moyen-Orient.

Même après les attentats de Paris de novembre 2015, il n’a toujours pas compris que pour battre Daech il faut s’appuyer sur des structures étatiques solides en Syrie et en Irak et que seuls des combats au sol, menés par les armées des pouvoirs locaux appuyés par nous, permettront de reconquérir les villes et les villages occupés par l’Etat Islamique.

La France peut-elle encore faire entendre sa voix sur le dossier syrien ou est-elle définitivement hors-jeu ? Pourquoi ?
La réponse est dans votre question. La France est hors-jeu et c’est désormais la Russie qui est au centre du jeu. La preuve : après les attentats de Bruxelles où croyez-vous que s’est rendu le secrétaire d’État américain John Kerry le 24 mars 2016? A Moscou, rencontrer Vladimir Poutine. Même Angela Merkel a discuté directement avec Erdogan du dossier des réfugiés sans y associer François Hollande. Pourquoi ? Parce que lorsqu’on s’est autant trompé on n’est plus crédible et on perd toute légitimité à l’intérieur et à l’extérieur.

Plus largement, qu’en est-il de la perte d’influence diplomatique de la France au Moyen-Orient ? Quelle est la part de responsabilité de François Hollande dans cette évolution ?

La France avait traditionnellement une position de médiateur au Moyen-Orient que François Hollande a totalement abandonnée en devenant un allié privilégié de l’Arabie Saoudite wahhabite. Quand on n’est pas fort militairement dans un conflit [3] et que l’on a choisi un camp on n’a aucune carte en main pour peser diplomatiquement. En politique étrangère François Hollande aura là aussi affaibli la France et mis en danger la sécurité des français.

Général (2S) Jean-Bernard PINATEL

[1] Dernières statistiques disponibles sur la base de données Eurostat.

[2] Lire mon analyse : Les conditions politiques d’une intervention militaire directe en Libye ne sont pas réunies.

[3] La majorité de nos moyens sont à juste titre consommés dans le Sahel et le reste de nos effectifs terrestres utilisés dans l’opération sentinelle.


Coalition contre l’EI en Syrie : « Les Anglais ne peuvent pas accepter de se retrouver en troisième ligne »

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Trois cent quatre-vingt-dix-sept voix pour, 223 voix contre. Au terme de dix heures d’un débat tendu, le Parlement britannique a donné son feu vert la nuit dernière à une intervention en Syrie. Quelques heures plus tard, les premiers raids aériens étaient menés contre les positions de l’organisation Etat islamique (EI). La Grande-Bretagne rejoint ainsi la coalition contre l’EI. Pourquoi cette intervention ? En quoi va t-elle consister ? Les réponses avec le général Jean-Bernard Pinatel.

Source : Le Monde.fr

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Les attentats de Paris contraignent Obama à réviser sa stratégie au Moyen-Orient

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Selon le général Jean-Bernard Pinatel, il aura fallu les attentats du 13 novembre pour que les États-Unis arrêtent leur double jeu avec Daech, ouvrant la porte à François Hollande pour fédérer une grande coalition contre l’État islamique.

Le point central de la stratégie américaine visant à maintenir la suprématie mondiale qu’ils ont acquise en 1990 avec l’effondrement de l’URSS est d’empêcher la seule alliance qui peut la leur contester: l’alliance de l’Europe avec la Russie. A cette fin, ils n’ont pas cessé de provoquer la Russie en essayant d’étendre l’OTAN jusqu’à ses frontières, en cherchant même à y incorporer la Géorgie, patrie de Staline et l’Ukraine dont Kiev est la capitale historique des débuts de l’empire Russe. Tant en Géorgie qu’en Ukraine, ils ont provoqué la Russie, via Mikhail Saakachvili, agent de la CIA, devenu chef d’Etat, des Fondations et des soutiens financiers aux partis anti-Russe, dans le but d’installer une guerre froide en Europe. Ils ont presque réussi après la réaction Russe en Crimée et la rébellion du Donbass, entrainant les Européens dans des sanctions économiques contraires à leurs intérêts et réinstallant les prémices d’une guerre froide en Europe.

Mais au Moyen-Orient, porte orientale de l’Europe, les États-Unis de Bush et d’Obama ont commis plusieurs erreurs stratégiques qui risquent de mettre à mal leur objectif principal: empêcher la création de l’«Eurasie».

Ils ont totalement sous-estimé la menace de l’islamisme salafiste que Bush a exacerbé avec la guerre puis l’occupation de l’Irak entre 2003 et 2011 et par leur soutien à Al Maliki, un Premier ministre corrompu et sectaire qu’ils ont installé à la tête de l’Irak en 2006 et soutenu jusqu’en 2014.

Quand l’Etat islamique a été proclamé, les États-Unis ont à nouveau sous-estimé sa nuisance et ont mis en place, à leur habitude, une politique de « containment » à base de frappes aériennes périphériques qui s’est avérée inefficace parce qu’ils n’ont pas voulu prendre les conditions politiques de sa réussite.

Quand l’Etat islamique a été proclamé, les Etats-Unis ont à nouveau sous-estimé sa nuisance et ont mis en place, à leur habitude, une politique de « containment » à base de frappes aériennes périphériques qui s’est avérée inefficace parce qu’ils n’ont pas voulu prendre les conditions politiques de sa réussite. En effet, ils n’ont pas voulu prendre le risque de se fâcher avec leurs alliés régionaux: la Turquie d’Erdogan, membre de l’OTAN, et l’Arabie saoudite qui tous deux soutiennent Daech. Ainsi l’Etat islamique, durant les années 2014 et 2015, a pu continuer en toute impunité à exporter son pétrole en Turquie, s’y réapprovisionner en armes et munitions et y soigner ses blessés ainsi qu’ à recevoir de l’argent via l’Arabie saoudite qui est devenue la première lessiveuse de l’argent sale mondial grâce à l’opacité de ses banques.

Durant l’été 2015, alors que les armées d’Assad reculaient sur tous les fronts, seul Vladimir Poutine a perçu les risques d’une chute prochaine de Damas et les conséquences qui en résulteraient dans la population musulmane de la Fédération de Russie et a décidé d’intervenir massivement début septembre, permettant à l’armée syrienne de reprendre l’offensive.

En un week-end, les attentats de Paris, ont fait prendre conscience aux dirigeants français que continuer à suivre la politique américaine au Moyen-Orient allait conduire à mettre Paris et la France à feu et à sang.

En un week-end, les attentats de Paris, ont fait prendre conscience aux dirigeants français que continuer à suivre la politique américaine au Moyen-Orient allait conduire à mettre Paris et la France à feu et à sang. Un week-end à suffit à François Hollande pour abandonner la stratégie du « ni Assad ni Daech » dont il était le plus ardent promoteur et pour tendre la main à Poutine auquel il avait refusé, il y 6 mois à peine, de livrer les Mistral. Le dirigeant russe, très habilement, a fait comme si aucun nuage n’avait jamais existé entre la France et la Russie et a donné l’ordre à ses forces et à ses services de renseignement d’engager une coopération immédiate et sans réserve avec les Français.

Obama se trouve donc pour la première fois confronté au risque majeur de voir la France et les Français prendre conscience que, face à la menace du terrorisme salafiste, la Russie est leur meilleur allié.

Il se trouve donc devant une option stratégique cruciale:

1) Continuer à ménager l’Arabie saoudite et la Turquie tout en intensifiant ses frappes contre les ressources pétrolières de Daesh en espérant qu’il n’y aura pas d’autres attentats sanglants en France et en Europe durant les 2 ou 3 ans nécessaires pour éradiquer l’EI ;

2) Tordre le bras à Erdogan et à l’Arabie saoudite pour que le premier ferme sa frontière et que le second arrête le robinet financier, au risque se fâcher avec deux alliés déjà très en retrait après le rapprochement d’Obama avec l’Iran. Dans ce cas les efforts coordonnés de la coalition peuvent aboutir à la rapide déroute de l’État islamique.

Dans le premier cas, il risque de mettre en danger le cœur de sa stratégie mondiale: empêcher la création de l’Eurasie. Dans le second, il ne met en danger que sa stratégie régionale, sans conséquence sur son approvisionnement énergétique, les États-Unis approchant de l’autosuffisance avec le pétrole et le gaz de schiste.

François Hollande possède donc toutes les cartes en main pour exiger d’Obama qu’il choisisse de créer les conditions politiques à un succès rapide contre Daech pour ne pas mettre en cause la stratégie mondiale que les États-Unis conduisent depuis 1990.

Source : LE FIGARO


Syrie: « La France doit aider Assad à combattre Daesh »

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Interview avec le général Jean-Bernard PINATEL, publiée par « Le Figaro », le 06 Septembre 2015 : interview publiée par « Le Figaro » avec Jean-Bernard PINATEL.

A visualiser, au même sujet, l’interview accordée, le 07 Septembre 2015, à la chaîne TV LCI : interview télévisée pour la chaîne LCI avec Jean-Bernard PINATEL.

Pour le général Jean-Bernard PINATEL, la France ne doit pas intervenir au sol en Syrie mais devrait aider financièrement et logistiquement l’Iran, l’Irak et l’armée d’Assad pour combattre au mieux Daesh.

Le Figaro - Selon Le Monde, François Hollande réfléchirait à frapper Daesh en Syrie, et selon un sondage Odoxa pour Le Parisien, 61% des Français sont favorable à une intervention de nos troupes au sol. La France doit-elle intervenir militairement en Syrie ?

Jean-Bernard PINATEL* - La France ne doit pas intervenir au sol en Syrie. Nous devons en revanche fournir un appui logistique, technique et financier à ceux qui combattent déjà Daesh sur le terrain, comme le font les Russes. Il faut aider les trois pays en première ligne: l’armée syrienne loyaliste, l’Iran et l’Irak. Oui, il s’agit de dictateurs ou de milices mais ils représentent un moindre mal par rapport au mal absolu qu’incarne Daesh. D’ailleurs, en laissant entendre qu’il veut combattre Daesh en Syrie, c’est le revirement politique auquel Hollande s’est résolu.

Jusqu’alors la France avait choisi de déstabiliser Assad tout en combattant Daesh via des frappes aériennes en Irak. Or on ne peut pas jouer sur ces deux tableaux. Il est temps d’abandonner le rêve du Printemps arabe, le rêve d’imposer la démocratie par les armes en faisant tomber Assad. Il doit être notre ami provisoire car il est aussi l’ennemi de notre ennemi absolu. Sur le terrain, les militaires connaissent leur travail. La France doit aider les États syriens et irakiens en leur fournissant les systèmes d’armes, le renseignement, la logistique et la formation dont ils ont besoin. Il faut également améliorer l’efficacité des frappes aèriennes en envoyant en première ligne des forces spéciales pour guider les tirs et éviter autant que faire se peut de tuer les civils dont Daesh se sert comme bouclier. Évidemment, cette action doit être coordonnée avec tous les acteurs intervenant sur ce théâtre d’opérations y compris l’Iran et la Russie. De plus, il faut empêcher Daesh de renouveler ses ressources.

Comment affaiblir les ressources de Daesh ?

Le président turc Erdogan se livre à un double jeu qui doit cesser. Officiellement, la Turquie fait partie de la coalition opposée à l’État islamique. Dans les faits, le pays lui ouvre sa frontière et lui permet de réaliser toute sortes de trafics d’armes et de pétrole. Le trafic de pétrole de contrebande représente pour Daesh 50 millions de dollars de recettes par mois. En empêchant la Turquie de jouer ce double jeu et en fermant réellement la frontière, Daesh serait déjà fortement affaibli. L’État islamique ne pourrait plus non plus se réapprovisionner en armes. Il faut tordre le bras à Erdogan. Là, on créerait les conditions politiques nécessaires à la réussite de l’opération militaire.

Une intervention militaire aurait-elle un impact positif sur la crise des migrants ? Aiderait-elle les populations en exil à pouvoir rentrer chez elles ?

Évidemment ! Il ne faut pas prendre les Syriens pour des attardés. Ils n’aspirent qu’à vivre chez eux. Et ce sont les bourreaux barbares de Daesh qu’ils fuient en masse. Quand ils vivent dans des zones sous le contrôle d’Assad, ce sont surtout quelques opposants politiques qui cherchent à fuir le pays. C’est ce qui me fait penser qu’il vaut mieux un dictateur éclairé que des millions de morts et des millions d’exilés. Ce n’est peut-être pas d’une grande morale politique mais c’est pragmatique. Quand De Gaulle s’était allie à l’URSS pour combattre les nazis il n’était pas pour autant devenu un communiste convaincu, mais avait identifié les nazis comme l’ennemi à abattre absolument. Il est temps de faire pareil avec Daesh.

*Jean-Bernard PINATEL est un général de II° section.
Auteur du blog Géopolitique et géostratégie, il est aussi l’auteur de nombreux ouvrages, dont « Carnets de guerres et de crises » aux Editions Lavauzelle, 2014.


Les conditions politiques à remplir pour vaincre Daesh

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L’afflux de migrants venant du Moyen Orient et les drames humains qui en sont la conséquence incite à répondre à deux questions : qu’est-ce qui permet l’enracinement de Daesh au Moyen-Orient ? Comment vaincre cette organisation terroriste ?

Répondre à ces questions c’est mettre en lumière les facteurs déterminants de la stratégie victorieuse de Daesh face à l’indétermination stratégique occidentale écartelée entre des objectifs inconciliables.

En effet, le califat, un an après sa proclamation par Abou Bakr al-Baghdadi, révèle un quadruple échec.

En premier lieu l’échec de la stratégie politique et militaire américaine en Irak. Politique d’abord, avec le choix d’un premier Ministre, Al Maliki, qu’ils ont mis en place en 2006 et ont soutenu jusqu’en 2014, le laissant exercer un pouvoir sans partage et fondé exclusivement sur la communauté chiite. Ils ont ainsi fermé les yeux lorsqu’il a bafoué la constitution de son pays, pourtant inspiré par eux, en n’attribuant pas les ministères importants (intérieur et défense) qui devaient être dévolus aux Sunnites et aux Kurdes. Militaire ensuite. En effet, depuis sa reformation par les américains, la nouvelle armée irakienne, dont Al Maliki se méfiait, était mal équipée, gangrenée par la corruption, le népotisme, la formation insuffisante, l’absence de moral et la volonté de se battre. Ces sont les milices shiites, (dirigées, encadrées, formées et équipées par l’Iran et appuyées par des Iraniens et des libanais du Hezbollah avec le général Qasem Soleimani [1] à leurs têtes) qui ont sauvé Bagdad, repoussé Daesh à l’Ouest du Tigre et qui ont représenté plus des 2/3 des forces engagées dans la reconquête de Tikrit. Enfin, si les frappes de la coalition ont un certain effet d’attrition sur les forces de Daesh, sans forces terrestres en état de se battre, cet effet reste limité et est obtenu au prix de dégâts collatéraux importants sur civils, les habitations et les infrastructures, engendrant la colère des populations sunnites locales.

Échec également des monarchies gériatriques du Golfe Persique qui ont contribué à l’émergence de Daesh dans le but de renverser le régime bassiste et alaouite d’Assad et de le remplacer par un pouvoir sunnite ami. Aujourd’hui Daesh, en contrôlant le gouvernorat d’Al Anbar et les 420 km de frontière commune avec l’Arabie Saoudite, menace ce royaume qui se méfie de son armée, de sa minorité chiite, de la moitié de sa population étrangère et qui est en guerre sur ses frontières Sud avec les rebelles Hutis.

Échec de la Turquie qui considère les kurdes dont 15 millions sont turcs comme sa première menace et qui laisse sa frontière ouverte, offrant une base arrière aux djihadistes pour vendre leur pétrole, se ravitailler en armes et munitions et soigner leurs combattants [2]. Erdogan a espéré ainsi renverser Assad et restaurer l’influence séculaire de la Turquie sur la Syrie.

Échec de l’Europe et, au premier lieu de la France, qui ont cru à un printemps arabe et qui, diabolisant le régime d’Assad, sont co-responsables du départ de plusieurs milliers de jeunes européens en Syrie, générant, par un effet boomerang, une menace sur leur propre territoire.

Les seuls gagnant à l’heure actuelle sont les Kurdes et l’Iran

Vainqueurs en Irak dès lors qu’ils étaient correctement équipés, les Peshmergas ont clairement démontré leur valeur militaire. Vainqueurs en Syrie où, malgré l’attentisme Turc, et avec l’aide des frappes américaines, ils ont repris Kobané. Vainqueurs en Turquie où, pour la première fois, ils rentrent en masse au Parlement et deviennent désormais une force politique avec laquelle Erdogan devra compter.

C’est l’engagement des milices iraniennes sur le sol irakien qui ont sauvé Bagdad. Confrontés à la déroute de l’armée irakienne à Ramadi, capitale du gouvernorat d’Al Anbar, par Daesh, les américains, pragmatiques, ont compris que sans l’appui terrestre iranien ils n’arriveraient pas à vaincre Daesh. Alors qu’il se refuse toujours à engager des troupes au sol, l’accord préliminaire sur le nucléaire iranien témoigne d’une modification de la stratégie d’Obama confronté au risque de perdre son investissement irakien [3] et de voir son allié saoudien directement menacé.
A partir de ce constat combattre Daesh demandera du temps car les frappes aériennes sont relativement inefficaces contre un ennemi totalement imbriqué dans la population.

Les conditions nécessaires à la mise en œuvre d’une stratégie gagnante contre Daesh sont :

  • exiger de la Turquie, membre de l’OTAN, qu’elle ferme sa frontière à Daesh, mette fin à tous ses trafics qu’elle autorise sur son territoire et cesse ses frappes contre les Kurdes ;
  • stopper toutes les actions de déstabilisation du régime d’Assad jusqu’à l’éradication du califat ;
  • faire pression auprès du gouvernement irakien pour une mise en œuvre effective du programme de réconciliation nationale [4];
  • mettre en place auprès des Peschmergas et des milices iraniennes et irakiennes des contrôleurs aériens avancés pour optimiser l’efficacité des frappes aériennes durant les offensives ;
  • ne pas trop compter sur une reconstruction rapide de l’armée irakienne tant que ne seront pas votées les deux lois d’amnistie générale et de fin de la débassification.

Tant que ces conditions politiques ne seront pas réunies l’engagement de troupes au sol occidentales contre Daesh serait faire tuer nos soldats pour un résultat aléatoire.

Général (2S) Jean-Bernard PINATEL, auteur de « Carnet de guerres et de crises 2011-2013 », Lavauzelle, Mai 2014 et de « Russie, alliance vitale », Choiseul, 2011.

[1] Le major général Soleimani, 58 ans dirige depuis 1998 Al-Qods, force d’intervention extérieure (à l’image de nos forces spéciales) de l’Iran. Chef brillant tacticien et charismatique, sa force est destinée à soutenir les chiites au Moyen-Orient. C’est lui qui contribue à bâtir la branche armée du Hezbollah libanais. En 2012, il engage les forces armées d’Al-Qods dans le conflit syrien et en 2015 au Yémen.

[2] Alahed

[3] « Globalement les américains ont dépensé davantage à ce jour en Irak depuis mars 20 que pour l’ensemble du deuxième conflit mondial », Général Vincent Desportes, « La guerre probable », Economica, octobre 2009, page 12.

[4] Lire : http://www.geopolitique-geostrategie.fr/jean-bernard-pinatel/analyses/irak


Perspectives de la guerre contre Daesh au Moyen-Orient

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La conquête par Daesh de Palmyre et de Ramadi, deux villes clés de Syrie et d’Irak, survient un an après la prise de Mossoul (10 juin 2014) qui a révélé au monde la menace l’Etat islamique. Neuf mois après le début de l’intervention américaine, à laquelle la France participe modestement, tous les experts et les dirigeants politiques s’interrogent sur l’efficacité de la stratégie occidentale. L’analyse ci-dessous apporte des éléments de réponse.

Situation militaire actuelle en Irak et en Syrie

La carte ci-dessous montre clairement que les offensives de Daesh ont été contenues en Irak à l’Est sur le Tigre et au Nord le long de la frontière Turque et du Kurkistan. En revanche ils progressent vers le Sud Irakien.

Au Nord les Peshmergas, qui ont reçu d’importants renforts en armement des Etats-Unis et de la France et un appui aérien de la coalition, ont repoussé Daesh hors de Kobané et des villages alentours qui en contrôlent les abords. De même au cours d’une succession de combat victorieux les Peshmergas ont pris le contrôle des sorties Est, Nord et Ouest de la ville de Mossoul mais se refusent à y pénétrer car cette ville de2 millions d’habitants, qui s’étend sur 250 km2, est à majorité sunnite. A l’ouest les milices shiites, encadrées par des Iraniens et des Libanais du Hezbollah avec le général Qasem Soleimani à leur tête, ont repris la ville symbole de Tikrit en avril 2015 après avoir repoussé Daesh de la ville de Baiji et notamment de son importante raffinerie où la situation reste incertaine car les forces irakiennes sont soumises à de violentes contre offensives de l’Etat islamique.

Repoussé au Nord contenu à l’Est, Daesh fait effort vers le Sud irakien (le gouvernorat d’Al Anbar) où ils viennent de s’emparer de la ville de Ramadi, sa capitale, (début mai 2015) et dans le désert Syrien, prise de la ville de Palmyre (20 Mai).

moyen-orient

Par ailleurs jusqu’au 19 Mai 2015, l’appui direct de la coalition, dont les Etats-Unis assurent la majeure partie de l’effort, n’a mobilisé que des moyens aériens. Daesh s’est parfaitement adapté à cette menace aérienne en se fondant dans la population des villes, en enterrant ses dépôts logistiques et en ne concentrant ses troupes que pour mener des offensives éclairs où, s’imbriquant à ses adversaires, il rend impossible un appui aérien faute d’éléments de guidage avancé largement déployés dans les unités irakiennes.

Ce constat d’impuissance militaire partagé par tous les experts a, semble-t-il, conduit le Président Obama à infléchir récemment sa position de ne pas engager de forces américaines dans les combats au sol. En effet, le 19 Mai, ses forces spéciales [1] ont mené à partir d’Irak une opération commando à al-Amr, à environ 20 miles (32km) au sud de Deir el Zour (Syrie) et ont tué le « ministre du pétrole » de Daesh.

Les perspectives de la guerre contre Daesh

Rien ne permet d’entrevoir dans les conditions actuelles une défaite militaire de Daesh avant plusieurs années. En effet en un an on ne peut noter aucune évolution significative du contexte géopolitique, de la situation politique en Irak et en Syrie, du rapport des forces militaires, de ses moyens financiers. Cette situation figée ne permet pas d’entretenir l’espoir d’une fin rapide de ce conflit, soit par une défaite de Daesh, soit par l’effondrement des régimes Syriens et Irakiens.

Le contexte géopolitique

Au niveau régional, l‘Arabie Saoudite et le Qatar ont pris conscience du risque d’être les prochaines victimes du monstre qu’ils ont contribué à créer et l’aide financière venant de ces pays à la rébellion syrienne s’est considérablement ralentie.

En revanche, la Turquie, concurrent régional de l’Iran, continue de fermer les yeux sur les trafics de Daesh sur son sol, voire lui donne des coups de mains ponctuels par des interventions aériennes.

L’appui de la Russie reste acquis au régime de Bachar Al Assad.

En revanche on peut se demander s’il en sera de même pour l’Iran. Si le soutien de ce pays restera acquis à l’Irak car il va dans le sens de la stratégie américaine, malgré quelques frictions tactiques, la question se pose néanmoins concernant la Syrie et le Hezbollah. En effet, certains indices laissent à penser que le soutien iranien pourrait être sacrifié, après à un accord sur le nucléaire, sur l’autel de la levée des sanctions économiques [2].

Obama, coincé entre des intérêts contradictoires [3] reste incapable de définir une ligne stratégique claire et efficace. Après l’accord sur le nucléaire iranien qui inquiète l’Arabie Saoudite et Israël, le Congrès, dans son projet de budget pour la Défense accroit encore le brouillard. En projetant d’apporter une aide directe aux tribus sunnites et aux Peshmergas, le projet de Budget pour la Défense américain [4] instille l’idée que les Etats-Unis sont favorables à un éclatement de l’Irak [5].

De plus, l’erreur politique de considérer Daesh et Assad « comme les deux faces d’une même pièce », comme l’ont déclaré au Figaro des diplomates français, ne permet pas d’unir toutes les forces en Syrie contre Daesh qui pourtant est le seul des deux adversaires à menacer la France et les Etats-Unis [6]. Cette erreur a portée stratégique est amplifiée par le fait que les Etats-Unis et l’Europe ne font pas les pressions suffisantes sur Erdogan pour qu’il bloque sa frontière aux trafics du Califat. En effet, Daesh profite de sa perméabilité actuelle pour vendre en Turquie son pétrole et son gaz et se réapprovisionner en armes et munitions auprès de trafiquants qui agissent en toute liberté dans un pays où la corruption est endémique. L’enjeu est de taille car cette situation lui permet de se financer à hauteur de 100 millions de $ par mois [7].

Les situations politiques des principaux Etats au Moyen-Orient

Le régime syrien a montré depuis 4 ans sa capacité de résistance grâce à l’appui d’une grande partie de sa population et de l’aide qu’il reçoit de la Russie, de l’Iran et du Hezbollah libanais.

En Irak, le gouvernement d’Haïder al-Abadi n’arrive pas à mettre en œuvre sa politique de réconciliation nationale du fait de l’opposition d’une partie des partis shiites [8] qui refusent d’accéder aux demandes des leaders sunnites [9].

L’Arabie Saoudite qui a contribué à l’envol de Daech est aujourd’hui inquiète car, contrôlant le gouvernorat d’Al Anbar, Daech n’est plus séparé de l’Arabie Saoudite que par 420 km de frontière alors que les minorités d’obédience shiite s’agitent à ses frontières Sud [10].

Erdogan [11] qui partage l’idéologie des frères musulmans veut imposer son leadership sur l’ancien empire Ottoman. Pour ce faire il doit affaiblir tous les pouvoirs qui constituent un obstacle à ce dessein : la Syrie d’Assad en premier lieu, pouvoir héritier du parti Baas laïque. Mais il veut aussi éviter l’émergence d’un Etat Kurde d’où son refus d’aider les combattants kurdes durant le siège de Kobané. L’Iran shiite ensuite, qui est, par son soutien à l’Irak et à la Syrie, son principal concurrent au Moyen-Orient.

Daesh est donc le « compagnon de route » [12] des visées d’Erdogan car affaiblissant la Syrie et l’Irak, il favorise l’accomplissement de son dessein sans pour autant constituer une menace puisque la Turquie tient le robinet de la seule voie possible pour la vente au marché noir de son pétrole.

Les capacités militaires des acteurs en présence

Daesh ne pouvant concentrer des forces importantes du fait de l’appui aérien américain est incapable de prendre Bagdad. Mais en revanche aucune force en Irak n’est capable de reconquérir l’ensemble du terrain perdu tant qu’une armée nationale ne sera pas en l’état de le faire. En effet, la coalition refuse d’appuyer les actions des milices shiites et une partie des shiites refuse la présence sur le sol irakien des forces américaines. C’est en particulier le cas de Muqtada Al Sahr [13] qui a été le principal opposant qui a conduit au retrait total des forces américaines en décembre 2011. De même, l’Iran ne peut intervenir avec son armée régulière et notamment son aviation sans s’aliéner les Etats-Unis.

En Irak, ce sont aujourd’hui les milices shiites, dirigées, encadrées, formées et équipées par l’Iran et appuyées par des Iraniens et des libanais du Hezbollah avec le général Qasem Soleimani [14] à leurs têtes qui ont sauvé Bagdad, repoussé Daesh à l’Ouest du Tigre et qui ont représenté plus des 2/3 des forces engagées dans la reconquête de Tikrit. L’armée irakienne dont les américains essayent de former actuellement 9 brigades ne possèdent que peu d’officiers compétents du fait de la loi sur la débassification qui a écarté tous les anciens officiers supérieurs de l’armée de Saddam Hussein. Il est de notoriété publique à Bagdad qu’elle est gangrenée par la corruption, le népotisme, la formation insuffisante et l’absence de moral et de volonté de se battre.

Enfin, le pouvoir Syrien, replié sur la Syrie utile, est en capacité de durer tant que la Russie acceptera de lui livrer des armes et des munitions et de lui avancer de quoi payer son armée.

En conclusion

Tous les facteurs analysés jouent dans le sens d’une guerre longue et indécise.

Cette situation fait le jeu des industriels de l’armement américains qui peuvent ainsi présenter à des citoyens ignorants de la complexité du monde, un adversaire dont ils grossissent à l’envie les capacités mais qui est crédible pour une Amérique toujours traumatisée par septembre 2011 car Daesh est le seul « Etat » à avoir déclaré la guerre aux Etats-Unis. Cela leur permet de donner du corps à la fable [15] qu’ils racontent aux américains sur cette menace afin de maintenir les dépenses militaires au niveau sans précédent de 640 milliards de dollars, près de 20 fois le budget militaire français.

L’Europe est la seule qui a un intérêt puissant à l’élimination de Daesh. Mais elle est incapable de définir une politique étrangère et de défense commune. Elle subit cette situation sans rien proposer alors que Daesh menace directement sa sécurité et son développement, le Moyen-Orient constituant avec la Russie des débouchés naturels pour les entreprises européennes.

La seule initiative diplomatique qui pourrait renverser le cours des choses est une initiative commune de la France et de la Russie. Mais cela supposerait que François Hollande se débarrasse de son à priori idéologique qui a mis la France hors-jeu [16] d’un Moyen-Orient où ses prédécesseurs avaient toujours su préserver son influence et sa capacité de médiation.

Général (2S) Jean-Bernard PINATEL, auteur de « Carnet de guerres et de crises 2011-2013 », Lavauzelle, Mai 2014 et de « Russie, alliance vitale », Choiseul, 2011.

[1] Le Pentagone a identifié le haut responsable de l’EI comme un tunisien ayant pris le nom d’Abou Sayyaf (arabe pour « père de l’épée »). Les commandos l’ont tué avec une douzaine d’autres hommes, avant de retourner en Irak avec deux prisonnières, Oumm Sayyaf, l’épouse du chef de file de l’EI et une femme Yazidi de leur ménage. Des hélicoptères américains Huey et des avions à décollage vertical Osprey ont transporté les commandos d’une base en Irak à al-Amr, le plus grand champ de pétrole syrien, à environ 30km au sud de Deir el Zour, dans le désert de l’Est.

[2] Lire à ce sujet : Iran: après l’accord sur le nucléaire, une guerre pour les dollars ?

[3] Soutien aux monarchies sunnites du Golfe, aide à l’Irak shiite, accord nucléaire avec l’Iran, volonté de ménager la Turquie membre de l’OTAN.

[4] Le projet de budget de la Défense se propose de fournir une aide militaire directe aux Peshmergas et aux tribus sunnites ce qui nécessite de leur attribuer la qualité juridique d’Etat.

[5] C’est d’ailleurs ce que pensent certains analystes qui considèrent qu’Exxon-Mobil est derrière cette proposition : Exxon défie Bagdad au Kurdistan.

[6] Néanmoins devant la menace terroriste sur notre sol une inflexion de la politique étrangère de la France est souhaitée par de plus en plus de responsables politiques et d’experts de tous bords qui estiment qu’en guerre de 2 maux, il faut choisir le moindre : Des parlementaires français rencontrent Bachar Al Assad.

[7] Lire à ce sujet : Daesh engrange 90 millions $/mois de la vente du pétrole.

[8] Elles sont manipulées en sous-main par son prédécesseur Al Maliki qui n’a pas abandonné l’espoir de revenir au pouvoir.

[9] Dont les principales sont : le rôle et de la place des milices chiites du Rassemblement Populaire sur l’échiquier tant militaire que politique, la loi de la garde nationale et la surpression de la loi de débaasification.

[10] Entretien : Pour sortir du brasier.

[11] Erdogan et la tentation du retour à l’Empire ottoman.

[12] Ce terme a été utilisé pour les intellectuels français qui soutenaient l’URSS dans les années ’50 et ’60.

[13] Iraqi cleric warns US Congress against sectarian bill.

[14] Le major général Soleimani, 58 ans dirige depuis 1998 Al-Qods, force à l’image de nos forces spéciales. Chef brillant tacticie, sa force est destinée à soutenir les chiites au Moyen-Orient. C’est lui qui contribue à bâtir la branche armée du Hezbollah libanais. En 2012, il engage les forces armées d’Al-Qods dans le conflit syrien et en 2015 au Yémen.

[15] Daesh passe le niveau 1 (sur 3) vers la guerre mondiale.

[16] Lire : Les trois erreurs politiques et stratégiques de François Hollande sur le dossier syrien ont affaibli l’influence de la France dans le monde.