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Les insurgés libyens prévoient une élection présidentielle six mois après le départ de Kadhafi

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L’un des leaders du Conseil national de transition (CNT) libyen a détaillé devant le Groupe de contact pour la Libye la « feuille de route » politique des insurgés libyens, qui prévoit une élection présidentielle six mois après le départ du colonel Mouammar Kadhafi.

Mahmoud JIBRIL – CNT, a expliqué devant la presse étrangère à Rome que la « feuille de route » était une réponse du Conseil «aux interrogations venant de différentes capitales sur le sort de la Libye si le régime Kadhafi tombait demain». «C’est une inquiétude légitime : la Libye est un grand pays stratégique géographiquement, une porte entre l’Afrique et l’Europe, un lien entre l’est et l’ouest, et économiquement à cause de ses réserves pétrolières importantes pour l’Occident en général », a-t-il dit.

Le Groupe de contact se réunissait pour la deuxième fois depuis sa création en mars à Londres, avec des délégations de 22 pays, six organisations internationales dont l’ONU, l’OTAN et l’Union européenne, et autant d’organismes observateurs.

Congrès national

Selon M. JIBRIL, la première étape serait la mise en place d’un Congrès national pour établir une nouvelle Constitution pour la Libye. Elle interviendrait seulement 45 jours après que le colonel Kadhafi eut quitté le pouvoir. Ensuite seraient organisés un référendum pour approuver la Constitution et des élections parlementaires dans un délai de quatre mois. Deux mois plus tard, il y aurait une élection présidentielle, selon M. JIBRIL.

Le gouvernement qui superviserait l’ensemble du processus serait formé de membres du CNT mais aussi de technocrates du régime Kadhafi, de militaires de haut rang, d’officiers des services du renseignement et d’un juge. Dans ses conclusions, le Groupe de contact a félicité le CNT pour l’établissement de cette « feuille de route », la qualifiant d’ »importante contribution pour le processus de transition.

Le Groupe de contact « soutient pleinement un dialogue national libyen inclusif (englobant toutes les parties intéressées, ndlr) pour aboutir à une réconciliation et à une reconstruction du pays », ont dit les participants dans le document final de la réunion.

Général (2S) Jean-Bernard PINATEL


Libye : le mythe de la guerre rapide

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Après avoir reçu ce mercredi à l’Élysée le président du Conseil national de transition, Nicolas SARKOZY étudierait la possibilité d’un déplacement en Libye. Sur le terrain, les insurgés marquent le pas tandis que la coalition poursuit ses frappes aériennes.

Premier bilan, plus d’un mois après le début de l’intervention militaire, par le Général PINATEL, l’ancien patron du SIRPA (Service d’Information et de Relations de Presse des Armées).

Pro Kadhafi - Libye

Sur le plan de la politique intérieure, il faut reconnaître que sans le volontarisme et la prise de risque de Nicolas Sarkozy, le savoir-faire d’Alain Juppé et de la diplomatie française, Benghazi serait tombé et des milliers de civils auraient été massacrés sous nos yeux. On aurait assisté à l’arrivée de centaines de milliers de réfugiés sur les côtes européennes au lieu des quelques dizaines de milliers actuelles. A un an d’une élection présidentielle, l’attitude responsable de la plupart des leaders de l’opposition de gauche doit aussi être soulignée.

Le temps politique et médiatique n’est pas le temps militaire

Sur un plan strictement militaire, ce que l’on savait déjà est confirmé. Un combat se gagne au sol, notamment parce que les objectifs des guerres modernes ne sont plus le plateau de Pratzen, le pont d’Arcole ou la Moscova mais les villes où sont regroupées la majorité de la population et de l’activité économique. L’arme aérienne, si l’on veut limiter autant que faire se peut les dégâts collatéraux sur la population civile, ne peut jouer un rôle décisif dans le combat urbain même si ses interventions sont guidées depuis le sol par des spécialistes.

Comme on l’a vu à Abidjan, en ville, ce sont les hélicoptères armés qui sont les plus efficaces mais ils ne peuvent intervenir qu’à partir de lignes amies bien définies. Enfin, on constate une fois de plus que le temps politique et médiatique n’est pas le temps militaire: on parle déjà d’enlisement moins d’un mois après la première frappe, alors qu’il faut deux mois d’instruction pour doter un soldat d’une formation élémentaire et six mois pour un spécialiste ou un chef de section. C’est le rôle que devraient jouer les conseillers militaires anglais, italiens et français dont l’envoi vient d’être décidé à la demande du CNT.

Une Europe sans voix dans la crise libyenne

Mais c’est sur le plan international et géopolitique que les enseignements sont les plus riches. Comme le constate Alain Lamassoure [1] : « Depuis la fin de la guerre froide, l’Europe s’est mise comme en-dehors de l’Histoire, toute préoccupée par son unification pacifique et par sa propre organisation interne. C’était sans doute une étape inévitable. Mais le reste du monde ne nous a pas attendus, ni économiquement, ni stratégiquement, ni politiquement. Nous nous réveillons encore divisés, marginalisés, comme étrangers dans un siècle dont, pour la première fois depuis longtemps, nous ne fixons plus les règles, ni les principes ».

L’Europe qui dispose désormais d’un Haut représentant pour la politique étrangère, et d’un véritable service diplomatique, présent dans plus de cent cinquante pays est restée malheureusement sans voix dans la crise libyenne, ou pire, sa voix est restée inaudible.

Pour une défense européenne autonome

Bien plus, on a pu constater les freins à l’action que constitue le « Machin OTAN » comme l’écrit Bernard-Henri Lévy [2] et le fait que la Turquie qui n’est pas européenne en fasse partie. Je ne suis pas loin de penser comme le « groupe Libyan Revolution Feb 17 » qui écrit sur sa page Facebook : “La Turquie bloque l’OTAN et l’OTAN bloque les forces révolutionnaires, en les empêchant d’utiliser leurs avions et leur artillerie. En conséquence, aucune contrainte n’est exercée sur Kadhafi. La Turquie est tranquillement en train d’empêcher la mise en application de la résolution 1973 en recourant à des manœuvres de piétinement pour gagner du temps au profit de Kadhafi et imposer un cessez-le-feu de facto, dans l’espoir de créer des conditions si désespérées qu’un accord de conciliation doive être trouvé sous ses auspices ».

Il est plus que temps que les leaders européens assument leur histoire et les impératifs géopolitiques du XXIe siècle qui rendent essentiel le développement de forces militaires européennes autonomes. Ce qui suppose la dissolution ou l’européanisation de l’OTAN par le départ des militaires américains et turcs qui doivent rester nos alliés. C’est la condition essentielle pour avoir les moyens de défendre nos intérêts dans les affaires du monde et de maîtriser notre sécurité et notre développement économique qui sont intimement liés comme le montrent les crises et les conflits qui se développent à nos frontières.

Général (2S) Jean-Bernard PINATEL

[1] Préface de mon dernier livre : Russie, Alliance vitale (Choiseul, 2011).

[2] Le Point, 14 avril, page 142.

Source : Libye : le mythe de la guerre rapide


La clé du succès : frapper l’intendance de Kadhafi

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A quoi doivent s’attaquer les avions de la coalition ? Aux blindés, aux troupes au sol ? A l’intendance, dépôts de carburant, de munitions, et de pièces détachées, rappelle le Général Jean-Bernard PINATEL (2S).

Coalition

Depuis le début de l’intervention de la coalition on voit les forces fidèles au Colonel Kadhafi poursuivre leur action dans plusieurs villes. Les combats continuent avec des pertes importantes du coté des insurgés.

Les forces de Kadhafi sont composées de chars et d’artillerie. Ce sont des forces motorisées et mécanisées. Pour combattre, elles doivent être soutenues quotidiennement par un important flux logistique en carburant, munitions, pièces détachées et moyens de réparation. Sans cette mise à niveau quotidienne, leur capacité opérationnelle s’étiolera très rapidement et les hommes qui les servent devront abandonner les armes qui leur fournissent actuellement une supériorité face aux insurgés.

Pour rendre cette puissance inutilisable contre la population civile il faut donc frapper les dépôts de carburant et de munitions où cette armée se ravitaille et couper leurs lignes logistiques en frappant les citernes et camions de munitions qui circulent probablement de nuit sur les axes.

Face au risque de voir notre intervention s’éterniser et les pertes des insurgés s’accroître, il faut donc s’interroger sur l’emploi restrictif de nos forces aériennes.

En effet, si j’en crois le porte-parole du Ministère de la Défense, nos pilotes n’ouvrent le feu que lorsque des civils sont directement menacés. Or laisser se dérouler le ravitaillement en carburant et en munitions des forces de Kadhafi c’est aussi accepter une menace directe contre les populations mais différée de quelques heures.

De plus, si ce sont les consignes qui sont effectivement données à nos pilotes, la situation risque de ne pas évoluer car d’un coté on aura une armée mécanisée même réduite mais qui se ravitaillant quotidiennement continuera à être capable de se déplacer et de combattre face des insurgés ne disposant que des armes légères.

Frapper la logistique de Kadhafi est la clé d’un succès rapide de notre intervention.

Général (2S) Jean-Bernard PINATEL

Source : La clé du succès : frapper l’intendance de Kadhafi


Libye : la guerre contre Kadhafi, militaire et médiatique

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Les avions de Kadhafi ont bombardé, malgré le cessez-le-feu qu’il avait annoncé. Au poker menteur, le vieux dictateur a 40 ans d’expérience… Méfiance.

Rafale

Je voudrais tout d’abord m’élever contre les abus de langage de certains commentateurs qui clament déjà : nous sommes désormais en guerre avec la Libye.

Dans un état de guerre, il n’y a pas de limitation sur la nature des forces engagées. L’action de la coalition est clairement encadrée par le mandat du conseil de sécurité et exclut l’engagement de forces terrestres sur le sol libyen.

Nous sommes encore clairement dans une gestion de crise où les actions militaires ne sont qu’une composante d’une stratégie générale dans laquelle les actions diplomatique, médiatique, et psychologique seront tout aussi décisives pour son succès.

Or nous savons qu’à ce jeu le colonel Kadhafi excelle. Les militaires français en conservent la mémoire.

En 1986, le leader libyen avait fait de la base d’Ouaddi-Doum, dans la bande contestée d’Aouzou une plate-forme surarmée destinée à appuyer les actions de ses troupes contre le Tchad. Pour camoufler la montée en puissance de cette menace, il avait déployé toute une propagande complaisamment relayée par certains médias qui présentait Ouaddi-Doum comme une plateforme logistique destinée à fournir une aide humanitaire au Sahel.

Le 14 février 1986, le président de la République François Mitterrand autorisait la neutralisation de la base libyenne. L’opération devait être exécutée par un raid aérien de douze Jaguar français opérant directement à partir de Bangui [1]. Le SIRPA (service d’information et de relations presse des armées) que je dirigeais attirait l’attention de Monsieur Paul Quilès, alors ministre de la Défense, sur le risque de voir apparaître dans la presse des photos de femmes et d’enfants tués par nos bombes. Monsieur Quilès donnait alors l’ordre d’adjoindre à nos avions des caméras et appareils de photos qui rapporteraient la preuve que cet aérodrome était bien une base militaire fortement armée. Le dispositif s’avéra efficace et deux jours plus tard le 16 février 1986. L’Armée de l’Air [2] réussit à neutraliser la piste d’envol tout en récupérant des dizaines de photos démontrant l’évidence du caractère totalement militaire de cette plateforme. Dès que les photos du bombardement furent disponibles à Paris, le 20 février, le Général Litre, qui dirigeait les opérations de l’Armée de l’Air tenait au Ministère de la Défense une conférence de presse qui acheva de détruire le mythe libyen.

A quoi faut-il s’attendre ?

La manœuvre de désinformation est déjà commencée avant même l’intervention de la coalition : Kadhafi essaie d’en diminuer la légitimité en proclamant qu’il accepte le cessez-le feu demandé par l’ONU. Heureusement des reporters sur le terrain témoignent que les attaques contre la population se poursuivent dans certaines villes.

Lorsque les actions aériennes seront lancées, il faut s’attendre à voir les médias convoqués pour constater des destructions d’habitations et dans les décombres des femmes et des enfants qu’il aura probablement lui même tués.

C’est pourquoi il serait préférable de frapper des colonnes dans le désert que des installations en bordure ou dans les villes et en tout état de cause de disposer d’images de chaque frappe pour démontrer qu’elles n’ont pas causées de dégâts collatéraux.

A l’ère de l’audiovisuel et aujourd’hui de l’audiovisuel numérique, le mensonge par manipulation de l’image devient une pratique de plus en plus courante dans la gestion des crises et la manipulation de l’opinion publique.

Gardons en mémoire l’affaire du charnier de Timişoara, il est probable que Kadhafi va essayer de nous servir une action de désinformation de ce type.

Sur les médias du monde entier est publiée la photo d’un père pleurant sur le corps de son bébé et de sa femme devant un charnier à Timişoara, où, d’après les insurgés, les émeutes des 17 et 19 décembre ont fait 4 632 morts. Cette photo accable le régime de Nicolae Ceauşescu, le dernier dictateur communiste européen. En fait cette photo, réalisée par un reporter américain, est un montage : Les opposants ont réalisé la macabre mise en scène en déterrant une vingtaine de cadavres du cimetière ; l’homme n’est pas le père de l’enfant ; ce dernier a été victime de la mort subite du nourrisson ; et la femme, qui n’est pas sa mère, a été emportée par une cirrhose.

Ces exemples démontrent qu’il faut apporter à la gestion médiatique de cette crise autant d’importance qu’à sa gestion diplomatique et militaire. L’objectif est de maintenir aux yeux de l’opinion la légitimité de l’action entreprise en gardant en permanence en mémoire qu’en démocratie il n’est de légitimité que reconnue par l’opinion publique.

Général (2S) Jean-Bernard PINATEL

[1] Capitale du Centre-Afrique, État africain ayant une frontière commune avec le Tchad.

[2] Raid de 8 jaguar depuis Bangui à plus de 1 600 km, escortés de 4 F1 soutenus par 2 Atlantic et ravitaillés par 5 C135.

Source : Libye : la guerre contre Kadhafi, militaire et médiatique


La clé du succès : frapper l’intendance de Kadhafi

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A quoi doivent s’attaquer les avions de la coalition ? Aux blindés, aux troupes au sol ? A l’intendance, dépôts de carburant, de munitions, et de pièces détachées, rappelle le Général Jean-Bernard PINATEL (2S).

Coalition

Depuis le début de l’intervention de la coalition on voit les forces fidèles au Colonel Kadhafi poursuivre leur action dans plusieurs villes. Les combats continuent avec des pertes importantes du coté des insurgés.

Les forces de Kadhafi sont composées de chars et d’artillerie. Ce sont des forces motorisées et mécanisées. Pour combattre, elles doivent être soutenues quotidiennement par un important flux logistique en carburant, munitions, pièces détachées et moyens de réparation. Sans cette mise à niveau quotidienne, leur capacité opérationnelle s’étiolera très rapidement et les hommes qui les servent devront abandonner les armes qui leur fournissent actuellement une supériorité face aux insurgés.

Pour rendre cette puissance inutilisable contre la population civile il faut donc frapper les dépôts de carburant et de munitions où cette armée se ravitaille et couper leurs lignes logistiques en frappant les citernes et camions de munitions qui circulent probablement de nuit sur les axes.

Face au risque de voir notre intervention s’éterniser et les pertes des insurgés s’accroître, il faut donc s’interroger sur l’emploi restrictif de nos forces aériennes.

En effet, si j’en crois le porte-parole du Ministère de la Défense, nos pilotes n’ouvrent le feu que lorsque des civils sont directement menacés. Or laisser se dérouler le ravitaillement en carburant et en munitions des forces de Kadhafi c’est aussi accepter une menace directe contre les populations mais différée de quelques heures.

De plus, si ce sont les consignes qui sont effectivement données à nos pilotes, la situation risque de ne pas évoluer car d’un coté on aura une armée mécanisée même réduite mais qui se ravitaillant quotidiennement continuera à être capable de se déplacer et de combattre face des insurgés ne disposant que des armes légères.

Frapper la logistique de Kadhafi est la clé d’un succès rapide de notre intervention.

Général (2S) Jean-Bernard PINATEL

Source : La clé du succès : frapper l’intendance de Kadhafi


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