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France Culture : La Russie a commencé aujourd’hui son retrait militaire de Syrie

FRANCE CULTURE - 15 Mars 2016 - 22h00

Officier parachutiste, instructeur commando, chuteur, blessé en opérations, Jean-Bernard Pinatel a été un des fondateurs du Groupe Permanent d’Évaluations de Situations (GPES), créé sur la demande de Président de la République, M. Giscard d’Estaing. Il a dirigé le SIRPA durant cinq années (85-89).

Après avoir quitté l’Armée avec le grade de Général de brigade à 49 ans, il a été directeur de la communication du groupe Bull avant d’être nommé délégué général du groupe.

En 1995 il créé la société, Startem, devenue Datops en 2001, rachetée en 2006 par LexisNexis, le leader mondial de bases de données dont il reste le senior adviser.

Parallèlement, il devient un expert reconnu en intelligence économique et est nommé, en janvier 2007, Président de la Fédération des Professionnels l’Intelligence Économique (Fépie devenue Synfie).

Docteur en études politiques, maitrise de sciences physique (option physique nucléaire), breveté de l’École supérieure de Guerre et du Centre des Hautes études Militaires, ancien auditeur de la 37ème Promotion de l’IHEDN, Jean-Bernard Pinatel est l’auteur de plusieurs livres sur les relations internationales et la Défense : « La guerre civile mondiale » avec Jacqueline Grapin, Calmann-Levy 1976, « L’ Economie des forces », Fondation des Études de Défense, 1976 ; « Les Ombres Japonaises », Plon 1992 ; « Russie, alliance vitale », Choiseul 2001 ; « Carnet de crises et de guerres », Lavauzelle, 2014.

France Culture
PODCAST
Comment analysez-vous le retrait d’une partie des forces russes de Syrie ?

On croit que les Russes et Poutine raisonnent comme les américains qui n’ont cessé d’intervenir dans le monde depuis 1990 pour des objectifs économiques et pour maintenir leur primauté mondiale acquise à la chute du communisme. Les objectifs de Poutine en Syrie sont d’abord défensifs et il les a atteints. Quels sont ces objectifs défensifs?

1° Le premier, dont on n’a pas parlé en France, est pour lui le plus important. Poutine et les experts russes ont compris que si Al Nostra (Al Qaïda) prenait Damas, qui est une ville au pouvoir symbolique très fort pour les musulmans, rien ne pourrait plus arrêter la vague d’enthousiasme qui déferlerait sur le monde musulman avec le risque de faire basculer dans le camp salafiste une grande partie des 15 millions de musulmans autochtones que compte la Fédération de Russie.

2° Le second était de protéger leur base maritime à Tartous, seul point d’appui russe en méditerranée.

3° Troisième objectif dont on n’a pas parlé aussi en France, c’était de casser les 3 000 à 5 000 djihadistes venus du Caucase et se trouvant en Syrie où le terrain se prêtait mieux à leur élimination que dans les massifs montagneux du Caucase. Je rappelle que l’émir du Caucase, où continue de sévir une rébellion endémique, Mohamad Al Quadari et 10 000 djihadistes de Tchétchénie, du Daguestan et d’Ingouchie ont fait allégeance à l’émir de Daech Al Baghadi en juin 2015, 3 mois avant le début de l’intervention Russe en Syrie.

4° Enfin, réarmer, entrainer et remotiver l’Armée d’Assad puis se retirer dès que possible tant la psychose de l’enlisement en Afghanistan est encore présent chez les responsables Russes.

Les autres motivations dont font état certains spécialistes existent peut-être mais sont d’un ordre secondaire par rapport aux intérêts stratégiques de la Russie.

Mais il y a une autre question qu’il faut se poser pourquoi ce retrait au moment où commencent des négociations à Genève ? En se retirant ? Poutine signifie à tous ceux qui viennent à Genève pour négocier une transition en Syrie sans Assad qu’ils n’ont plus en Syrie qu’un seul interlocuteur : c’est le Président Syrien dont les forces sont en train de terminer la reconquête d’Alep et de Palmyre et se dirigent vers Raqqa, fief de Daech.

Source : FRANCE CULTURE