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Une initiative de politique étrangère électoraliste

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L’initiative française d’une conférence internationale à Paris en Mai pour relancer la solution des deux États d’Israël et de Palestine n’a aucune chance d’aboutir au moindre résultat. François Hollande le sait mais donne ainsi à toute la gauche un gage de plus en espérant la rassembler pour 2017. Cette opération électoraliste va mobiliser des forces de police déjà exténuées par la lutte contre l’Etat islamique ainsi que par le refus d’interdire les « nuits debout » et va couter inutilement de l’argent au contribuable français.

Ce coup électoral a été lancé le29 janvier 2016 par une déclaration de Laurent Fabius : « Nous constatons malheureusement que la colonisation continue. Nous ne devons pas laisser se déliter la solution des deux États. C’est notre responsabilité de membre permanent du Conseil de Sécurité et de puissance de paix. La France engagera donc dans les semaines qui viennent des démarches afin de préparer une conférence internationale rassemblant autour des parties leurs principaux partenaires – Américains, Européens, Arabes, notamment « . Si cette « ultime tentative de solution négociée se heurte à un blocage (…), nous devrons prendre nos responsabilités en reconnaissant l’État palestinien ». Repris en compte par Jean-Marc Ayrault, cette initiative vient d’être rejetée par Israël [1] et par là-même échoue avant même d’avoir commencée.

Les raisons de cet échec annoncé sont multiples et sont liées au contexte de l’élection présidentielle aux Etats-Unis, à l’accord, signé le 23 avril 2014,de réconciliation entre leFatah, parti de Mahmoud Abbas, et le Hamasau pouvoir à Gaza, mouvement islamiste considéré comme terroriste par les Etats-Unis et l’Union Européenne. Il fournit à Israël une juste raison de ne pas reprendre les relations bilatérales.Enfin,la guerre au Moyen-Orient contre l’Etat islamique détourne l’attention de la population mondiale, des médias et des hommes politiques de ce conflit,permettant à Israël d’accélérer la colonisation de la Palestine.

L’élection présidentielle américaine

Le dernier essai d’Obama pour faire avancer le règlement du conflit israélo américain,qui date d’avril 2014, a été la mission de John Kerry qui s’est traduite par un échec cuisant [2]. Alors que la campagne présidentielle pour sa succession bat son plein aux Etats-Unis, Obama ne peut pas exercer une pression sur Israël qui serait un cadeau électoral pour Donald Trump et qui pénaliserait Hilary tant le lobby israëlo-américain pèse de tout son poids dans cette élection.

L’accord entre le Fatah et le Hamas fournit un argument de poids à Israël pour ne plus négocier

L’annonce, mercredi 23 avril 2015, d’un accord de réconciliation entre les frères ennemis palestiniens, le Fatah, parti de Mahmoud Abbas, et le Hamas au pouvoir à Gaza,considéré comme terroriste par les Etats-Unis et l’Union Européenne met « de facto » un terme au « processus de paix ».En effet, si le Fatah et l’Autorité palestinienne privilégient une coexistence pacifique avec Israël, le Hamas prône la lutte armée et persiste à vouloir établir un Etat palestinien « de la mer au fleuve » (de la Méditerranée au Jourdain), ce qui revient peu ou prou à nier l’existence d’Israël.

La guerre contre Daech détourne l’attention des chancelleries de ce qui se passe en Palestine

Le nombre de constructions d’unités de logements dans les implantations en Cisjordanie a triplé en 2014 par rapport à 2012, passant de 1.133 à 2.534 en 2013 et 3.100 en 2014, selon des statistiques officielles israéliennesalors qu’à l’intérieur d’Israël, sur la même période, la hausse n’a pas dépassé… 4 % [3]. Cette colonisation rampante empêche « de facto » la solution à deux Etats, sur les lignes de 1967, qui était la formule de règlement du conflit la plus réaliste.

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Alors pourquoi François Hollande a-t-il voulu prendre cette initiative vouée à l’échec ? C’est clairement une initiative de politique intérieure visant deux buts :

  • rassembler la gauche à un peu plus d’un an de l’élection présidentielle. Il suffit pour s’en rendre compte d’analyser quels sont les parlementaires qui ont voté le texte de la « petite loi » n°439 adopté par l’assemblée nationale le 2 décembre 2014. Dans son article 5 [4] elle « Invite le Gouvernement français à reconnaître l’État de Palestine en vue d’obtenir un règlement définitif du conflit ». Ce texte a été adopté par 339 voix sur 490 suffrages exprimés. 323 voix sur 339 soit 95% des votes favorables provenaient de la majorité présidentielle [5].
  • Obtenir les voix des musulmans de France dont le soutien aux palestiniens est total.

Ainsi dans le domaine diplomatique comme dans celui de l’économie, les moyens de l’Etat et l’argent des français sont, une fois deplus, mis au service de la réélection de François Hollande.


Général (2S) Jean-Bernard PINATEL

[1] http://abonnes.lemonde.fr/proche-orient/article/2016/04/28/israel-rejette-l-idee-francaise-d-une-conference-internationale_4910641_3218.html
[2] http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2014/04/08/israel-palestine-les-quatre-erreurs-de-john-kerry_4397391_3218.html#BSxvsG5PtDFLf60f.99
[3] Bureau des statistiques israéliennes
[4] Constatant la volonté des peuples israélien et palestinien de vivre en paix et en sécurité ;Constatant l’échec des tentatives de relance du processus de paix engagées depuis 1991 entre Israéliens et Palestiniens par la communauté internationale ;Constatant les menaces pesant sur la solution des deux États, et notamment la poursuite illégale de la colonisation dans les territoires palestiniens qui mine la viabilité même d’un État palestinien, malgré les capacités institutionnelles dont s’est dotée l’Autorité palestinienne et la reconnaissance que lui a accordée l’Assemblée générale des Nations Unies ;Constatant la montée des tensions à Jérusalem et en Cisjordanie, qui menace d’engendrer un nouveau cycle de violence néfaste pour l’ensemble des populations de la région ;1. Souligne que le statu quo est intenable et dangereux car il nourrit les frustrations et la défiance croissante entre les deux parties ;2. Souligne l’impératif d’une reprise rapide des négociations entre les parties selon des paramètres clairs et un calendrier déterminé ;3. Affirme l’urgente nécessité d’aboutir à un règlement définitif du conflit permettant l’établissement d’un État démocratique et souverain de Palestine en paix et en sécurité aux côtés d’Israël, sur la base des lignes de 1967, avec Jérusalem pour capitale de ces deux États, et fondé sur une reconnaissance mutuelle ;4. Affirme que la solution des deux États, promue avec constance par la France et l’Union européenne, suppose la reconnaissance de l’État de Palestine aux côtés de celui d’Israël ;5. Invite le Gouvernement français à reconnaître l’État de Palestine en vue d’obtenir un règlement définitif du conflit
[5] Groupe socialiste, républicain et citoyen 279/288 ; groupe écologiste 18/18 ; groupe de la gauche démocrate et républicaine (communistes) :15/15 ; groupe radical, républicain, démocrate et progressiste : 11/17:

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