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Le califat autoproclamé de l’OEI a été éliminé, annoncent les Forces démocratiques syriennes

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« La guerre n’est pas terminée »

L’organisation État islamique a perdu son dernier bastion syrien à Baghouz, ont annoncé, samedi, les Forces démocratiques syriennes, déclarant leur victoire définitive sur le groupe jihadiste.

L’analyse du général Jean-Bernard Pinatel, expert en géostratégie

Source : FRANCE 24


Acte XIX des Gilets jaunes : pourquoi le choix du gouvernement de communiquer sur le rôle de l’armée est catastrophique

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La décision de déployer des unités de la force Sentinelle pour protéger des lieux qui pourraient faire l’objet d’attaques par les extrémistes est une décision symbolique forte.

Avec Jean-Bernard PINATEL

Atlantico : N’y a-t-il pas au départ une erreur de communication à l’origine de l’imbroglio autour de la participation de forces armées au dispositif de la journée de samedi ?

Jean-Bernard Pinatel : La décision de déployer des unités de la force Sentinelle pour protéger des lieux qui pourraient faire l’objet d’attaques par les extrémistes (Black Blocs, anarchistes, etc.) est une décision qui a une portée symbolique forte et comme toute décision de cette importance elle doit être évaluée sur la forme, sur le fond et sur son opportunité.

Sur la forme, cette décision a fait l’objet d’une annonce par le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux à la sortie du Conseil des Ministres: « La mission Sentinelle sera mobilisée de manière « renforcée » samedi dans le cadre des manifestations des « gilets jaunes » afin de protéger des bâtiments officiels et autres « points fixes » », a-t-il dit.

Cette décision marque une escalade symbolique très forte du gouvernement dans le maintien de l’ordre. Aussi Il est très étonnant qu’elle ait été faite à la presse de façon si brève par le porte-parole du gouvernement à l’issue du conseil des Ministres et sans en préciser les modalités. Immédiatement les supputations les plus extrêmes ont circulé dans les médias et les médias sociaux. Cette annonce aurait dû être réalisée conjointement lors d’une conférence de presse par le Premier Ministre et le chef d’Etat-Major des armées. Cela aurait évité les déclarations plus ou moins contradictoires des porte-paroles civils et militaires qui ont réagi à chaud sans visiblement avoir des éléments de langage communs sur la nature et les modalités de cet engagement dans le cadre d’une opération de maintien de l’ordre.

On entend tout et son contraire depuis l’annonce par le gouvernement du déploiement de militaires lors de la manifestation des Gilets jaunes. Quel est le cadre précis de la mission confiée à l’armée ce samedi ?

Sur le fond, les armées françaises ne font plus de maintien de l’ordre depuis en 1921 date de création de la gendarmerie mobile qui constituent les forces de deuxième catégorie. Le dispositif sentinelle fait partie du dispositif anti-terroriste et sa mission est une protection des points sensibles par des éléments fixes et mobiles. Dire que cela ne change rien à leur mission comme l’a affirmé le Général gouverneur de Paris est en partie faux. Car une mission se définit certes par un effet à produire mais aussi par un contexte dans lequel on doit la remplir et surtout par la nature de l’ennemi auquel on va être confronté. Si l’effet à produire : défendre des points sensibles est le même, la situation est profondément différente. On est plus dans un contexte anti-terroriste comme devant la pyramide du Louvre où, en février 2017,des parachutistes de la 3ème compagnie du 1er RCP ont été attaqués par un terroriste égyptien au cri de l’ « Allah Akbar » qu’ils ont blessé et maitrisé mais dans le cadre d’un maintien de l’ordre. Et surtout l’ennemi auquel risquent d’avoir à faire les soldats n’est pas le même. Dans une opération anti-terroriste ils sont face à des ennemis qui sont là pour tuer. Demain ils seront face à des anarchistes en majorité français qui sont là pour les harceler et piller.

Interrogé ce matin sur France Info, le gouverneur militaire de Paris, le général Bruno Leray, a évoqué les consignes qu’il a reçu dans le cadre du déploiement de militaires ce samedi au cours de la manifestation. Il a évoqué la procédure évoquant la possibilité d' »aller jusqu’à ouvrir le feu ». Cette déclaration vous semble-t-elle surprenante ?

Votre question m’amène à discuter de l’opportunité de cette décision. Pour cette mission les militaires n’ont pas les protections et les armes non létales des gendarmes mobiles. S’ils sont confrontés à des jets de pavés ou de cocktails Molotov, ils n’ont que leurs armes de guerre pour se défendre. Après les sommations d’usage ils n’auront d’autre choix que de tirer. A mon avis ce qui s’est passé samedi dernier ne justifie pas l’engagement de l’armée. Les forces de l’ordre n’ont pas pu empêcher le saccage des Champs Elysées parce que des ordres leur avaient été donnés pour limiter l’emploi des armes non létales qu’elles ont en dotation et peut-être aussi à cause d’une stratégie opérationnelle inadaptée. Mais en prenant cette décision le Président de la République joue un coup de poker. Si les extrémistes sont dissuadés de s’en prendre à l’armée et n’attaquent aucun des points sensibles qu’elle protège, cela permettra de libérer des forces de 2ème catégorie pour contrôler les manifestants. Dans le cas contraire on peut tout craindre et tout dépendra de l’entrainement, de la discipline et du sang-froid des chefs des unités qui seront attaqués.


Général (2S) Jean-Bernard PINATEL
Secrétaire Général du Think Tank GEOPRAGMA
Auteur de « Histoire de l’Islam radical et de ceux qui s’en servent », Lavauzelle, Mai 2017

Source : ATLANTICO


Algérie : 4 scénarios de sortie de crise

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La jeunesse algérienne, en manifestant pacifiquement en masse dans les grandes villes d’Algérie, a obtenu que le Président algérien renonce se présenter. Mais ce premier recul a été utilisé par le clan au pouvoir comme un prétexte pour reporter les élections présidentielles prévues le 18 avril afin qu’une conférence nationale modifie la Constitution. En effet, le clan qui entoure Said Bouteflika, rêve depuis toujours d’une succession à la cubaine, et l’ajournement des élections présidentielles était la première marche vers cette confiscation du pouvoir.

Si le camp présidentiel - Front de libération nationale (FLN), parti du président Abdelaziz Bouteflika ou Rassemblement national démocratique (RND), son principal allié ont estimé immédiatement que les propositions faites répondaient «aux aspirations du peuple», l’opposition, marginalisée par la contestation populaire, les a rejetées. Le parti islamiste, le Mouvement de la société pour la paix (MSP) a dénoncé un essai «de contourner la volonté des Algériens», tandis que le Parti des Travailleurs (PT) a estimé que «la prolongation du quatrième mandat» traduisait «une volonté de travestir la volonté de l’écrasante majorité du peuple». L’Avant-garde des Libertés, parti d’Ali Benflis, ancien Premier ministre de M. Bouteflika passé à l’opposition, y voit une de «ces dernières manœuvres désespérées. Ali Benflis, est un des rares opposants à disposer d’une notoriété nationale [1]. Il s’est insurgé contre «une violation manifeste de la constitution». « Le peuple algérien qui, après avoir refusé l’idée extravagante d’un cinquième mandat, puis l’idée non moins extravagante d’un cinquième mandat abrégé, se voit mis devant le fait accompli d’une prorogation illégitime et inconstitutionnelle du mandat présidentiel en cours ».

Quant à la contestation populaire issue de l’historique journée du 22 février, elle n’a pas été dupe de la manœuvre du pouvoir et n’est pas prête à se démobiliser. Dès cette annonce, les étudiants se sont mobilisés dans toute l’Algérie, notamment à Constantine, troisième ville du pays, où près d’un millier d’entre eux a défilé avec des enseignants. Des assemblées générales se sont immédiatement réunies sur plusieurs campus. Vendredi dernier 15 mars, la mobilisation était aussi forte que les semaines précédentes et une fois encore ces manifestations se sont déroulées sans incidents majeurs. Les observateurs ne notent aucun indice d’un essoufflement du mouvement mais les slogans changent. Les étudiants ont répété à l’envie: «On a demandé des élections sans Bouteflika, ils nous ont mis Bouteflika sans les élections.» ; « Pas de prolongement du 4e mandat, partez »; « Ni Bedoui ni Saïd, la transition sera sans vous » « LA 2ème République est en téléchargement. Elle est à 70% ; « On ne veut pas d’une mise à jour du système, mais son formatage ».

Face à la détermination des manifestants, le clan Bouteflika semble désemparé et enregistre des défections, notamment celles de plusieurs députés du FLN qui ont démissionné. De plus, le président algérien a perdu la semaine dernière le soutien des trois principales associations d’anciens combattants de la guerre d’indépendance. Mercredi 6 mars, l’Organisation nationale des Moudjahidines [2] a dénoncé dans un communiqué, des institutions qui ne sont “pas à la hauteur des aspirations du peuple” ; le même jour l’association des anciens du MALG [3] a retiré son soutien au Président et a stigmatisé les “manœuvres” pour “perpétuer un système qui a atteint des limites et risque de mener le pays aux plus graves périls”. Le lendemain un communiqué de l’Organisation nationale des Enfants de Chouhada [4] a apporté son soutien “au mouvement populaire contre le cinquième mandat”.

Les milieux d’affaires eux-mêmes se divisent. “Les premières fissures, écrit Le Figaro, ont commencé à apparaître dans les milieux d’affaires, au Forum des chefs d’entreprise (FCE), ce puissant syndicat patronal dirigé par Ali Haddad”, réputé proche du clan Bouteflika. “Plusieurs démissions de figures importantes de l’organisation ont été suivies d’un communiqué signé par onze chefs d’entreprise expliquant que le FCE originel ne peut rester sourd à l’expression populaire à laquelle il adhère complètement”, poursuit le journal français.

Enfin le général Ahmed Gaïd Salah a souligné le 6 mars, les “liens nobles et sincères” de l’armée avec le peuple précisant que les forces armées sont “résolument engagées à garantir” la sécurité de l’élection présidentielle, afin de permettre aux Algériens de voter “dans un climat de sérénité, de quiétude et de stabilité” sans, à aucun moment de son discours, citer le Président.

Aussi au surlendemain de la journée du 15 mars où les manifestants ont rejeté massivement ce qu’ils perçoivent comme une manœuvre du pouvoir, quatre scénarios de sortie de crise sont envisageables et doivent être évalués.

1. Une transition à la cubaine

Le Président pourrait déléguer ses pouvoirs à son frère Saïd comme l’a fait Fidel Castro. Saïd s’engagerait à organiser des élections présidentielles avant l’été ; les manifestations s’essouffleraient, le Général d’Ahmed Gaid Salah, vice-ministre de la Défense et chef d’Etat-Major de l’ALN partant à la retraite en mai 2019 serait remplacé par un fidèle du clan Saïd. Quelques manifestations avec débordements pourraient être organisées par le pouvoir et réprimées ; l’état d’urgence serait décrété et les élections repoussées sine die. A mon avis ce scénario de la dernière chance pour le clan Bouteflika est aujourd’hui dépassé.

2. Un scénario syrien

SI le clan persistait à vouloir organiser une transition à la cubaine, il est fort probable que le peuple algérien n’accepterait pas une confiscation du pouvoir, même provisoire. Les manifestations jusqu’ici pacifiques pourraient dégénérer notamment du fait des islamistes qui sont restés jusqu’ici étrangement silencieux. Certains d’entre eux, infiltrés parmi les manifestants pourraient ouvrir le feu sur les forces de l’ordre qui riposteraient faisant un nombre importants de morts et de blessés. l’Algérie dont 50% de la population n’a pas connue « les années de braise » s’enfoncerait pas à pas dans une nouvelle guerre civile. Ce scénario, compte tenu des défections des principales organisations d’anciens combattants qui ont connu ces années sombres, m’apparait possible mais peu probable

3. Un scénario égyptien

Les manifestations s’amplifieraient devant l’obstination du clan au pouvoir, le Général d’Ahmed Gaid Salah prendrait provisoirement le pouvoir en assurant que l’armée n’est intervenue que pour permettre me retour vers le processus prévu par la Constitution. Il s’engagerait à permettre des élections présidentielles libres avant la fin de l’année. Compte tenu des liens étroits qui existent entre l’armée égyptienne et l’armée algérienne, ce scénario présente une probabilité non négligeable surtout si les manifestations dégénéraient.

4. Un scénario constitutionnel

Les défections s’accélèrent dans le clan Bouteflika ; les replâtrages comme le remplacement du premier ministre Ahmed Ouyahia par Noureddine Bedoui, intime d’un autre frère du Président, Abderrahim Bouteflika, la désignation du chef de la diplomatie Ramtane Lamamra comme vice-premier ministre ont été clairement rejetés par les manifestants. De même, Lakhdar Brahimi, 85 ans choisi pour piloter la « conférence nationale indépendante, a renoncé dès le 13 mars.
Finalement sans issue et ne pouvant plus compter sur le soutien de l’armée, le clan Boutelflika se résoudrait au moins provisoirement à appliquer la Constitution ce qui lui permet de gagner du temps.
En effet, la Constitution algérienne prévoit qu’à la mort du chef de l’Etat ou en cas d’empêchement [5], le président [6] du « Conseil de la nation » assume la charge de Chef de l’Etat pour une durée de quatre-vingt-dix (90) jours au maximum, au cours de laquelle des élections présidentielles sont organisées.

Pour en arriver là, le processus prévu par la Constitution est complexe et conduit à repousser les élections au mieux fin juin 2019. En effet, L’article 102 de la Constitution algérienne 2016 prévoit que lorsque le Président de la République, pour cause de maladie grave et durable, se trouve dans l’impossibilité totale d’exercer ses fonctions, le Conseil constitutionnel se réunit de plein droit, et après avoir vérifié la réalité de cet empêchement par tous moyens appropriés, propose, à l’unanimité, au Parlement de déclarer l’état d’empêchement. Le Parlement siégeant en chambres réunies déclare l’état d’empêchement du Président de la République, à la majorité des deux tiers (2/3) et charge de l’intérim du Chef de l’Etat, pour une période maximale de quarante-cinq (45) jours, le Président du Conseil de la Nation. En cas de continuation de l’empêchement à l’expiration du délai de quarante-cinq (45) jours, il est procédé à une déclaration de vacance par démission de plein droit, selon la procédure visée aux alinéas ci-dessus et selon les dispositions des alinéas suivants du présent article.
Ce scénario est probablement la dernière voie qui permet au clan de gagner du temps pour espérer se donner les moyens de revenir au scénario 1, notamment en remplaçant le Général Gaid Salah qui doit partir à la retraite en Mai 2019 par un fidèle prêt à tout.

L’Algérie vit des moments historiques. Et s’il y a un conseil à donner à notre Président et à ses ministres c’est de se taire. Car la première intervention du chef de l’Etat après le renoncement de Bouteflika a été perçue en Algérie comme le soutien au processus rejeté massivement par les manifestations du 15 mars et ce n’est pas cela qui permettra à la France de préserver ses intérêts dans ce pays si proche.

[1] Il avait obtenu 12,3 % des voix aux élections présidentielles de 2014.

[2] ONM, qui regroupe les anciens combattants de la guerre d’indépendance.

[3] Service de renseignement de l’Armée nationale de Libération durant la guerre d’indépendance.

[4] Combattants de la guerre d’indépendance tués au combat.

[5] Constitution algérienne 2016 Art 102 Lorsque le Président de la République, pour cause de maladie grave et durable, se trouve dans l’impossibilité totale d’exercer ses fonctions, le Conseil constitutionnel se réunit de plein droit, et après avoir vérifié la réalité de cet empêchement par tous moyens appropriés, propose, à l’unanimité, au Parlement de déclarer l’état d’empêchement. Le Parlement siégeant en chambres réunies déclare l’état d’empêchement du Président de la République, à la majorité des deux tiers (2/3) et charge de l’intérim du Chef de l’Etat, pour une période maximale de quarante-cinq (45) jours, le Président du Conseil de la Nation. En cas de continuation de l’empêchement à l’expiration du délai de quarante-cinq (45) jours, il est procédé à une déclaration de vacance par démission de plein droit, selon la procédure visée aux alinéas ci-dessus et selon les dispositions des alinéas suivants du présent article.

[6] Le président actuel du Conseil de la nation est Abdelkader Bensalah qui est en poste depuis 2002 et a été réélu le 9 janvier 2013.


La planète est-elle plus instable que jamais maintenant qu’il n’y a plus de gendarme du monde évident ?

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Les tensions persistantes entre l’Inde et le Pakistan surviennent au moment où Donald Trump rencontre Kim Jong-un au Vietnam tandis que Jared Kuschner - gendre du Président américain - entame une tournée au Moyen Orient afin de défendre son plan de pacification par l’investissement.

Avec Jean-Bernard Pinatel

Atlantico: Faut-il en conclure que la situation géopolitique devient dès lors plus instable sans le concours des Etats-Unis, qui semblent avoir redéfini leur rôle de « gendarme du monde »?

Jean-Bernard Pinatel : La période 1945-1990 a certainement été une période d’une stabilité supérieure à celle qui a suivie l’effondrement de l’URSS car ces années ont été celles du bipolarisme dans lequel les deux principales puissances mondiales étaient à la fois adversaires et partenaires. Adversaires d’abord sur le plan idéologique et dans des guerres limitées où ils s’affrontaient par puissance régionale interposée. L’exemple type est en la guerre du Vietnam où les avions américains ont eu à affronter dans les airs les Mig19 soviétiques pilotés par les Nord-vietnamiens et qui s’est terminée en 1975 par la chute de Saigon. Mais aussi, partenaire pour éviter une escalade nucléaire aux extrêmes qui aurait conduit avec certitude à leur destruction réciproque. C’est pourquoi les deux superpuissances, après la crise des fusées de Cuba, entamèrent des négociations sur la limitation et la réduction des armes nucléaires. Ces négociations, qui se poursuivirent après 1990, aboutirent à plusieurs traités qui avaient pour but de maintenir une dissuasion réciproque, mais au plus bas niveau, et d’éviter des ruptures d’équilibre dangereuses comme celle de la crise des SS20 entre 1979 et 1983 [1] (qui aboutit au traité d’interdiction des missiles de moyenne portée duquel Trump vient de se retirer sous de fallacieux prétextes). Ce monde divisé en deux camps a connu une période de grande stabilité sous l’ombre terrifiante des arsenaux nucléaires des deux supergrands.


Avec l’effondrement de l’URSS en 1990-92, la seule superpuissance mondiale sont les Etats-Unis. Ils auraient effectivement pu être les « gendarmes du monde » si la mission de « forces de l’ordre » des gendarmes avait été prise au pied de la lettre par les Etats-Unis pour promouvoir un monde ouvert et en Paix. Au lieu de cela, notamment à partir de 2001, les Etats-Unis se sont comportés comme des pyromanes sous l’influence des néoconservateurs.

En Asie centrale, après le retrait des troupes soviétiques, deux chefs de guerre avaient les forces et le prestige pour diriger l’Afghanistan. Ahmad Shah Massoud, appelé le commandant Massoud et Gulbuddin Hekmatyar. Initialement associé dans le mouvement de la jeunesse musulmane, ces deux chefs de guerre se séparèrent et s’opposèrent après le soulèvement raté de 1975, initié par leur mouvement. La « Société islamique » se scinda alors. Les islamistes les plus modérés se rassemblèrent autour de Massoud, au sein du « Jamaat-e Islami » ; les éléments islamistes les plus radicaux fondèrent le « Hezb-e Islami » avec Gulbuddin Hekmatyar à leur tête.

Durant toute la lutte contre les soviétiques puis contre le régime pro-russe de Kaboul c’est Hekmatyar, le plus radical, qui reçut la grande majorité de l’aide américaine, conformément à la doctrine Casey. Et en favorisant l’Islam radical, ils finiront pas provoquer l’effondrement du régime de Kaboul, certes pro-russe mais laïc, qui fut remplacé par le régime islamique radical des Talibans. Ces derniers donnèrent asile à Ben Laden et favorisèrent le développement d’Al-Qaida.

Après le 11 septembre 2001, les néoconservateurs convainquirent Bush d’attaquer l’Irak sous le fallacieux prétexte que Saddam Hussein disposait d’armes de destruction massive. Et une fois encore au lieu d’un dictateur laïc, certes peu fréquentable, les Etats-Unis déstabilisèrent totalement les structures étatiques de ce pays et facilitèrent l’éclosion de l’Etat islamique.

Ces interventions occidentales, selon les tactiques américaines, ont causé des destructions massives aux infrastructures et des pertes civiles directes et indirectes dans ces pays, probablement de l’ordre de deux millions de personnes [2]. Le Colonel Legrier dans son retour d’expérience d’Irak écrit [3] « La question qui se pose est de savoir si la libération d’une région ne peut se faire qu’au prix de la destruction de ses infrastructures (hôpitaux, lieux de culte, routes, ponts, habitations, etc.). C’est là, l’approche assumée sans complexe, hier et aujourd’hui, par les Américains ; ce n’est pas la nôtre ».

C’est ce que résume parfaitement cette caricature

En Europe, contrairement aux promesses orales du secrétaire d’État américain James Baker faites à Gorbatchev [4], une fois le Pacte de Varsovie dissous, les Etats-Unis n’ont cessé de vouloir étendre l’OTAN jusqu’aux frontières de la Fédération de Russie, déstabilisant les régimes qui s’y opposaient comme celui du premier Ministre slovaque Méciar qui voulait que son pays rentre dans l’Union Européenne mais pas dans l’OTAN [5]. Les Etats-Unis ont financé, à caisses de dollars ouvertes, les partis d’opposition et la Slovaquie finit par rejoindre l’OTAN en 2004. La déstabilisation de l’Ukraine et la réaction russe en Crimée aboutit à la réinstauration d’une guerre froide entre l’Europe et la Fédération de Russie, offrant aux Etats-Unis leur objectif stratégique essentiel : éviter la création d’une Eurasie qui contesterait leur domination mondiale. Mais en poursuivant leur intérêt stratégique, les Etats-Unis le font au détriment du rôle qu’on leur attribue trop complaisamment de gardien de l’ordre mondial.

Le Président Trump durant sa campagne présidentielle n’a cessé de souligner le coût/efficacité négatif pour les Etats-Unis de ces interventions dans le monde et en particulier en Asie centrale et au Moyen-Orient, alors que la Chine apparait à terme comme la seule grande puissance mondiale capable de leur contester leur suprématie mondiale. Malgré les réticences de son administration, le Président Trump essaie, autant que faire se peut, de rester fidèle à son analyse et de tenir ses promesses électorales.

Quelles sont les conséquences régionales de cette apparente modification stratégique américaine, entre grandes et moins grandes puissances ?

Jean-Bernard Pinatel : Si le désengagement américain militaire se confirme, c’est clairement la Russie qui en bénéficiera au Moyen-Orient. Grâce à sa diplomatie et sa connaissance pointue du monde musulman et persan, Moscou est capable de parler à tout le monde et de maintenir un savant équilibre entre l’Iran, la Turquie, l’Arabie Saoudite, l’Egypte et aussi Israël et a su apparaitre, aux yeux des dirigeants de cette région, comme le seul grand qui tient ses engagements. Cela dit, les Etats-Unis resteront très présents du fait de leur poids économique et financier, de leurs livraisons d’armes et de la coopération militaire que cela implique dans le Golfe persique, en Irak et avec Israël. Quant à la Chine, elle avance ses pions en Afghanistan, au Pakistan et en Iran qui sont les pays les plus proches de ses frontières et riches en matières premières et en sources d’énergie. Quant à la France, sa stratégie de suivisme des Etats-Unis ne lui permet de recueillir que quelques miettes et elle a perdu, à cause de sa malheureuse politique syrienne, tout poids réel dans cette région du monde.

Dans le cas asiatique, qui présente la particularité de voir apparaître une puissance – La Chine- qui pourrait être la principale rivale des Etats-Unis, Washington n’aurait-il pas tendance à s’engager plus avant ?

Jean-Bernard Pinatel : Les Etats-Unis ne peuvent que constater, sans pouvoir s’y opposer directement, la montée en puissance de la Chine et notamment le contrôle de facto qu’elle a établi sur la mer de Chine, mer peu profonde (profondeur moyenne de l’ordre de 300 mètres) et dans laquelle ses sous-marins nucléaires lanceurs d’engins sont très vulnérables durant leur trajet vers les détroits qu’ils ont à franchir [6]pour gagner les eaux profondes du Pacifique. La stratégie des Etats-Unis est dictée par la géopolitique. Puissance maritime, les Etats-Unis cherchent à endiguer l’expansion chinoise vers ses voisins. Au Nord le Japon, la Corée du Sud et Taïwan que Trump ne veut pas reconnaitre comme appartenant à la grande Chine sans que Pékin en paye le prix [7]. Au Sud en soutenant le Vietnam qui s’affronte avec Pékin sur le contrôle des iles Paracels. Il est significatif que la rencontre Trump-Kim se situe à Hanoi [8] et aussi l’Indonésie, les Philippines et la Malaisie au Sud où les diplomaties des deux rivaux s’affrontent.

Pour ma part, je pense que le risque majeur pour les Etats-Unis reste la création d’une Eurasie sous l’égide de Pékin via les nouvelles routes de la soie. Le seul pays qui est capable de mettre à mal ce projet est la Fédération de Russie qui tout en collaborant avec la Chine s’en méfie viscéralement. C’est pour cela que je pense, qu’à plus ou moins long terme, on assistera à une volte-face américaine vis-à-vis de la Russie et nous payerons le prix de les avoir suivis dans la voie des sanctions économiques qui pénalisent notre économie mais pas la leur.


Général (2S) Jean-Bernard PINATEL
Secrétaire Général du Think Tank GEOPRAGMA
Auteur de « Histoire de l’Islam radical et de ceux qui s’en servent », Lavauzelle, Mai 2017

Source : ATLANTICO

Date de publication : 28/02/2019

[1] Qui aboutit au traité d’interdiction des missiles de moyenne portée duquel Trump vient de se retirer sous de fallacieux prétextes.

[2] Lire l’étude réalisée par des médecins légiste anglosaxons et téléchargeables en ligne Body Count.

[3] Dans un article que la Ministre des Armées a fait retirer de la Revue de Défense Nationale de février 2019. Quand on est un bon vassal on ne critique pas la manière de se comporter de son suzerain.

[4] 9 février 1990 au Kremlin.

[5] J’allais tous les 15 jours à cette époque à Bratislava.

[6] Entre le Japon et Okinawa et entre Okinawa et Taiwan où une multitude d’iles et ilots japonais rend ce franchissement discret pratiquement impossible.

[7] Il l’a reproché à Obama durant la campagne présidentielle d’avoir fait ce cadeau à Pékin sans contreparties.

[8] Le résultat maximum de ses conversations auquel on peut s’attendre n’est pas une dénucléarisation de la Corée mais son engagement à détruire les missiles capables de menacer les Etats-Unis.


« Les pays arabes sur la route de Damas : une leçon de réalisme à méditer »

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L’acte 3 du conflit syrien se joue en ce début d’année 2019 ; l’analyse d’Alexis Feertchak:

Deux événements ont marqué le mois de décembre et un troisième marquera le mois de janvier : fin 2018, nous avons assisté à la réouverture de l’ambassade des Emirats arabes unis (EAU) à Damas ainsi qu’à la visite du président soudanais Omar al-Bachir. Début 2019, se tiendra à Beyrouth un sommet économique de la Ligue arabe : la Syrie, qui n’en est plus membre, n’est pas invitée, mais son retour au sein de cette instance arabe sera à l’agenda de cette réunion, au moins officieusement.

Ces trois événements sonnent comme la conclusion de l’acte II de la guerre en Syrie autant que comme les prémisses d’un acte III. Précisons : de 2011 à 2015, l’acte I couvre cette période de déstabilisation du gouvernement syrien par une rébellion dont la puissance découlait avant tout du soutien de puissances sunnites (Turquie, Arabie Saoudite, Qatar), d’Israël et des pays occidentaux, à commencer par le premier d’entre eux, les Etats-Unis. Mais suivant les lois de la guerre contre-insurrectionnelle, le gouvernement syrien décida de se retirer dans les zones urbaines qui lui étaient acquises, abandonnant aux rebelles les villes les plus hostiles ainsi que les campagnes, dont la sécurisation aurait nécessité de disperser les troupes d’une armée réduite en nombre car expurgée de ses éléments les moins fiables. Pendant ce premier acte, Damas comptait sur le pourrissement de la situation dans les zones rebelles.

L’intervention russe en septembre 2015 ouvrit l’acte II : avec ses puissants alliés russe et iranien, le régime passa à l’offensive et regagna les territoires les plus stratégiques du pays – Alep au Nord fin 2016, mais aussi Deir Ezzor à l’Est fin 2017 et Deraa au Sud en 2018 – même s’il lui manque encore la province d’Idleb sous domination turque et la zone à l’est de l’Euphrate dominée par la coalition internationale et les Kurdes syriens. Cet acte II ne fut pas seulement militaire, mais aussi diplomatique : les avancées sur le terrain servirent à la Russie d’effet de levier politique pour changer les rapports de force régionaux. Le point de bascule fut la Turquie, principal soutien de la rébellion depuis 2011, qui se rapprocha de Moscou autant que de Téhéran, au grand dam de Washington. Persuadé que les Américains avaient voulu sa peau à l’été 2016 lors du coup d’Etat manqué, Erdogan, qui rêve de grandeur ottomane, ne supporta guère que les Etats-Unis s’appuient sur les Kurdes syriens, base arrière du PKK, pour tenter de contrer l’Iran en Syrie. Par un effet boomerang, la stratégie syrienne de Washington se trouva être parfaitement contre-productive : au lieu d’isoler la République islamique et ses mollahs, elle leur permit de former un trio Ankara-Moscou-Téhéran, qui passe également par Doha, le Qatar, principal centre des Frères musulmans avec Ankara, cherchant ainsi à sortir du blocus que lui impose avec peu de succès l’Arabie Saoudite. La formation de cet axe a une particularité notable : il s’appuie sur les seuls vieux Etats de la région, cœur des anciens empires : l’Empire russe, l’Empire perse, l’Empire ottoman.

Pour les pays arabes de la région bien plus que pour nous qui avons peine à sortir de nos œillères idéologiques, il est apparu clairement au fur-et-à-mesure des scènes de cet acte II qu’il ne servait à rien de rejouer la partition de l’acte I. Quel intérêt la Jordanie avait-elle à soutenir les rebelles du Front du Sud, incapables de réellement mettre en danger Damas ? Quel intérêt le Liban avait-il à observer le chaos s’étendre à ses frontières ? Quel intérêt l’Egypte, confrontée au terrorisme islamique, avait-elle à appuyer la déstabilisation du régime politique syrien qui fut longtemps son plus fidèle allié et avec lequel elle partage une forme de nationalisme laïc autant qu’une forme de démocratie autoritaire ? Quel intérêt les pays du Golfe avaient-il à jouer la surenchère verbale alors qu’ayant perdu sur le terrain militaire autant que politique, leur influence en Syrie risquait de se réduire à néant ? Questions rhétoriques. A Beyrouth, au Caire ou à Amman, la réponse est évidente : aucun pays arabe n’a intérêt à prolonger cette guerre.

Le scénario d’un acte III semble donc écrit, au moins dans les grands traits : les pays arabes vont prendre le chemin de Damas pour que celui-ci ne devienne pas une autoroute irano-turque administrée par les Russes. Les prémisses sont déjà là : en octobre, la Jordanie a réouvert sa frontière avec la Syrie, le Liban travaillant par ailleurs au retour des réfugiés syriens. La réouverture de l’ambassade des EAU, fermée en 2012, est une nouvelle étape dans ce processus de retour des pays arabes sur le théâtre syrien. Le Bahreïn a d’ores-et-déjà annoncé qu’il allait suivre. La stratégie des Etats pétroliers du Golfe est la suivante : le seul moyen pour eux de regagner de l’influence à Damas est de participer au financement de la reconstruction de la Syrie. Les EAU, qui ont accueilli les fortunes de nombreux Syriens en exil, ouvrent la voie, mais d’autres suivront. Même l’Arabie Saoudite se rapproche aujourd’hui de Moscou, affaiblie par l’affaire Khashoggi dans laquelle la Turquie a joué d’une main de maître en forçant le Congrès américain à réprimander leur allié saoudien. Un coup terrible pour Riyad alors que les Etats-Unis doutent de plus en plus de leur alliance stratégique avec l’Arabie Saoudite. Du pétrole ? Les Américains en ont à profusion. Une puissance régionale capable de concurrencer l’Iran ? L’Etat saoudien est faible, son armée plus faible encore, comme le montre la guerre au Yémen. Seul Israël peut en réalité prétendre à ce statut au Levant. Le prince héritier, MBS, – et surtout son père qui ne lâche pas l’affaire malgré son grand âge et apprécie le contrepoids obligeamment fourni par Vladimir Poutine à l’envahissante amitié américaine – ont compris que la survie même de leur dynastie est en jeu : ils auront besoin de coopérer avec Moscou (et Pékin…) pour faire monter les enchères et pousser Washington à les soutenir davantage.

La visite d’Omar al-Bachir est aussi un signal important : historiquement, le Soudan était anti-saoudien et pro-iranien. Dans les années 1990, le président soudanais rêvait que Khartoum soit la rivale islamiste sunnite de Riyad et s’appuya pour cela sur Téhéran, mettant en application le vieux principe selon lequel « les ennemis de mes ennemis sont mes amis ». Après les attentats du World Trade Center, craignant d’être la cible de Washington, le Soudan fit volte-face et se rapprocha de Washington, donc de l’Arabie Saoudite. Khartoum participa ainsi à la coalition saoudienne au Yémen contre les rebelles Houthis soutenus par Téhéran. Mais le tournant est seulement partiel car Omar al-Bachir se rapproche aujourd’hui de Moscou. Sous le coup d’un mandat d’arrêt international, le président soudanais voit la Russie comme la meilleure assurance-vie qu’il peut posséder pour se prémunir d’un éventuel changement de régime. D’où les rumeurs régulières concernant l’ouverture d’une base militaire russe au Soudan (alors que les puissances du monde entier se concentrent à Djibouti) ou la vente de matériels militaires comme des systèmes anti-aériens/anti-missiles S-300 ou des chasseurs Su-30SM. L’avenir le dira, mais une constatation : Moscou a tout intérêt à se servir de Khartoum comme point d’appui dans sa stratégie d’influence en Afrique, notamment en Centrafrique. La visite du président soudanais à Damas est un signe de ce tournant. Car la route de Moscou passe par Damas…

Le scénario de cet acte III sera au cœur des discussions de la Ligue arabe, dont le sommet se tiendra à Beyrouth en janvier. Au Moyen-Orient, les raisonnements « droit-de-l’hommistes » ne convainquent plus personne depuis longtemps. On préfère des actions cohérentes sur le long terme, des objectifs réalistes, des moyens limités mais bien ciblés à de grandes déclarations de principe, à des retournements d’alliance prévisibles – les Kurdes en savent quelque chose – et à des moyens titanesques qui ne font que tomber dans un puits sans fond. Jusqu’au discours de Dominique de Villepin à l’ONU en 2003, le Quai d’Orsay a appliqué avec constance cette diplomatie réaliste que l’on résumait alors souvent par la formule « la politique arabe de la France ». Pour l’ancienne puissance mandataire en Syrie et au Liban, il fallait avec subtilité tenter d’amoindrir la balourdise américaine… Mais les trois derniers quinquennats – en comptant celui d’Emmanuel Macron – sont marqués par un atlantisme béat, un moralisme hors sol et une absence cruelle de réalisme. Ce scénario en trois actes n’était certes pas écrit à l’avance car l’histoire n’est jamais prédictible, mais certains éléments tenant de la géographie, de la culture, du politique pouvaient être pris en compte dès le début du conflit. Il n’en a rien été. Aujourd’hui, sur la route de Damas, les pays arabes auraient besoin du discours d’apaisement de la France, mais Paris a oublié son bâton de pèlerin. Se coulant dans le sillage des Etats-Unis depuis tant d’années, la France ne sait plus comment marcher, pétrifiée par un président américain qui prend sans états d’âme le contre-pied de ses prédécesseurs.

Alexis Feertchak

Membre fondateur de Geopragma

Journaliste


Pour retrouver une crédibilité diplomatique, il faut une ligne et des positions claires

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Je partage l’analyse de Caroline Galactéros et notamment cette phrase :

« Nous devons donc profiter du changement de pied américain pour parler immédiatement et sérieusement avec Moscou, engager une coopération sécuritaire concrète avec la Russie dans la région, et revenir dans le processus diplomatique avant qu’on ne nous ferme définitivement la porte au nez ».

Oui, en effet, seul Moscou mais aussi Téhéran peuvent nous permettre de nous réinsérer dans le jeu. Mais ce ne sera pas le cas tant que notre diplomatie ne sera pas totalement claire sur l’accord sur le nucléaire iranien. En effet, les Iraniens n’accepterons pas d’en changer une seule virgule. Or, la visite de Le Drian à Téhéran visait à leur demander de le faire. C’est ce qui a valu à Macron d’être surnommé, dans ce pays, l’essuie-glace (un coup à gauche, un coup à droite). Nous sous-estimons la résilience de l’Iran et de son régime car toutes les menaces américaines au lieu de le déstabiliser le renforce.

Pour retrouver une crédibilité diplomatique il faut une ligne et des positions claires sur tous les grands dossiers et cela ne peut être fait que si la France, après s’être totalement vassalisée sous Hollande aux USA, arrête de vouloir ménager la chèvre et le choux sous Macron et adopte une politique étrangère fondée sur des principes intangibles du droit international :

  • la non intervention dans les affaires intérieurs d’un Etat ;
  • le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes par référendum et supprime définitivement le droit d’ingérence humanitaire prôné par Kouchner qui a abouti aux désastres libyens et syriens, a favorisé le développement de l’Etat islamique et a mis en danger la sécurité des Français.

Source : FIGARO VOX

Date de publication : 28 décembre 2018


Général (2S) Jean-Bernard PINATEL
Secrétaire Général du Think Tank GEOPRAGMA
Auteur de « Histoire de l’Islam radical et de ceux qui s’en servent », Lavauzelle, Mai 2017


Retour d’une semaine à Moscou consacrée à la publication en Russie de mon dernier livre

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Quand on rentre en France d’un voyage de plusieurs jours en Russie où l’on a rencontré plusieurs amis russes, on est obligé de se poser la question suivante : à l’orée de son quatrième et dernier mandat comment peut-on expliquer que, malgré les sanctions occidentales, la popularité de Poutine reste aussi élevée alors qu’en France celle du Président Macron est aussi basse ?

Alors que le débat sur l’exemplarité du chef n’existe pas en Russie car c’est une évidence même, pêle-mêle et suivant mes interlocuteurs, russes, franco-russe ou français travaillant en Russie, les réponses diffèrent. Mais la réponse qui vient au premier rang est la suivante: il a redressé l’économie du pays et multiplié par quatre le pouvoir d’achat moyen des Russes. Et de me citer plusieurs chiffres que j’ai vérifiés [1] :

  • en 1998, quand Poutine est arrivé au pouvoir, le PIB par habitant était d’environ 6000 dollars par an contre 24 000 en France. En 2017 il était d’environ 25000 dollars soit une multiplication par 4 alors que dans le même temps celui des français n’était même pas multiplié par deux (1,7) ;
  • mais au delà de ce qui touche directement les ménages mes interlocuteurs ont souligné à l’envie d’autres chiffres jamais présenté dans les médias occidentaux et qui devraient faire pâlir d’envie les dirigeants français :
  • le taux de chômage est de l’ordre de 5% ;
  • la dette des ménages est de 30% du revenu disponible (contre 115% en France) ;
  • la balance commerciale russe depuis l’arrivée de Poutine au pouvoir a toujours été positive. De faiblement négative en 1998 elle restée en moyenne positive de 50 Milliards de dollars avec un pic à 100 milliards en 2011 (elle est évidemment très liée au prix de l’énergie) ;
  • les exportations de biens et services qui étaient de l’ordre de 200 milliards de dollars constants (base 2005) en 1998 seront de l’ordre de 540 milliards de dollars en 2018.

Les sanctions occidentales ont conduit à une réorientation de l’économie très rapide vers l’Asie. Que ce soit dans les grands hôtels, sur la place rouge, au Bolchoï ou dans les musées, les Chinois et les Asiatiques sont partout. L’exemple qui m’a été plusieurs fois cité est que l’embargo, décrété par l’Occident en 2014 sur plusieurs produits (fruits, légumes, produits laitiers, viandes) a plus nuit à la France qu’à la Russie. Il a favorisé l’essor de l’agriculture russe. Pour eux la Russie bénéficie de surcroît du changement climatique En quelques années, la Russie est redevenue un très grand producteur blé. Elle a doublé sa production en cinq ans pour atteindre son record historique en 2017 avec 84 Millions de tonnes. L’ambition russe est d’atteindre en 2020 120 Mt. Par ailleurs, sa proximité avec des zones très importatrices comme le Moyen-Orient, l’Algérie et l’Asie est un facteur de compétitivité. Contrairement à beaucoup de pays dans le monde, le secteur occupe une part plus importante dans l’économie du pays qu’il y a quinze ans. Pour la première fois, les exportations agricoles ont rapporté davantage… que les ventes d’armes, soit environ 15 milliards de dollars.

Un autre facteur soude le peuple russe autour de lui et est le plus souvent souligné par les commentateurs : Poutine a redonné la fierté au peuple russe. La façon dont il gère la crise ukrainienne et ramené la Crimée dans le giron russe en fait partie. Pour les Russes, la Crimée est russe depuis le XVIIIième siècle, suite au traité de Paix de « Küçük Kaynarca » avec l’empire ottoman. Devenue russe le 19 avril 1783, en droit international la Crimée est restée russe depuis. Son rattachement par simple décret par Nikita Khrouchtchev, lui-même ukrainien, à la République soviétique d’Ukraine n’a aucune valeur en droit international et est même en contradiction avec les accords de Yalta.

Un autre point d’étonnement, ce sont beaucoup plus les succès de la diplomatie russe au Moyen-Orient que sa réussite militaire en Syrie qui ont été mis en avant par mes interlocuteurs car ils sont pour eux un contrepoint saisissant de la diplomatie contre productive des tweets du Président américain qui varient selon son humeur du moment. Ainsi L’accord Poutine-Salmane visant à limiter la production de pétrole et à faire remonter les cours du pétrole autour de 80$ le baril a été salué par tous mes interlocuteurs alors même que la Russie n’a fait aucune concession sur son soutien à la Syrie ou à l’Iran. L’aide à la Syrie et les succès opérationnels remarquables d’un faible contingent militaire russe (5000 hommes et 40 avions) n’ont été mentionnés que lorsque j’ai posé la question. On est bien loin à Moscou de l’hystérie militariste russe décrite complaisamment par certains les médias occidentaux et promue par l’OTAN.

Citant aussi le risque islamique qui était l’objet de mon voyage, mes interlocuteurs m’ont répondu que si nos dirigeants politiques étaient moins complaisants et laxistes, les risques seraient limités. Et de me citer la politique d’immigration russe. Elle accueille chaque année plus de 400 000 étrangers qui n’ont qu’un seul choix : s’intégrer ou partir !

Enfin quand on aborde le futur on perçoit une inquiétude réelle pour l’après 2024. Tous mes interlocuteurs sont persuadés que Poutine se retirera et fera comme Eltsine : il mettra en place celui qu’il estime le plus apte pour diriger la Russie quelques temps avant la fin de son mandat. Quand on les presse de questions sur leur pronostic quant à son successeur, ils conviennent que c’est trop tôt pour le dire mais avancent trois critères qui conditionneront son choix : premièrement son successeur devra avoir l’aval des services de sécurité et de l’armée, indispensables pour sa capacité à assurer sa propre sécurité, ensuite il devra être apprécié des milieux avec lesquels Poutine gère et décide les orientations économiques du pays et, enfin, Poutine choisira quelqu’un en mesure de poursuive sa politique étrangère. Aujourd’hui mes interlocuteurs ne voient personne qui remplit ces trois conditions si plusieurs remplissent deux d’entre elles.

En conclusion, un Président soutenu par les trois quart des Russes contre moins d’un quart en France, une économie plus forte et plus diversifiée qu’il n’y parait, un Président et une politique étrangère permettent à la Russie d’occuper une place sur la scène internationale supérieure à la réalité de sa puissance économique et militaire.


Général (2S) Jean-Bernard PINATEL
Secrétaire Général du Think Tank GEOPRAGMA
Auteur de « Histoire de l’Islam radical et de ceux qui s’en servent », Lavauzelle, Mai 2017

[1] Statistiques OCDE, Banque Mondiale et FMI.


L’Algérie face à la disparition prochaine d’Abdelaziz Bouteflika

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Processus démocratique ou succession à la cubaine ?

Alors que la disparition d’Abdelaziz Bouteflika, 81 ans, atteint d’un cancer du poumon en phase terminale et maintenu artificiellement en vie selon l’ancien directeur général de la DGSE [1] peut être annoncée à chaque jour qui passe, la question de la transition politique en Algérie se pose avec une acuité particulière. L’affrontement entre les clans qui se partagent aujourd’hui le pouvoir, et qui est commencé depuis 2015, débouchera-t-il sur une succession à la cubaine qui ne peut être envisagé qu’avec le soutien de l’armée ? Ou bien le processus démocratique prévu dans la Constitution pourra-t-il être respecté ? Ou bien encore va-t-on assister à la déstabilisation de ce pays, sous la pression de la moitié des 41 millions algériens qui ont aujourd’hui moins de 20 ans et qui n’ont pas connu la guerre civile des années 90. S’opposeraient à cette succession à la cubaine que l’on voit se dessiner aujourd’hui en descendant dans la rue ?

Dans cette hypothèse, devons-nous craindre une augmentation de la pression migratoire vers la France où le nombre de Français ayant un lien direct avec l’Algérie avoisine déjà les sept millions?

Une transition à la cubaine préparée méthodiquement pas le clan Bouteflika

La Constitution algérienne prévoit qu’à la mort du chef de l’Etat ou en cas d’empêchement [2], le président du « Conseil de la nation » assume la charge de Chef de l’Etat pour une durée de quatre-vingt-dix (90) jours au maximum, au cours de laquelle des élections présidentielles sont organisées. Le président actuel du Conseil de la nation est Abdelkader Bensalah qui est en poste depuis 2002 et a été réélu le 9 janvier 2013.

Il est notoire à Alger que deux forces ont commencé à se battre: le clan présidentiel, animé par le frère du chef de l’Etat, Saïd Bouteflika d’une part, et l’Etat-major militaire, avec à sa tête le vice-ministre de la Défense depuis 2013, Ahmed Gaïd Salah qui soutiendrait le processus constitutionnel, d’autre part. Ces deux clans s’étaient pourtant alliés en 2015 pour écarter le général Mohamed Mediène, dit « Toufik », le puissant chef du DRS (services secrets algériens), considéré comme le véritable maitre de l’Algérie depuis un quart de siècle et placé la DRS sous le contrôle le Département de Surveillance et de Sécurité (DSS) avec à sa tête Athmane Tartag. On dit à Alger qu’il soutient la candidature de Said Bouteflika à la fonction de chef de l’Etat. Mais jusqu’à quel point ? A quelles conditions ?

Depuis lors ces deux clans cherchent à placer leurs fidèles à la tête des rouages essentiels du pays.

Dans cette lutte, le clan Bouteflika avait essayé, jusqu’ici sans succès, d’ôter au chef d’Etat-Major de l’armée de terre les moyens de renseignement opérationnel et les forces spéciales. Ainsi, il avait échoué en 2017 à mettre à la retraite le Général Lakhdar Tirèche, qui dirige sous la tutelle d’Ahmed Gaïd Salah [3], la Direction centrale de sécurité de l’armée (DCSA) et à le remplacer par un homme du Président. Il semble avoir atteint son but en aout 2018 en nommant à la tête de la DCSA le général Belmiloud Othmane, alias Kamel Kanich qui dirigeait jusque-là le Centre principal militaire d’investigation (CPMI). De plus trois des généraux commandants les 1ère, 2ème et 4ème régions militaires viennent d’être remplacés en aout 2018. Ces limogeages visent à affaiblir le pouvoir du Général Ahmed Gaïd Salah. Bien heureux celui qui peut certifier de leur efficacité !

Le départ à la retraite au printemps 2019 du Général de corps d’armée Ahmed Gaid-Salah aurait été décidé par Saïd Bouteflika qui voudrait le remplacer par le général-major Saïd Bey, qui vient de quitter le commandement de la 2ème région militaire à Oran. Tous ces mouvements font penser aux observateurs algériens que Saïd Bouteflika a gagné et qu’une succession à la cubaine avec l’appui de l’armée est l’hypothèse la plus probable.

Ahmed Gaïd Salah, garant de la sécurité du pays ?

Pour d’autres analystes, Ahmed Gaïd Salah Salah [4], 77ans, un Chaoui des Aurès, serait le garant du processus démocratique, voire, en cas de troubles, comme un Président de transition. Ce qui est clair en revanche, c’est que depuis sa nomination en 2013, ce général n’a cessé d’étendre son influence et notamment le champ d’intervention de la Direction centrale de la sécurité des armées (DCSA), qui tend à devenir un véritable DRS bis. Il fait régulièrement le tour des grandes régions militaires pour resserrer ses liens avec les six chefs des régions militaires, qui tiennent dans leurs mains l’ordre public en cas de troubles ou de terrorisme. Or la majorité les observateurs s’accordent à penser que ces généraux sont fidèles à leur chef, le général Gaïd Salah, ce qui expliquerait les trois changements récents à la tête de trois régions militaires décidés par le clan Bouteflika.

Plusieurs faits font penser que le Général Gaïd Salah ne souhaite pas prendre le pouvoir mais qu’il s’opposerait à une succession à la cubaine, notamment parce que les deux principaux candidats à la succession d’Abdelaziz, autres que son frère Saïd, sont comme lui originaire des Aurès.

Les candidats potentiels

Dans l’hypothèse où le processus constitutionnel se déroulerait et qu’une situation exceptionnelle ne s’opposerait pas à la tenue des élections présidentielles, trois candidats semblent se détacher.

Le premier, Said Bouteflika, universitaire de formation, est né le 1er janvier 1958 à Oujda (Maroc) [5]. Elevé par Abdelaziz, il constitue sa garde rapprochée et se prépare à lui succéder. Il est soutenu par tous ceux qui profitent du système et qui n’ont pas envie de le voir évoluer mais il est détesté par la rue algérienne. Ses chances pour être élu dans une élection qui ne serait pas truquée ne sont pas évidentes.

Deux autres candidats semblent être en bonne position pour l’emporter

Le premier Ali Benflis est né le 8 septembre 1944 à Batna. C’est un ancien ministre de la Justice, il a été chef du gouvernement de 2000 à 2003. Il a été candidat aux élections présidentielles de 2014 où il a obtenu 12,3% des voix. Ali Benflis est le président du parti Talaie El Houriat qu’il a créé en 2015. Son âge est à la fois un atout et un handicap en fonction du taux de participation et notamment de celle des jeunes qui boudent traditionnellement les urnes.

Le second des challengers est Abdelaziz Belaïd [6], 55 ans. Il est né le 1963 au cœur des Aurès à Merouana (anciennement Corneille). Candidat aux élections présidentielles de 2014. Il a obtenu 3% des voix devançant tous les autres candidats vieux routiers de la politique algérienne. Son atout est sa jeunesse, son handicap son peu d’expérience de la vie politique.

L’atout de la réduction du déficit commercial sous l’effet de la hausse de l’énergie

L’économie de l’Algérie se résume en un mot : la Sonatrach. Les hydrocarbures représentent, en effet, l’essentiel des exportations (94,5%) en s’établissant en 2017 à 29,47 mds$ contre 25,64 mds$ sur la même période de 2016, soit une hausse de 3,8 mds$, correspondant à une augmentation de près de 15%. Les exportations ont ainsi connu les 11 premiers mois de 2017 une hausse de 14%, en s’établissant à 31,2 milliards de dollars contre 27,2 mds$ durant la même période de 2016. En conséquence, le déficit de la balance commerciale de l’Algérie, étroitement corrélé aux cours du brut a reculé en 2017 à 11,19 milliards de dollars contre un déficit de 17,06 milliards de dollars en 2016, soit une baisse de 5,87 milliards de dollars correspondant à un recul de 34,4%.

Avec une dette publique autour de 20% du PIB (France 100%), l’évolution à la hausse du cours du brut devrait donner dans les prochaines années, s’il le souhaite, les marges de manœuvre nécessaires à l’Etat pour distribuer du pouvoir d’achat et éviter, comme lors du « printemps arabe », d’avoir à faire face à un soulèvement général [7].

En conclusion

Au-delà des personnalités de Saïd Bouteflika, d’Ali Benflis et d’Abdelaziz Belaïd, deux régions voire deux cultures s’opposent celui des arabes oranais contre les « chaouis », berbères, des Aurès de la région de Batna. La disparition dans les prochaines semaines d’Abdelaziz Bouteflika, en cours de mandat, devrait faire entrer l’Algérie dans un processus prévu par la Constitution qui conduit à l’organisation d’une élection présidentielle au maximum 90 jours après sa disparition sous l’autorité du président du « Conseil de la nation » qui assume durant cette période la charge de Chef de l’Etat.

La constitution ne permet pas une succession à la cubaine où Saïd prendrait la place de son frère sans se soumettre au vote populaire. Mais que le clan au pouvoir tente de s’y maintenir en violant la Constitution est probable. Il est aussi probable que dans ce cas la rue se soulèverait et que le général Gaïd Salah ferait tout ce qu’il peut pour maintenir le calme dans le pays et permettre des élections libres. Nous ne pouvons que souhaiter l’occurrence de ce scénario plutôt positif qui éloignerait les risques d’une guerre civile et d’une pression migratoire accrue sur notre territoire.


Général (2S) Jean-Bernard PINATEL
Secrétaire Général du Think Tank GEOPRAGMA
Auteur de « Histoire de l’Islam radical et de ceux qui s’en servent », Lavauzelle, Mai 2017

[1] Geopolis.
[2] Constitution algérienne 2016 Art 102 Lorsque le Président de la République, pour cause de maladie grave et durable, se trouve dans l’impossibilité totale d’exercer ses fonctions, le Conseil constitutionnel se réunit de plein droit, et après avoir vérifié la réalité de cet empêchement par tous moyens appropriés, propose, à l’unanimité, au Parlement de déclarer l’état d’empêchement. Le Parlement siégeant en chambres réunies déclare l’état d’empêchement du Président de la République, à la majorité des deux tiers (2/3) et charge de l’intérim du Chef de l’Etat, pour une période maximale de quarante-cinq (45) jours, le Président du Conseil de la Nation.
[3] Né en 1940 à Aïn Yagout dans la Wilaya de Batna en Algérie dans l’Aurès (région berbère amazigh majoritairement chaouie), Salah est maquisard à l’âge de 17ans, il est également diplômé de l’Académie militaire d’artillerie Vystrel (URSS).
[4] Son père Ahmed meurt alors qu’il a un an ; il est donc élevé par sa mère sous la tutelle de son frère Abdelaziz, et par là de Houari Boumédiène qui prend le pouvoir par un coup d’État en 1965. Il est élève au collège Saint-Joseph des Frères des écoles chrétiennes à El-Biar (Alger), puis au lycée tenu par les jésuites. Il arrive à Paris en 1983 afin de préparer un doctorat en informatique. Il est titulaire d’un doctorat de 3ème cycle de l’université Pierre-et-Marie-Curie (Paris VI) sur la reconnaissance des formes, domaine dans lequel il soutient sa thèse.
[5] Il est titulaire d’un doctorat de médecine et d’une licence en droit. En 1986, il adhère au FLN et devient le plus jeune membre du comité central. Député de 1997 à 2007, il est élu secrétaire général de l’Union nationale de la jeunesse algérienne (UNJA). Suite à de nombreux désaccords avec la direction du FLN, il quitte le parti pour fonder le Front El Moustakbal; Le FM s’engage à une action politique dans le respect de la constitution et des lois de la république algérienne.
[6] En 2012 les réserves de change de l’Algérie étaient d’environ 200 milliards de dollars avec une dette publique inférieure à 9% du PIB ce qui a permis au gouvernement de s’acheter comme en Arabie Saoudite une pause civile en distribuant massivement de subventions.


Le totalitarisme islamique

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L’islam radical est une déviance totalitaire du courant sunnite le plus traditionnel : le courant hanbalite

L’aveuglement et la lâcheté des citoyens et des dirigeants des démocraties occidentales ont permis à Hitler de confisquer par la violence un pouvoir acquis démocratiquement et d’engager l’humanité dans la guerre mondiale la plus sanglante de l’histoire, entrainant la mort de 65 millions d’hommes et de femmes et le génocide du peuple juif. Hitler voulait installer un ordre nouveau, le nazisme, dans le monde entier Pourtant dans « Mein Kampf » tout été écrit pour celui qui voulait voir.

Moins d’un siècle plus tard une menace totalitaire est à nouveau devant nos yeux. Il suffit de de lire ce qui est écrit par Al Banna et ses successeurs pour comprendre ce qui nous attend et tous ceux qui minimisent cette menace font la politique de l’autruche et s’en rendent complice.

L’Islam radical a remplacé le totalitarisme nazi et veut, comme lui, installer sur la terre un nouvel ordre mondial.

Au XXème siècle, quelques années après qu’Hitler ait écrit « Mein Kampf », Al Banna a théorisé les fondements théologiques et la stratégie de cette révolution islamique radicale et politique. Et, pour la mettre en œuvre, il a mis sur pied une organisation inspirée des partis fascistes européens.

Al-Qaïda, l’Etat islamique et les Frères Musulmans constituent les diverses manifestations du salafisme qui considère que le Coran et la tradition doivent être les seules sources du droit. Ils prônent tous un retour aux pratiques en vigueur dans la communauté musulmane à l’époque du prophète Mahomet et de ses premiers disciples — connus comme les « pieux ancêtres » (al-Salaf al-Ṣāliḥ ). L’idéologie religieuse et le but sont communs aux islamistes radicaux même si la stratégie et les moyens diffèrent.

Dans une première étape, au nom d’Allah, Ils veulent imposer à la communauté musulmane, par la prédication et la violence, le mode de vie et les pratiques archaïques qui existaient au temps de l’Hégire dans la péninsule arabique. Puis après avoir radicalisé les 1400 millions de musulmans dans le monde, ils visent à établir partout des Etats islamiques où la seule source de droit sera la Charia.

L’apport d’Hassan Al-Banna est celle d’un religieux et d’un enseignant. Il s’est efforcé d’extraire du Coran et de son interprétation par le courant hanbalite, le plus traditionnaliste, le corpus le mieux adapté pour répondre aux défis culturels, technologiques et économiques posés par l’Occident. Son texte fondateur est « la lettre des enseignements » qui explicite les « dix piliers » que tout musulman, et en particulier tout membre des Frères Musulmans, est tenu de suivre [1]. Le premier pilier expose les vingt principes qui délimitent la compréhension du message islamique. Le premier de ces principes est fondateur de la pensée des Frères Musulmans et s’oppose d’emblée au principe de la séparation de l’église et de l’Etat et au principe de laïcité. Il affirme la nature globale de l’islam avec l’argument irréfutable que le prophète Mahomet était à la fois un guide spirituel et un chef d’Etat.

Les neuf autres piliers « explicitent l’importance du travail, du combat (djihad), du sacrifice, de l’obéissance, de la persévérance, de la fidélité à la cause et du dévouement à Dieu, de la fraternité et de la confiance. »[2] Ainsi, s’il fut d’abord un prédicateur qui se donnait pour mission de réveiller les consciences et de revivifier la foi, Al-Banna voulait être aussi un acteur politique et social. Car pour lui, l’Islam est une organisation complète qui englobe tous les aspects de la vie. Il s’est donc attaché à mettre sur pied des organisations efficaces qui permettaient d’assurer la transmission du message mais aussi de le concrétiser au quotidien dans la vie sociétale. Les croyants devaient être les moteurs de l’organisation politique et sociale.

De ce fait, confronté dans sa vie quotidienne à l’impérialisme britannique, Al-Banna a cherché, à la différence des imans wahhabites, à établir et à recommander un consensus le plus large possible entre tous les courants de l’Islam. Car c’était, pour lui, la condition indispensable pour résister à la colonisation des esprits par la culture occidentale et son impérialisme économique et militaire. Son message enjoignait les Frères de mener de front deux combats : un effort personnel pour interpréter le message d’Allah au travers de l’étude du Coran et pour échapper ainsi à la tyrannie des avis émis par les écoles juridiques coraniques qui divisent le monde musulman et sont exploitées par l’Occident ; et aussi un engagement politique et social pour inscrire le message d’Allah dans l’organisation et la vie de la cité en vue de l’établissement d’un Etat islamique guidé par la charia.

Un des piliers de son épitre concerne le jihad. Il affirme d’abord que le jihad est une obligation pour tout musulman et notamment pour les Frères Musulmans. Y manquer est un péché capital. Le combat qu’il veut mener est l’islamisation de la société mondiale en sept étapes. Il prône de commencer par le bas, l’individu, la famille, la société, le gouvernement, les pays musulmans voisins, les anciennes terres conquises par l’islam, de Poitiers à l’Indus, et enfin le reste du monde. « Celui qui meurt sans avoir fait campagne et sans avoir eu l’intention de partir en campagne meurt d’une mort des temps du paganisme. ». « Le premier degré de la guerre sainte consiste à expulser le mal de son propre cœur ; le degré le plus élevé, c’est la lutte armée pour la cause de Dieu. Les degrés intermédiaires sont le combat par la parole, par la plume, par la main et par la parole de vérité que l’on adresse aux autorités injustes. Notre mouvement d’apostolat ne peut vivre que par le combat. A la mesure du caractère sublime de notre apostolat [da’wa] et de l’étendue des horizons qu’il embrassera seront la grandeur du combat que nous mènerons pour lui, l’élévation du prix qu’il faudra payer pour le soutenir et la grandeur de la récompense pour ceux qui auront bien travaillé. Menez combat pour Dieu comme il le mérite » (Coran XXII, 78). Par cela tu sauras le sens de notre devise que tu dois toujours garder « La guerre sainte est notre voie » […] Au stade de l’exécution, le mouvement consiste en une guerre sainte sans merci, en un labeur ininterrompu pour parvenir à notre objectif ; c’est une épreuve que seuls peuvent supporter les véridiques et, à ce stade, la perfection de l’obéissance seule peut garantir le succès » [3].

Al Banna voulait imposer le « Tamkine » mondial, que l’on peut traduire par la prise du pouvoir politique et sa possession, en sept étapes : éduquer l’individu musulman, puis la famille musulmane ; ensuite organiser le peuple musulman ; installer le gouvernement musulman en Egypte ; étendre le gouvernement musulman au monde musulman ; permettre à la bannière d’Allah de flotter sur toutes les contrées occidentales qui avaient connues le bonheur de l’islam ; proclamer notre appel à l’islam dans le monde entier.

Les étapes de cette prise de pouvoir et de sa possession ont été regroupéess en quatre étapes par ses successeurs : présentation de l’Islam, sélection des Frères, affrontement et spécialisation, domination et Tamkine. Elle est incarnée par les 4 derniers doigts de la main avec le pouce replié [4] qui signifie « je suis prêt à réaliser les 4 étapes du Tamkine avec vaillance ou par la violence ». C’est devenu le signe de reconnaissance des Frères Musulmans.

Le 23 aout 2013, Recep Tayyip Erdogan a fait le signe de la R4bia devant la mosquée Al Aqsa d’Ankara. Depuis cette date, il fait régulièrement ce signe de ralliement.

Cette conquête peut se faire par la guerre civile dans les pays où la communauté musulmane est majoritaire comme en Syrie et en Irak ou par le recours aux urnes dans les démocraties en organisant un vote musulman pour y conquérir le pouvoir. Puis comme le réalise sous nos yeux en Turquie le Frère Musulman Erdogan, une fois au pouvoir, établir un Etat islamique irréversible en brisant pas à pas les contre-pouvoirs qui sont les garants de l’Etat de droit.

Mais pour Al Banna cette prise de pouvoir par la violence ou par les élections ne peut être réalisée sans une organisation qui encadre strictement la population. Ce qui est clair, et leur histoire de 1935 à nos jours va le démontrer tant au Moyen-Orient, au Maghreb qu’en Europe, les Frères Musulmans se sont organisés comme tous les partis révolutionnaires à but totalitaire en trois cercles : les sympathisants, les militants et les dirigeants auxquels est directement rattachée une branche armée secrète [5]. Passer du cercle des sympathisants au cercle des militants puis des dirigeants s’effectue au terme d’un processus de sélection sévère et qui s’exerce en continu par l’enseignement, le suivi de tous les instants, l’analyse du discours et des comportements de ceux qui ont été détectés comme ayant le potentiel pour passer d’un cercle à l’autre.

Un livre, récemment publié par Mohamed Louisi, [6] décrit avec précision le parcours qu’on lui a fait suivre jusqu’à qu’il en perçoive le caractère totalitaire et les objectifs politiques éloignés du simple prosélytisme religieux.

La croissance de l’organisation d’Al-Banna fut rapide : en 1929 on comptait 4 sections, 15 en 1932 et 300 en 1938. Elle ressemblait à beaucoup d’organisations politiques à but totalitaire. Aujourd’hui en Europe on compte 250 puissantes organisations qui regroupent des milliers d’associations et 7 millions d’adeptes et qui disposent d’un budget de plusieurs milliards d‘euros.

Banna s’est visiblement inspiré des partis fascistes de l’époque. Au sommet se trouve le guide, assisté d’une quinzaine de membres choisis par lui et qui constituent le Bureau Général de l’Orientation avec une assemblée consultative générale de 100 à 150 membres. Les décisions dans ces deux organismes se prenent à l’unanimité. « Tout désaccord important se solde par une soumission aveugle (à la manière de l’obéissance de certaines congrégations religieuses catholiques) soit par la sécession ou l’exclusion (sécession des activistes tentés par l’action violente en 1938-1939, exclusion d’un des fondateur qui reproche à Banna son favoritisme familial en 1947 » [7]. Vient ensuite une organisation verticale, géographique très hiérarchisée : district (manatiq), branches (shu’ab), familles (usar) et une organisation des activités techniques (sections : propagande, travail, famille, étudiants, liaison avec le monde musulman, entrainement physique, presse, etc. Et comités : trésorerie, politique, droit, Fatwa, etc.)

Un serment d’obédience fut entériné au troisième congrès de la confrérie en mars 1935. Il comportait cinq paragraphes qui commençaient par « je crois » à la manière de la profession de foi catholique. Les paragraphes 2,3 et 4 du crédo fixaient le comportement que devait avoir un frère dans la vie sociale. Le paragraphe 1 avait trait à la foi et le 5 à l’action. Le paragraphe 1 était ainsi libellé : « Je crois que tout est sous l’ordre de Dieu ; que Muhammad est le sceau de toute prophétie adressée à tous les hommes, que la Rétribution [8] est une réalité, que le Coran est le Livre de Dieu, que l’Islam est une Loi complète pour diriger cette vie et l’autre ». Le paragraphe 5 était ainsi écrit : « Je crois que le musulman a le devoir de faire revivre l’Islam par la renaissance de ses différents peuples, par le retour de sa législation propre, et que la bannière de l’Islam doit couvrir le genre humain et que chaque musulman a pour mission d’éduquer le monde selon les principes de l’Islam. Et je promets de combattre pour accomplir cette mission tant que je vivrai et de sacrifier pour cela tout ce que je possède. » [9]

Les systèmes politiques comme la Chine et la Russie dans lesquels leurs dirigeants exercent le pouvoir sur une longue période, sont mieux armés pour percevoir le danger de l’Islam radical, pour en percevoir la progression dans la communauté musulmane et pour mettre en place des stratégies de long terme pour lui barrer la route notamment en s’alliant avec la partie de la communauté musulmane qui refuse cet Islam politique [10]. En revanche? les démocraties laïques, focalisées sur le court terme par de fréquentes élections, sont désarmées car elles ont tendance à nier le caractère religieux de cette violence et elles sont incapables de percevoir les effets à long terme de l’action révolutionnaire entreprise par les tenants de l’Islam radical.

Car il s’agit bien d’une guerre révolutionnaire que mène au reste du monde l’islam radical avec toute l’étendue de la panoplie de moyens d’action vieux comme le monde.

Il y a d’abord les actions terroristes qui en France depuis 15 ans ont coûté la vie à 260 civils et ont blessé plus ou moins gravement près de 1000 autres et causé la mort de plus de 150 soldats français et en ont blessé plus de 500, dont beaucoup sont handicapés à vie. Au niveau mondial le nombre de morts par attentat a été multiplié par 9 entre 2000 et 2014 où il s’élevait à 35000 et à plus de 100 000 blessés. [11]

Aucun des dirigeants des Frère Musulmans n’a condamné ces actes terroristes même s’ils ont toujours nié en être les auteurs ou les complices. Car ils considèrent que ces violences les aident, leur permettant d’apparaître aux yeux des autorités comme des organisations non violentes avec lesquelles on peut parler. Néanmoins comme l’affirme la conclusion d’une enquête menée en commun par les MI5 et MI6 britanniques, demandée en 2014 par David Cameron: « Parts of the Muslim Brotherhood have a highly ambiguous relationship with violent extremism. Both as an ideology and as a network it has been a rite of passage for some individuals and groups who have gone on to engage in violence and terrorism”. [12]

Cette violence terroriste vise, dans les pays à majorité musulmane, à déstabiliser les structures étatiques. La déstabilisation de la Syrie a été organisée et conduite à l’origine par les Frères Musulmans syriens en guerre ouverte contre régime alaouite qualifié d’apostat depuis son alliance avec l’URSS communiste et athée dans les années 70. Ils ont été soutenus pour des raisons géopolitiques et idéologiques par une alliance hétéroclite comprenant l’Arabie saoudite, le Qatar, Israël, la Turquie les Etats-Unis et la France, ces deux derniers pays voulant croire que les rebelles visaient l’instauration d’un régime démocratique.
Cette déstabilisation en Syrie s’est accompagnée d’une vaste opération de désinformation. Elle a réussi à faire croire en Occident à un printemps arabe syrien face à un dictateur sanguinaire. Cette déstabilisation des structures étatiques a aussi été conduite avec succès en Libye, en Irak et en Syrie avec l’appui des occidentaux qui rêvaient d’établir dans ces pays des régimes démocratiques sans se rendre compte qu’ils étaient de facto les « compagnons de route » des islamistes radicaux. Leur réaction tardive en Irak et l’intervention Russe en Syrie a toutefois permis d’éviter l’instauration d’Etats islamiques à Bagdad et à Damas.

Cette action révolutionnaire dans des pays où la majorité de la population est musulmane, vise à implanter des bases qui sont autant de laboratoires et de centres de formation des cadres des Etats islamiques avant de s’emparer par la force de tout le pays.

Nous en avons connu des exemples en Afghanistan, en Irak, en Syrie et encore aujourd’hui en Libye où la région de Misrata est tenue par des milices affiliées aux Frères Musulmans, armées et soutenues par la Turquie d’Erdogan. C’est aussi ce qui s’est passé entre 2010-2011 dans le Nord Mali de Tombouctou, Gao à la frontière algérienne et libyenne jusqu’à l’intervention française avec l’opération Serval en janvier 2013 qui a stoppé les colonnes d’AQMI et du MUJAO qui s’étaient ouvert la route vers Bamako.

C’est aussi le cas en France, dans certains quartiers de nos grandes villes où la loi de la République ne s’applique plus et qui sont devenus des laboratoires des Frères Musulmans qui savent par la dissimulation obtenir la complicité des édiles locaux qui achètent la paix sociale ou le vote musulman en fermant les yeux sur leurs pratiques contraires aux lois de la République. Ainsi nos dirigeants savent sans, pour autant, réagir qu’à Marseille par exemple, les Frères Musulmans payent 170 euros par mois les femmes musulmanes pour qu’elles portent dans la rue le voile intégral et ils payent les rares contraventions qui leurs sont infligées.

Actuellement, estimée par Pew Research Center, la population française venant de pays musulmans serait de 5,7 millions d’habitants venant de pays musulmans soit 8,8% de la population française.

Une projection effectuée jusqu’en 2150 fournit les chiffres suivants:

• selon le premier scénario : 8,6 millions, soit 12,7% de la population française;
• dans le scénario médian, ils atteindraient 12,6 millions, soit 17,4% de la population;
• dans l’hypothèse de la poursuite d’une forte immigration, ils atteindraient 13,2 millions, soit 18% de la population française.

Ces scénarios prennent en compte le fait que c’est en France que le taux de fécondité de la population d’origine musulmane est le plus élevé d’Europe : 2,9 enfants par femme musulmane (contre 2,6 pour les femmes musulmanes en Europe).

Mais les chiffres les plus inquiétants concernent les naissances. L’Insee a publié des chiffres sur l’origine des naissances en France. En 2016 sur 783 640 naissances, 102 340 avaient un des deux parents né en dehors de l’Union européenne à 28, et 58 375 les deux parents. Soit 160 715 dont au moins un des parents étaient nés hors d’Europe ; c’est-à-dire 20,5 %, un enfant sur 5 ! En 1998 la même proportion était de 11,5 % : un sur 9.

On mesure l’accélération et l’ampleur de l’évolution et le risque de guerre civile si on ne stoppe pas rapidement la progression de l’Islam radical dans la communauté musulmane.

Certes et je m’en félicite beaucoup de musulmans français respectent les lois de la République. Mais en tolérant la prise de contrôle des mosquées par les imams salafistes, nos dirigeants acceptent que l’Islam radical gangrène peu à peu cette population et organise un vote musulman qui peut dans quelques années représenter une force suffisante pour prendre le pouvoir par les urnes. Les attentats et les 1000 agressions violentes quotidiennes (non crapuleuses et non sexuelles) qui ont lieu en France créent un sentiment d’inquiétude dans la population. Le nombre de français qui rendent sur les réseaux sociaux l’Islam responsable s’accroit chaque jour. Le risque est qu’une partie grandissante des français confonde Islam et Islam radical et contribue par des réactions inappropriées à jeter dans les bras des Frères Musulmans la majorité de la communauté musulmane qui n’aspire qu’à vivre en bon citoyen en France et en Europe.

Il est encore temps de renverser l’islamisation radicale des musulmans français à condition que nos dirigeants politiques s’engagent sans faiblesse à stopper cette prédication radicale et à rétablir l’Etat de droit dans les 1000 quartiers où il est contesté et remplacé par la loi des trafiquants plus ou moins alliés au islamistes radicaux, comme l’on dévoilé les enquêtes suites aux attentats de 2015.


Général (2S) Jean-Bernard PINATEL
Secrétaire Général du Think Tank GEOPRAGMA
Auteur de « Histoire de l’Islam radical et de ceux qui s’en servent », Lavauzelle, Mai 2017

[1] Brigitte Maréchal, les frères musulmans en Europe, PUF, octobre 2009, page 81.
[2] Brigitte Maréchal, op.cit, page 81.
[3] Hassan al-Bannâ, » Lettre des enseignements », 1943 ; traduction de .G. Delanoe, Cahiers de linguistique, d’orientalisme et de slavistique, n°1 et 2,1974, pp.55-83.
[4] R’bia signifie Ready four Bia. Bia est une déesse grecque Bia (en grec ancien Βία / Bía) personnifiant la Force, la Vaillance, la Valeur ou la Violence.
[5] Le FLN en Algérie, ETA au Pays Basque ou l’IRA en Irlande étaient organisés dela même façon.
[6] Mohamed Louizi, pourquoi j’ai quitté les Frères Musulmans, Michalon, 2016.
[7] Olivier Carré et Michel Seurat op.cit. p 23.
[8] Il faut croire que le croyant aura à rendre des comptes pour ses actes et obtiendra sa Rétribution.
[9] Dans le numéro 9 de l’hebdomadaire Al-Ikhwam al-muslimûm, 1933.
[10] Le succès de l’intervention Russe dans la deuxième guerre de Tchétchénie s’explique de cette façon. Lire Russie, alliance vitale, Choiseul, pages 126 et 127.
[11] Global Terrorism index, 2015, Institute for Economics&Peace.
[12] Ce rapport était si critique de la tolérance britannique à l’égard de cette organisation que le Premier Ministre a refusé de publier ce rapport qui lui a été remis en décembre 2015. David Cameron a seulement présenté une synthèse des principales conclusions https://www.thejc.com/news/uk-news/government-report-warns-muslim-brotherhood-is-rite-of-passage-for-terror-1.64091 By Marcus Dysch, December 22, 2015.


Nous resterons une armée de temps de paix

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Le chef d’Etat-Major français, le général François Lecointre, déplore les effets des dernières réformes

« Je saisirai chaque occasion de réduire l’empreinte en opérations dès lors qu’elle ne se justifie pas. » Le chef d’état-major des armées françaises, le général François Lecointre, a pour mission de réformer des forces « éreintées », et il veut d’abord tordre le coup à un préjugé : « Je ne supporte pas qu’on dise que les armées s’entretiennent en opérations pour le plaisir de payer des indemnités de service en campagne à leurs soldats ou pour justifier leur existence. Dès que je pourrai, je diminuerai », a-t-il indiqué, jeudi 6 septembre, devant l’Association des journalistes de défense.

Un an après avoir pris ses fonctions dans « les conditions délicates » de la démission de son prédécesseur, Pierre de Villiers, le général rend publiques ses orientations stratégiques. La révision – « modulation », dit-il – des opérations extérieures en fait partie.

« Les dépendances croisées ne nous permettent plus de choisir nos combats. Nous avons de moins en moins le choix de nos engagements », avait indiqué le général, en juillet. Mais le but est de « retrouver des marges de manœuvre permettant de faire face à d’éventuels engagements nouveaux – car – nos armées atteignent déjà les limites de leurs capacités avec 30 000 hommes en situation opérationnelle, ce qui n’est pourtant pas un niveau historiquement élevé », a-t-il rappelé devant la commission de la défense de l’Assemblée nationale, où il a été auditionné, en juillet – le compte rendu a été publié le 4 septembre.

Budget annuel de 50 milliards

« Aujourd’hui, la masse de nos armées est plus réduite que jamais, et cela n’aura pas changé en 2025 ». La loi de programmation militaire 2019-2025 prévoit d’atteindre un budget annuel de 50 milliards d’euros courants. « Certes, à l’issue de la programmation militaire qui s’ouvre, notre armée ne sera plus éreintée, sous-équipée, sous-dotée, et sous-entraînée comme aujourd’hui, explique-t-il. Mais elle restera une armée de temps de paix. Reste à savoir si elle sera alors capable d’être engagée sur plusieurs théâtres dans des conflits peut-être plus violents, et en tout cas très différents de ceux d’aujourd’hui. »

L’année qui vient sera ainsi celle « d’un changement important pour l’opération « Chammal », qui mobilise un millier d’hommes en Irak et en Syrie. Pour l’heure, les armées « se tiennent prêtes à conduire des frappes en Syrie parce que le président – Emmanuel Macron – a maintenu cet ordre si jamais l’arme chimique venait à nouveau à être employée » par le régime de Bachar Al-Assad lors de la bataille d’Idlib, le dernier bastion rebelle du pays.

Jusqu’à la « fin du califat, physique, de Daech, prévue à la fin de l’automne, nous continuerons d’être actifs ». Membres de la coalition internationale menée par les Etats-Unis, les Français conduisent des missions aériennes depuis la Jordanie, ainsi que des actions d’appui au sol des forces kurdes dans le nord syrien, des opérations d’artillerie à la frontière de l’Irak et, en bilatéral, des formations auprès de l’armée de Bagdad.

« La difficulté est le tempo »

A la fin de l’année, la question de la fermeture de la base française projetée en Jordanie se posera. Tout comme celle du maintien des missions de formation qui pourraient être transférées à l’OTAN si le gouvernement irakien retient cette proposition des Occidentaux. En outre, les Etats-Unis pourraient
conserver une force antiterroriste sur l’ensemble de la région « avec quelques partenaires aptes et volontaires », et la France devra se prononcer sur une éventuelle participation. « On verra. Les redéploiements sont soumis aux décisions du président de la République et tiennent compte de la situation sur zone. »

Au Sahel (4 500 militaires) de la même façon, « la France doit rassurer ses partenaires en les assurant de sa présence à long terme », dit le général Lecointre, mais « l’opération prendra des formes différentes au gré de la montée en puissance des acteurs locaux ». A la frontière du Niger et du Mali, où se concentraient les groupes armés, les opérations ont porté leurs fruits, assure-t-il, mais la situation se dégrade au centre du Mali et au nord du Burkina Faso.

« Mon souci est d’arriver à faire monter en puissance des actions de développement économique et humanitaire, et j’ai du mal à le faire, admet le général. La difficulté est le tempo des uns et des autres. Nous faisons des efforts pour planifier le plus longtemps possible à l’avance nos opérations, le partager avec l’Agence française de développement et le ministère des affaires étrangères pour faire en sorte que leurs projets arrivent à maturité quand nous aurons produit du résultat. »

L’Etat-Major compte sur ses partenaires européens, d’abord les Allemands. A Paris, devant les patrons du Medef, le 28 août, note-t-il, le vice-chancelier, Olaf Scholz, a parlé de défense européenne pendant la moitié de son discours.

« Nous avons une vraie opportunité pour que nos différences de culture s’amoindrissent et pour développer des capacités d’intervention, estime le général Lecointre. Les Allemands sont très attachés à la défense collective, et, avec des Etats-Unis qui penchent pour des relations bilatérales avec les Européens, nous avons intérêt à réaffirmer la force de l’alliance de l’OTAN. »

« Singularité militaire »

Mais si les forces françaises font « la preuve de leur excellence opérationnelle », selon lui, celle-ci a trouvé ses limites. Les réformes des dix dernières années ont « progressivement affaibli les armées par l’adoption de modes d’organisation et de fonctionnements civils faite sous contrainte forte de la revue générale des politiques publiques », affirme le général Lecointre. En 2011, les nouvelles bases de défense ont privé le commandement de la responsabilité de ses soutiens logistiques et de ses équipements. « Cela nous a fait perdre la cohérence du commandement, l’autonomie et la capacité à durer en cas de crise. Il ne s’agit pas de développer une nostalgie pour un ordre ancien, mais de réaffirmer les principes qui fondent depuis toujours l’efficacité des armées », précise le chef d’état-major.

Il évoque la défaite de Sedan, en 1870, pour « corriger les excès » de cette organisation. C’est d’un vieux document, fondamental, qu’il a parlé au chef de l’Etat : le rapport Léon Bouchard, qui avait réorganisé les armées après le désastre. La République avait alors concédé que les généraux devaient avoir une autorité suffisante sur les directeurs de services pour réussir, créant des corps d’armée permanents avec leurs troupes et leurs matériels.

Le général Lecointre veut redonner des prérogatives à tous les échelons de la hiérarchie et réaffirmer « la singularité militaire » parmi les administrations de l’Etat. Les soldats devront en effet être bichonnés car l’année 2019 sera pour eux celle de tous les dangers, avec le lancement simultané du logiciel de la paie succédant au désastreux Louvois, d’une nouvelle politique de rémunération, du prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu et de la réforme des retraites.

Nathalie Guibert

Source : Le Monde


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