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La France paye à Bagdad
son activisme dans le dossier iranien

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Jean-Bernard PINATEL - Président de LP Conseil et de Tiger Corporate Security – Fondée en 2009 avec deux associés, un Français, d’origine irakienne, et un Irakien, résidant à Bagdad, cette société réalise des études de sûreté générale, d’intelligence économique et mène des missions de protection et d’intermédiation.

Un convoi de l’ambassade de France à Bagdad a été visé, lundi matin, le 20 juin 2011, à 08h17, par un attentat terroriste à la voiture piégée dans le quartier d’El Masbah, au sud de Bagdad, non loin de la résidence de l’ambassadeur de France à Bagdad, faisant sept blessés irakiens dont quatre gardes irakiens de l’ambassade. Les trois autres sont des passants qui se trouvaient là par hasard. Aucun membre du personnel diplomatique français ni du personnel français de sécurité n’a été touché, d’après le porte-parole de l’ambassade. L’attentat a eu lieu sur le trajet habituel emprunté par les convois de l’ambassade entre la résidence de l’ambassadeur et les bâtiments de l’ambassade. C’est le second attentat de ce genre dont l’ambassade est victime en trois semaines. Le premier attentat a eu lieu également sur le même trajet.

Le mode d’action choisi et le quartier de Bagdad où il s’est déroulé fait penser que la main de l’Iran est derrière cet attentat.

Quels messages sont-ils ainsi lancés par les iraniens vers les responsables politiques français ? Deux dossiers irritent fortement les iraniens.

La France a toujours suivi voire précédé inutilement la position américaine de diabolisation de l’Iran sur le dossier nucléaire alors que tout laisse à penser qu’il s’agit, une fois de plus, d’une désinformation du lobby militaro-industriel américain [1].

Bien plus, la veille de l’attentat, elle a accueilli le 19 juin à Villepinte, le rassemblement européen de plusieurs dizaines de milliers d’exilés et opposants iraniens. Cette manifestation aurait notamment réuni autour de Maryam Radjavi, présidente élue de la Résistance iranienne, plusieurs personnalités américaines très en pointe sur la dénonciation du régime iranien comme Rudy Giuliani, ancien maire de New York et candidat à la présidence des États-Unis (2008),Tom Ridge, premier secrétaire à la Sécurité intérieure des États-Unis (2003-2005) ou Bob Filner, membre du congrès et Président du Comité de la Chambre sur les affaires des anciens combattants depuis 2007. Tous les orateurs ont dénoncé avec vigueur la répression menée par le régime iranien notamment contre la principale organisation d’opposition irakienne, celle des Moudjahiddines du Peuple.

Autant il est légitime de fustiger le régime autoritaire du Président Mahmoud Ahmadinejad, autant il est contreproductif de suivre les États-Unis dans la dénonciation d’une menace inexistante. Par ailleurs, il serait utile que des leaders politiques français expriment leur souhait d’un retrait total des forces américaines d’Irak, selon le calendrier prévu (décembre 2011). Une évolution de la position française sur le dossier nucléaire iranien et une affirmation du souhait de voir l’Irak retrouver en décembre sa pleine souveraineté seraient de nature à tarir une source inutile de risques contre nos ressortissants en Irak.

Général (2S) Jean-Bernard PINATEL

[1] Lire mon précédent article du 10 juin 2011 : « L’arme nucléaire de l’Iran : une autre désinformation américaine qui se dégonfle ».

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