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Afghanistan :
l’irresponsabilité de Martine Aubry

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Au lendemain de la mort d’un 74ème soldat français en Afghanistan, Martine Aubry a affirmé qu’il fallait un changement de stratégie et un retrait plus rapide des troupes. Un discours démagogique ?

« Il faut un retrait militaire rapide d’Afghanistan », a déclaré Madame Aubry à l’occasion de la mort, ce dimanche, 14 août 2011, du 74ème soldat français sur ce théâtre d’opérations où nos forces sont engagées depuis dix ans, utilisant une émotion légitime pour formuler une proposition démagogique et contraire à la sécurité des Français.

Faut-il lui rappeler que François Mitterrand, auquel tous les candidats socialistes font référence, avait eu une attitude autrement plus responsable après la tragédie du Drakkar au Liban où 58 parachutistes avaient trouvé la mort le 23 octobre 1983 ? Dans une déclaration à son retour du Liban, où il s’était rendu au lendemain du drame, François Mitterrand réaffirmait notre engagement en ces termes: « A tous, je dis qu’un pays est grand par sa force d’âme, sa résolution comme par les amitiés et le respect qui les méritent. La France reste et restera fidèle à son histoire et à ses engagements ».

Je voudrais une fois de plus rappeler certaines évidences que les candidats à la présidence de la République ne doivent pas oublier et dont Nicolas Sarkozy a compris toute l’importance durant son premier mandat.

Combattre Al-Qaïda en Afghanistan oblige cette organisation à concentrer ses efforts sur le théâtre AfPak (Afghanistan et Pakistan) au lieu de disposer de tous ses moyens pour nous attaquer sur notre sol. Si par un retrait rapide de nos troupes nous laissons l’Afghanistan redevenir un sanctuaire d’Al-Qaïda nous lui fournissons une base pour entrainer et fanatiser ses combattants. Cela équivaut à accepter à nouveau des morts et des blessés civils en France.

Par ailleurs, l’emploi des forces armées sur des théâtres d’opérations extérieurs reste au XXIe siècle un outil d’autant plus indispensable pour la politique étrangère et pour la sécurité d’un État que les menaces auxquelles nous avons à faire face sont diffuses et dépassent nos frontières.

Rester en Afghanistan : une nécessité pour l’armée française

En outre, une armée qui n’est pas engagée dans des opérations se fonctionnarise et perd de sa valeur opérationnelle. Les chefs qui accèdent aux plus hauts postes sont choisis pour leurs qualités de gestionnaires et non plus sur leur aptitude à commander au combat. En effet, la capacité opérationnelle des forces armées est le résultat de multiples retours d’expérience à tous les niveaux qui ne s’acquièrent qu’en opération. Je suis toutefois conscient que mes propos peuvent choquer les familles des morts et des blessés.

Mais une armée, pour remplir pleinement les missions que lui confient la nation, doit être engagée dans des combats, ce qui entraine nécessairement des morts et des blessés. Ces engagements sont indispensables pour forger jour après jour la force morale des soldats et adapter les modes d’action et les équipements à la réalité du champ de bataille. Refuser cette évidence c’est dépenser beaucoup d’argent pour la Défense sans être assuré de l’efficacité de cet investissement.

Enfin, je ne peux passer sous silence le tribut que payent chaque année les jeunes français qui consomment de la drogue provenant d’Afghanistan, conséquence de l’absence dans ce pays d’un gouvernement responsable et non corrompu, et d’un développement économique qui éradique la pauvreté. Ceux qui prônent un retrait rapide d’Afghanistan font, sans le dire, subir à nos compatriotes la pérennisation des conséquences de la drogue qui y est produite et qui engendre près de 300 morts par an en France.

Comme je l’ai écrit dans un précédent article, le désengagement d’Afghanistan est une manœuvre complexe et délicate qui demande du temps et qui ne doit pas être soumise à une quelconque démagogie électoraliste, en France comme aux États-Unis.

Général (2S) Jean-Bernard PINATEL

Autres sources : Atlantico

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