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Nouvelle crise des missiles : mais où en est la France en matière de dissuasion nucléaire et que doit-elle apprendre du cas nord-coréen ?

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Par une nouvelle déclaration sur twitter, Donald Trump a pu indiquer « Mon premier ordre en tant que Président a été de rénover et de moderniser notre arsenal nucléaire. Il est aujourdhui plus fort et plus puissant que jamais ». Alors que l’escalade bat son plein entre Pyongyang et Washington, quel point peut on faire sur les capacités françaises en la matière ? Quel est l’état de la force de dissuasion française.

Le Président Trump en déclarant dans un tweet : « Mon premier ordre en tant que Président a été de rénover et de moderniser notre arsenal nucléaire. Il est aujourd’hui plus fort et plus puissant que jamais » démontre une fois de plus qu’il n’est pas sérieux. En effet une décision de ce type pour qu’elle commence à se concrétiser significativement sur le terrain demande au moins dix ans.

En France, quels qu’aient été les Présidents de la République, aucun n’a remis en cause le fait que la dissuasion nucléaire est le socle sur lequel est bâtie notre défense. Pour tous les responsables français il s’est agi de maintenir en permanence une capacité de seconde frappe à un niveau tel que le bénéfice que pourrait retirer un ennemi qui frapperait en premier notre pays serait inférieur aux pertes que notre capacité de seconde frappe (c’est-à-dire notre riposte à son agression) lui causerait.

Pour ce faire les actions à réaliser et les dépenses à consentir sont planifiées non pas sur 6 ans comme dans la Loi de Programmation militaire pour le reste des équipements militaires, mais sur les trente prochaines années.

C’est ainsi que l’on sait qu’il va falloir accroitre le pourcentage consacré à la dissuasion nucléaire dans les dépenses de défense dès 2018-2019 si l’on veut qu’en 2030 nous soyons toujours dissuasifs vis à vis de tout adversaire potentiel,qu’il soit une superpuissance ou un Etat voyou.

Quelles sont les leçons à tirer de la crise actuelle ? La France se doit-elle de renforcer ses capacités dans un monde ou, après la Corée du Nord, d’autres pourraient nourrir la même ambition ? En quoi le fait nouveau, qu’un seul pays membre de l’Union européenne soit détenteur de la force de dissuasion, peut-il également plaider en ce sens ?

La crise actuelle, à mon avis, n’est qu’une gesticulation verbale initiée par le Président Trump dans un but de politique intérieure. En revanche, il est certain que l’existence de capacités nucléaires et balistiques aux mains d’un régime autocratique comme celui de la Corée du Nord peut inquiéter ses voisins les plus proches et notamment la Corée du Sud et le Japon.

Pour la France, la seule leçon à en tirer est que la dissuasion nucléaire fonctionne. Car si la Corée du Nord proférait de telles menaces sans posséder des capacités nucléaires, rien n’empêcherait les Etats-Unis de détruire ses capacités balistiques car le risque pour eux serait quasi nul et très minime pour leurs alliés coréen et japonais. Par ailleurs, nos capacités nucléaires sont ajustées par rapport à l’enjeu que la France représente pour un adversaire potentiel. Elles ne peuvent constituer aucunement une protection pour les autres pays européens. Et même si elles étaient de taille supérieure, elles ne pourraient avoir un effet dissuasif que très limité pour nos voisins. En effet, hypothèse d’école, croyez-vous qu’un Président de la République française riposterait par une frappe nucléaire contre Moscou si d’aventure la Russie envahissait l’Ukraine ? La dissuasion nucléaire ne peut protéger que nos intérêts vitaux.

Quels seraient les efforts à fournir pour parvenir à ce que la France dispose d’un outil de premier plan ?

Répondre à votre question c’est poser le problème de l’effort de défense. Si nous voulons d’une part maintenir un engagement opérationnel extérieur du même niveau qu’actuellement tout en poursuivant l’opération sentinelle à hauteur de 7000 hommes et, simultanément, rattraper le retard dans la modernisation des équipements de nos forces armées classiques et, d’autre part, maintenir la crédibilité de notre force de dissuasion nucléaire en lançant lancer dès 2018 les dépenses de recherche développement nécessaires, il faudrait à partir de 2018 rajouter 2 milliards de plus chaque année au budget des armées voté pour 2017 .Cela conduirait à un effort supplémentaire de 42 Milliards entre 2018 et 2023 et permettrait d’atteindre un budget militaire de 45 milliards hors pensions en 2023. Ce qui signifie se fixer un objectif d’atteindre les 2% du PIB en 2023 et non en 2025.

Si nous refusons de faire cet effort nous ferons ce que le comte de Guibert, penseur militaire, disait à Louis XVI qui voulait pas faire un effort suffisant pour son armée: « ce qu’il y a de plus cher et de plus onéreux c’est d’avoir une demi-armée car avec cela on n’est jamais au niveau de sa politique, ni de son rang ni du rôle qu’on doit jouer et toute dépense qui est insuffisante est celle qu’il faut vraiment regretter. »


Général (2S) Jean-Bernard PINATEL

Auteur de « Histoire de l’Islam radical et de ceux qui s’en servent », Lavauzelle, Mai 2017

Source : ATLANTICO

  1. La France n’a pas à s’en préoccuper pour différentes raisons.1- Son arsenal nucléaire actuel lui assure une dissuasion et en méme temps une protection confortable. 2-La France n’est pas portée sur les invasions ou des menaces susceptibles de déclencher une guerre. 3- Sa position géographique nous oblige à écarter toute sorte de conflit armé conventionnel avec ses voisins immédiats, ce qui laisse supposer qu’une menace probable ne peut provenir que d’un Etat lointain et avec des armes non conventionnelles hypothèse à exclure par le fait que l’hexagone ne cherche pas à prévaloir ses intérêts par la force armée en sus qu’elle n’a jamais brandi l’arme nucléaire comme moyen aussi envisageable que d’autres solutions. 4- L’efficacité de quelques bombes lancées contre un pays équivalent l’effet d’un nombre nettement supérieur (impossibilité de raser une deuxiéme fois la cible justiciable) sauf que le développement des missiles intercepteurs réduit le nombre des vecteurs « en mission ». Et sur ce domaine que la France doit concentrer ses recherches.
    Il existe encore un champs d’exploration moins coûteux et plus rentable. C’est celui de la technologie informatique qui permet de paralyser tout système reposant sur les circuits cellulaires. Or tous les fleurons de guerre moderne s’appuient justement sur le numérique.
    Enfin, l’auteur parle d’Etats voyous reprenant ainsi le vocable de M G.W.Bush. La France n’a jamais utilisé cette définition dans sa classification des Etats car elle a toujours usé de diplomatie pour décroître les tensions. L’Etat voyou pour les conquérants est l’entité qui cherche une autonomie et une souveraineté en dehors d’une obséquiosité envers un quelconque parrain. Les textes internationaux sont bien clairs sur ce sujet

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