La bataille de Mossoul
Point de situation trois mois après le début des combats
La bataille de reconquête de Mossoul a commencé le 17 octobre 2016. Environ 100 000 hommes sont mobilisés pour cette bataille (voir mes précédentes analyses) face à 3 000 à 5 000 djihadistes. Mais seulement 15 000 hommes des forces spéciales irakiennes (la division d’or) composées à 80% de chiites mènent réellement le combat. Ils ont été spécialement formés et équipés pour le combat urbain par les Américains. Les 85 000 autres assurent le bouclage de la ville et de ses environs, les appuient, réoccupent et nettoient le terrain conquis. Les Peschmergas assurent le bouclage au Nord et à l’Est mais n’exercent aucune pression offensive. Les milices de l’organisation de mobilisation populaire réalisent le bouclage au Sud-Ouest et à l’Ouest.
Il aura fallu trois mois à cette force pour parvenir aux faubourgs de Mossoul et conquérir 40% de la ville, sa partie Sud-Est qui est la plus ouverte ce qui a facilité l’appui des forces de première ligne.
La situation au 10 janvier du front est reportée sur la carte ci-dessous :
Ces trois mois ont couté 4 000 morts aux forces d’assaut et 3 000 blessés. La Division d’or qui mène le combat a perdu environ 50% de ses effectifs. Dans toute autre armée elle serait relevée du front, mise au repos et ne participerait plus aux combats. Mais même après ces pertes, la motivation des soldats chiites reste très grande car la plupart des combattants sont très religieux et agissent sous l’impératif d’une fatwa émise par l’ayatollah Sistani, l’un des plus grands leaders chiites, qui a décrété que Daech était l’ennemi numéro un.
Néanmoins, la division d’Or affaiblie n’est plus capable de mener une grande offensive et, après une pause d’un mois de remise en condition, sa progression est très lente et se fait maison par maison. De plus la progression a lieu actuellement dans la partie Est de Mossoul, la plus moderne et la plus ouverte alors que les combats à venir dans la vieille ville qui se trouve à l’Ouest du Tigre se feront dans des rues étroites avec une densité plus grande de population qui vont rendre la progression encore plus difficile et couteuse.
Trois options théoriques s’offrent aujourd’hui :
1) Les djihadistes souhaitent se replier vers la Syrie, option qui n’est pas envisageable actuellement parce que le bouclage de la ville est complet ;
2) Une négociation, comme à Alep, est engagée prochainement permettant aux djihadistes de se replier avec armes et bagages vers la Syrie ce dont ne veulent actuellement ni les Russes ni les Turcs ;
3) Les djihadistes n’ont plus d’autre option que de résister sur place.
Dans cette dernière option, la libération complète de Mossoul demandera encore de longs mois et ne pourra pas survenir au mieux avant la fin du printemps.