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Pour retrouver une crédibilité diplomatique, il faut une ligne et des positions claires

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Je partage l’analyse de Caroline Galactéros et notamment cette phrase :

« Nous devons donc profiter du changement de pied américain pour parler immédiatement et sérieusement avec Moscou, engager une coopération sécuritaire concrète avec la Russie dans la région, et revenir dans le processus diplomatique avant qu’on ne nous ferme définitivement la porte au nez ».

Oui, en effet, seul Moscou mais aussi Téhéran peuvent nous permettre de nous réinsérer dans le jeu. Mais ce ne sera pas le cas tant que notre diplomatie ne sera pas totalement claire sur l’accord sur le nucléaire iranien. En effet, les Iraniens n’accepterons pas d’en changer une seule virgule. Or, la visite de Le Drian à Téhéran visait à leur demander de le faire. C’est ce qui a valu à Macron d’être surnommé, dans ce pays, l’essuie-glace (un coup à gauche, un coup à droite). Nous sous-estimons la résilience de l’Iran et de son régime car toutes les menaces américaines au lieu de le déstabiliser le renforce.

Pour retrouver une crédibilité diplomatique il faut une ligne et des positions claires sur tous les grands dossiers et cela ne peut être fait que si la France, après s’être totalement vassalisée sous Hollande aux USA, arrête de vouloir ménager la chèvre et le choux sous Macron et adopte une politique étrangère fondée sur des principes intangibles du droit international :

  • la non intervention dans les affaires intérieurs d’un Etat ;
  • le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes par référendum et supprime définitivement le droit d’ingérence humanitaire prôné par Kouchner qui a abouti aux désastres libyens et syriens, a favorisé le développement de l’Etat islamique et a mis en danger la sécurité des Français.

Source : FIGARO VOX

Date de publication : 28 décembre 2018


Général (2S) Jean-Bernard PINATEL
Secrétaire Général du Think Tank GEOPRAGMA
Auteur de « Histoire de l’Islam radical et de ceux qui s’en servent », Lavauzelle, Mai 2017


Le totalitarisme islamique

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L’islam radical est une déviance totalitaire du courant sunnite le plus traditionnel : le courant hanbalite

L’aveuglement et la lâcheté des citoyens et des dirigeants des démocraties occidentales ont permis à Hitler de confisquer par la violence un pouvoir acquis démocratiquement et d’engager l’humanité dans la guerre mondiale la plus sanglante de l’histoire, entrainant la mort de 65 millions d’hommes et de femmes et le génocide du peuple juif. Hitler voulait installer un ordre nouveau, le nazisme, dans le monde entier Pourtant dans « Mein Kampf » tout été écrit pour celui qui voulait voir.

Moins d’un siècle plus tard une menace totalitaire est à nouveau devant nos yeux. Il suffit de de lire ce qui est écrit par Al Banna et ses successeurs pour comprendre ce qui nous attend et tous ceux qui minimisent cette menace font la politique de l’autruche et s’en rendent complice.

L’Islam radical a remplacé le totalitarisme nazi et veut, comme lui, installer sur la terre un nouvel ordre mondial.

Au XXème siècle, quelques années après qu’Hitler ait écrit « Mein Kampf », Al Banna a théorisé les fondements théologiques et la stratégie de cette révolution islamique radicale et politique. Et, pour la mettre en œuvre, il a mis sur pied une organisation inspirée des partis fascistes européens.

Al-Qaïda, l’Etat islamique et les Frères Musulmans constituent les diverses manifestations du salafisme qui considère que le Coran et la tradition doivent être les seules sources du droit. Ils prônent tous un retour aux pratiques en vigueur dans la communauté musulmane à l’époque du prophète Mahomet et de ses premiers disciples — connus comme les « pieux ancêtres » (al-Salaf al-Ṣāliḥ ). L’idéologie religieuse et le but sont communs aux islamistes radicaux même si la stratégie et les moyens diffèrent.

Dans une première étape, au nom d’Allah, Ils veulent imposer à la communauté musulmane, par la prédication et la violence, le mode de vie et les pratiques archaïques qui existaient au temps de l’Hégire dans la péninsule arabique. Puis après avoir radicalisé les 1400 millions de musulmans dans le monde, ils visent à établir partout des Etats islamiques où la seule source de droit sera la Charia.

L’apport d’Hassan Al-Banna est celle d’un religieux et d’un enseignant. Il s’est efforcé d’extraire du Coran et de son interprétation par le courant hanbalite, le plus traditionnaliste, le corpus le mieux adapté pour répondre aux défis culturels, technologiques et économiques posés par l’Occident. Son texte fondateur est « la lettre des enseignements » qui explicite les « dix piliers » que tout musulman, et en particulier tout membre des Frères Musulmans, est tenu de suivre [1]. Le premier pilier expose les vingt principes qui délimitent la compréhension du message islamique. Le premier de ces principes est fondateur de la pensée des Frères Musulmans et s’oppose d’emblée au principe de la séparation de l’église et de l’Etat et au principe de laïcité. Il affirme la nature globale de l’islam avec l’argument irréfutable que le prophète Mahomet était à la fois un guide spirituel et un chef d’Etat.

Les neuf autres piliers « explicitent l’importance du travail, du combat (djihad), du sacrifice, de l’obéissance, de la persévérance, de la fidélité à la cause et du dévouement à Dieu, de la fraternité et de la confiance. »[2] Ainsi, s’il fut d’abord un prédicateur qui se donnait pour mission de réveiller les consciences et de revivifier la foi, Al-Banna voulait être aussi un acteur politique et social. Car pour lui, l’Islam est une organisation complète qui englobe tous les aspects de la vie. Il s’est donc attaché à mettre sur pied des organisations efficaces qui permettaient d’assurer la transmission du message mais aussi de le concrétiser au quotidien dans la vie sociétale. Les croyants devaient être les moteurs de l’organisation politique et sociale.

De ce fait, confronté dans sa vie quotidienne à l’impérialisme britannique, Al-Banna a cherché, à la différence des imans wahhabites, à établir et à recommander un consensus le plus large possible entre tous les courants de l’Islam. Car c’était, pour lui, la condition indispensable pour résister à la colonisation des esprits par la culture occidentale et son impérialisme économique et militaire. Son message enjoignait les Frères de mener de front deux combats : un effort personnel pour interpréter le message d’Allah au travers de l’étude du Coran et pour échapper ainsi à la tyrannie des avis émis par les écoles juridiques coraniques qui divisent le monde musulman et sont exploitées par l’Occident ; et aussi un engagement politique et social pour inscrire le message d’Allah dans l’organisation et la vie de la cité en vue de l’établissement d’un Etat islamique guidé par la charia.

Un des piliers de son épitre concerne le jihad. Il affirme d’abord que le jihad est une obligation pour tout musulman et notamment pour les Frères Musulmans. Y manquer est un péché capital. Le combat qu’il veut mener est l’islamisation de la société mondiale en sept étapes. Il prône de commencer par le bas, l’individu, la famille, la société, le gouvernement, les pays musulmans voisins, les anciennes terres conquises par l’islam, de Poitiers à l’Indus, et enfin le reste du monde. « Celui qui meurt sans avoir fait campagne et sans avoir eu l’intention de partir en campagne meurt d’une mort des temps du paganisme. ». « Le premier degré de la guerre sainte consiste à expulser le mal de son propre cœur ; le degré le plus élevé, c’est la lutte armée pour la cause de Dieu. Les degrés intermédiaires sont le combat par la parole, par la plume, par la main et par la parole de vérité que l’on adresse aux autorités injustes. Notre mouvement d’apostolat ne peut vivre que par le combat. A la mesure du caractère sublime de notre apostolat [da’wa] et de l’étendue des horizons qu’il embrassera seront la grandeur du combat que nous mènerons pour lui, l’élévation du prix qu’il faudra payer pour le soutenir et la grandeur de la récompense pour ceux qui auront bien travaillé. Menez combat pour Dieu comme il le mérite » (Coran XXII, 78). Par cela tu sauras le sens de notre devise que tu dois toujours garder « La guerre sainte est notre voie » […] Au stade de l’exécution, le mouvement consiste en une guerre sainte sans merci, en un labeur ininterrompu pour parvenir à notre objectif ; c’est une épreuve que seuls peuvent supporter les véridiques et, à ce stade, la perfection de l’obéissance seule peut garantir le succès » [3].

Al Banna voulait imposer le « Tamkine » mondial, que l’on peut traduire par la prise du pouvoir politique et sa possession, en sept étapes : éduquer l’individu musulman, puis la famille musulmane ; ensuite organiser le peuple musulman ; installer le gouvernement musulman en Egypte ; étendre le gouvernement musulman au monde musulman ; permettre à la bannière d’Allah de flotter sur toutes les contrées occidentales qui avaient connues le bonheur de l’islam ; proclamer notre appel à l’islam dans le monde entier.

Les étapes de cette prise de pouvoir et de sa possession ont été regroupéess en quatre étapes par ses successeurs : présentation de l’Islam, sélection des Frères, affrontement et spécialisation, domination et Tamkine. Elle est incarnée par les 4 derniers doigts de la main avec le pouce replié [4] qui signifie « je suis prêt à réaliser les 4 étapes du Tamkine avec vaillance ou par la violence ». C’est devenu le signe de reconnaissance des Frères Musulmans.

Le 23 aout 2013, Recep Tayyip Erdogan a fait le signe de la R4bia devant la mosquée Al Aqsa d’Ankara. Depuis cette date, il fait régulièrement ce signe de ralliement.

Cette conquête peut se faire par la guerre civile dans les pays où la communauté musulmane est majoritaire comme en Syrie et en Irak ou par le recours aux urnes dans les démocraties en organisant un vote musulman pour y conquérir le pouvoir. Puis comme le réalise sous nos yeux en Turquie le Frère Musulman Erdogan, une fois au pouvoir, établir un Etat islamique irréversible en brisant pas à pas les contre-pouvoirs qui sont les garants de l’Etat de droit.

Mais pour Al Banna cette prise de pouvoir par la violence ou par les élections ne peut être réalisée sans une organisation qui encadre strictement la population. Ce qui est clair, et leur histoire de 1935 à nos jours va le démontrer tant au Moyen-Orient, au Maghreb qu’en Europe, les Frères Musulmans se sont organisés comme tous les partis révolutionnaires à but totalitaire en trois cercles : les sympathisants, les militants et les dirigeants auxquels est directement rattachée une branche armée secrète [5]. Passer du cercle des sympathisants au cercle des militants puis des dirigeants s’effectue au terme d’un processus de sélection sévère et qui s’exerce en continu par l’enseignement, le suivi de tous les instants, l’analyse du discours et des comportements de ceux qui ont été détectés comme ayant le potentiel pour passer d’un cercle à l’autre.

Un livre, récemment publié par Mohamed Louisi, [6] décrit avec précision le parcours qu’on lui a fait suivre jusqu’à qu’il en perçoive le caractère totalitaire et les objectifs politiques éloignés du simple prosélytisme religieux.

La croissance de l’organisation d’Al-Banna fut rapide : en 1929 on comptait 4 sections, 15 en 1932 et 300 en 1938. Elle ressemblait à beaucoup d’organisations politiques à but totalitaire. Aujourd’hui en Europe on compte 250 puissantes organisations qui regroupent des milliers d’associations et 7 millions d’adeptes et qui disposent d’un budget de plusieurs milliards d‘euros.

Banna s’est visiblement inspiré des partis fascistes de l’époque. Au sommet se trouve le guide, assisté d’une quinzaine de membres choisis par lui et qui constituent le Bureau Général de l’Orientation avec une assemblée consultative générale de 100 à 150 membres. Les décisions dans ces deux organismes se prenent à l’unanimité. « Tout désaccord important se solde par une soumission aveugle (à la manière de l’obéissance de certaines congrégations religieuses catholiques) soit par la sécession ou l’exclusion (sécession des activistes tentés par l’action violente en 1938-1939, exclusion d’un des fondateur qui reproche à Banna son favoritisme familial en 1947 » [7]. Vient ensuite une organisation verticale, géographique très hiérarchisée : district (manatiq), branches (shu’ab), familles (usar) et une organisation des activités techniques (sections : propagande, travail, famille, étudiants, liaison avec le monde musulman, entrainement physique, presse, etc. Et comités : trésorerie, politique, droit, Fatwa, etc.)

Un serment d’obédience fut entériné au troisième congrès de la confrérie en mars 1935. Il comportait cinq paragraphes qui commençaient par « je crois » à la manière de la profession de foi catholique. Les paragraphes 2,3 et 4 du crédo fixaient le comportement que devait avoir un frère dans la vie sociale. Le paragraphe 1 avait trait à la foi et le 5 à l’action. Le paragraphe 1 était ainsi libellé : « Je crois que tout est sous l’ordre de Dieu ; que Muhammad est le sceau de toute prophétie adressée à tous les hommes, que la Rétribution [8] est une réalité, que le Coran est le Livre de Dieu, que l’Islam est une Loi complète pour diriger cette vie et l’autre ». Le paragraphe 5 était ainsi écrit : « Je crois que le musulman a le devoir de faire revivre l’Islam par la renaissance de ses différents peuples, par le retour de sa législation propre, et que la bannière de l’Islam doit couvrir le genre humain et que chaque musulman a pour mission d’éduquer le monde selon les principes de l’Islam. Et je promets de combattre pour accomplir cette mission tant que je vivrai et de sacrifier pour cela tout ce que je possède. » [9]

Les systèmes politiques comme la Chine et la Russie dans lesquels leurs dirigeants exercent le pouvoir sur une longue période, sont mieux armés pour percevoir le danger de l’Islam radical, pour en percevoir la progression dans la communauté musulmane et pour mettre en place des stratégies de long terme pour lui barrer la route notamment en s’alliant avec la partie de la communauté musulmane qui refuse cet Islam politique [10]. En revanche? les démocraties laïques, focalisées sur le court terme par de fréquentes élections, sont désarmées car elles ont tendance à nier le caractère religieux de cette violence et elles sont incapables de percevoir les effets à long terme de l’action révolutionnaire entreprise par les tenants de l’Islam radical.

Car il s’agit bien d’une guerre révolutionnaire que mène au reste du monde l’islam radical avec toute l’étendue de la panoplie de moyens d’action vieux comme le monde.

Il y a d’abord les actions terroristes qui en France depuis 15 ans ont coûté la vie à 260 civils et ont blessé plus ou moins gravement près de 1000 autres et causé la mort de plus de 150 soldats français et en ont blessé plus de 500, dont beaucoup sont handicapés à vie. Au niveau mondial le nombre de morts par attentat a été multiplié par 9 entre 2000 et 2014 où il s’élevait à 35000 et à plus de 100 000 blessés. [11]

Aucun des dirigeants des Frère Musulmans n’a condamné ces actes terroristes même s’ils ont toujours nié en être les auteurs ou les complices. Car ils considèrent que ces violences les aident, leur permettant d’apparaître aux yeux des autorités comme des organisations non violentes avec lesquelles on peut parler. Néanmoins comme l’affirme la conclusion d’une enquête menée en commun par les MI5 et MI6 britanniques, demandée en 2014 par David Cameron: « Parts of the Muslim Brotherhood have a highly ambiguous relationship with violent extremism. Both as an ideology and as a network it has been a rite of passage for some individuals and groups who have gone on to engage in violence and terrorism”. [12]

Cette violence terroriste vise, dans les pays à majorité musulmane, à déstabiliser les structures étatiques. La déstabilisation de la Syrie a été organisée et conduite à l’origine par les Frères Musulmans syriens en guerre ouverte contre régime alaouite qualifié d’apostat depuis son alliance avec l’URSS communiste et athée dans les années 70. Ils ont été soutenus pour des raisons géopolitiques et idéologiques par une alliance hétéroclite comprenant l’Arabie saoudite, le Qatar, Israël, la Turquie les Etats-Unis et la France, ces deux derniers pays voulant croire que les rebelles visaient l’instauration d’un régime démocratique.
Cette déstabilisation en Syrie s’est accompagnée d’une vaste opération de désinformation. Elle a réussi à faire croire en Occident à un printemps arabe syrien face à un dictateur sanguinaire. Cette déstabilisation des structures étatiques a aussi été conduite avec succès en Libye, en Irak et en Syrie avec l’appui des occidentaux qui rêvaient d’établir dans ces pays des régimes démocratiques sans se rendre compte qu’ils étaient de facto les « compagnons de route » des islamistes radicaux. Leur réaction tardive en Irak et l’intervention Russe en Syrie a toutefois permis d’éviter l’instauration d’Etats islamiques à Bagdad et à Damas.

Cette action révolutionnaire dans des pays où la majorité de la population est musulmane, vise à implanter des bases qui sont autant de laboratoires et de centres de formation des cadres des Etats islamiques avant de s’emparer par la force de tout le pays.

Nous en avons connu des exemples en Afghanistan, en Irak, en Syrie et encore aujourd’hui en Libye où la région de Misrata est tenue par des milices affiliées aux Frères Musulmans, armées et soutenues par la Turquie d’Erdogan. C’est aussi ce qui s’est passé entre 2010-2011 dans le Nord Mali de Tombouctou, Gao à la frontière algérienne et libyenne jusqu’à l’intervention française avec l’opération Serval en janvier 2013 qui a stoppé les colonnes d’AQMI et du MUJAO qui s’étaient ouvert la route vers Bamako.

C’est aussi le cas en France, dans certains quartiers de nos grandes villes où la loi de la République ne s’applique plus et qui sont devenus des laboratoires des Frères Musulmans qui savent par la dissimulation obtenir la complicité des édiles locaux qui achètent la paix sociale ou le vote musulman en fermant les yeux sur leurs pratiques contraires aux lois de la République. Ainsi nos dirigeants savent sans, pour autant, réagir qu’à Marseille par exemple, les Frères Musulmans payent 170 euros par mois les femmes musulmanes pour qu’elles portent dans la rue le voile intégral et ils payent les rares contraventions qui leurs sont infligées.

Actuellement, estimée par Pew Research Center, la population française venant de pays musulmans serait de 5,7 millions d’habitants venant de pays musulmans soit 8,8% de la population française.

Une projection effectuée jusqu’en 2150 fournit les chiffres suivants:

• selon le premier scénario : 8,6 millions, soit 12,7% de la population française;
• dans le scénario médian, ils atteindraient 12,6 millions, soit 17,4% de la population;
• dans l’hypothèse de la poursuite d’une forte immigration, ils atteindraient 13,2 millions, soit 18% de la population française.

Ces scénarios prennent en compte le fait que c’est en France que le taux de fécondité de la population d’origine musulmane est le plus élevé d’Europe : 2,9 enfants par femme musulmane (contre 2,6 pour les femmes musulmanes en Europe).

Mais les chiffres les plus inquiétants concernent les naissances. L’Insee a publié des chiffres sur l’origine des naissances en France. En 2016 sur 783 640 naissances, 102 340 avaient un des deux parents né en dehors de l’Union européenne à 28, et 58 375 les deux parents. Soit 160 715 dont au moins un des parents étaient nés hors d’Europe ; c’est-à-dire 20,5 %, un enfant sur 5 ! En 1998 la même proportion était de 11,5 % : un sur 9.

On mesure l’accélération et l’ampleur de l’évolution et le risque de guerre civile si on ne stoppe pas rapidement la progression de l’Islam radical dans la communauté musulmane.

Certes et je m’en félicite beaucoup de musulmans français respectent les lois de la République. Mais en tolérant la prise de contrôle des mosquées par les imams salafistes, nos dirigeants acceptent que l’Islam radical gangrène peu à peu cette population et organise un vote musulman qui peut dans quelques années représenter une force suffisante pour prendre le pouvoir par les urnes. Les attentats et les 1000 agressions violentes quotidiennes (non crapuleuses et non sexuelles) qui ont lieu en France créent un sentiment d’inquiétude dans la population. Le nombre de français qui rendent sur les réseaux sociaux l’Islam responsable s’accroit chaque jour. Le risque est qu’une partie grandissante des français confonde Islam et Islam radical et contribue par des réactions inappropriées à jeter dans les bras des Frères Musulmans la majorité de la communauté musulmane qui n’aspire qu’à vivre en bon citoyen en France et en Europe.

Il est encore temps de renverser l’islamisation radicale des musulmans français à condition que nos dirigeants politiques s’engagent sans faiblesse à stopper cette prédication radicale et à rétablir l’Etat de droit dans les 1000 quartiers où il est contesté et remplacé par la loi des trafiquants plus ou moins alliés au islamistes radicaux, comme l’on dévoilé les enquêtes suites aux attentats de 2015.


Général (2S) Jean-Bernard PINATEL
Secrétaire Général du Think Tank GEOPRAGMA
Auteur de « Histoire de l’Islam radical et de ceux qui s’en servent », Lavauzelle, Mai 2017

[1] Brigitte Maréchal, les frères musulmans en Europe, PUF, octobre 2009, page 81.
[2] Brigitte Maréchal, op.cit, page 81.
[3] Hassan al-Bannâ, » Lettre des enseignements », 1943 ; traduction de .G. Delanoe, Cahiers de linguistique, d’orientalisme et de slavistique, n°1 et 2,1974, pp.55-83.
[4] R’bia signifie Ready four Bia. Bia est une déesse grecque Bia (en grec ancien Βία / Bía) personnifiant la Force, la Vaillance, la Valeur ou la Violence.
[5] Le FLN en Algérie, ETA au Pays Basque ou l’IRA en Irlande étaient organisés dela même façon.
[6] Mohamed Louizi, pourquoi j’ai quitté les Frères Musulmans, Michalon, 2016.
[7] Olivier Carré et Michel Seurat op.cit. p 23.
[8] Il faut croire que le croyant aura à rendre des comptes pour ses actes et obtiendra sa Rétribution.
[9] Dans le numéro 9 de l’hebdomadaire Al-Ikhwam al-muslimûm, 1933.
[10] Le succès de l’intervention Russe dans la deuxième guerre de Tchétchénie s’explique de cette façon. Lire Russie, alliance vitale, Choiseul, pages 126 et 127.
[11] Global Terrorism index, 2015, Institute for Economics&Peace.
[12] Ce rapport était si critique de la tolérance britannique à l’égard de cette organisation que le Premier Ministre a refusé de publier ce rapport qui lui a été remis en décembre 2015. David Cameron a seulement présenté une synthèse des principales conclusions https://www.thejc.com/news/uk-news/government-report-warns-muslim-brotherhood-is-rite-of-passage-for-terror-1.64091 By Marcus Dysch, December 22, 2015.


Nous resterons une armée de temps de paix

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Le chef d’Etat-Major français, le général François Lecointre, déplore les effets des dernières réformes

« Je saisirai chaque occasion de réduire l’empreinte en opérations dès lors qu’elle ne se justifie pas. » Le chef d’état-major des armées françaises, le général François Lecointre, a pour mission de réformer des forces « éreintées », et il veut d’abord tordre le coup à un préjugé : « Je ne supporte pas qu’on dise que les armées s’entretiennent en opérations pour le plaisir de payer des indemnités de service en campagne à leurs soldats ou pour justifier leur existence. Dès que je pourrai, je diminuerai », a-t-il indiqué, jeudi 6 septembre, devant l’Association des journalistes de défense.

Un an après avoir pris ses fonctions dans « les conditions délicates » de la démission de son prédécesseur, Pierre de Villiers, le général rend publiques ses orientations stratégiques. La révision – « modulation », dit-il – des opérations extérieures en fait partie.

« Les dépendances croisées ne nous permettent plus de choisir nos combats. Nous avons de moins en moins le choix de nos engagements », avait indiqué le général, en juillet. Mais le but est de « retrouver des marges de manœuvre permettant de faire face à d’éventuels engagements nouveaux – car – nos armées atteignent déjà les limites de leurs capacités avec 30 000 hommes en situation opérationnelle, ce qui n’est pourtant pas un niveau historiquement élevé », a-t-il rappelé devant la commission de la défense de l’Assemblée nationale, où il a été auditionné, en juillet – le compte rendu a été publié le 4 septembre.

Budget annuel de 50 milliards

« Aujourd’hui, la masse de nos armées est plus réduite que jamais, et cela n’aura pas changé en 2025 ». La loi de programmation militaire 2019-2025 prévoit d’atteindre un budget annuel de 50 milliards d’euros courants. « Certes, à l’issue de la programmation militaire qui s’ouvre, notre armée ne sera plus éreintée, sous-équipée, sous-dotée, et sous-entraînée comme aujourd’hui, explique-t-il. Mais elle restera une armée de temps de paix. Reste à savoir si elle sera alors capable d’être engagée sur plusieurs théâtres dans des conflits peut-être plus violents, et en tout cas très différents de ceux d’aujourd’hui. »

L’année qui vient sera ainsi celle « d’un changement important pour l’opération « Chammal », qui mobilise un millier d’hommes en Irak et en Syrie. Pour l’heure, les armées « se tiennent prêtes à conduire des frappes en Syrie parce que le président – Emmanuel Macron – a maintenu cet ordre si jamais l’arme chimique venait à nouveau à être employée » par le régime de Bachar Al-Assad lors de la bataille d’Idlib, le dernier bastion rebelle du pays.

Jusqu’à la « fin du califat, physique, de Daech, prévue à la fin de l’automne, nous continuerons d’être actifs ». Membres de la coalition internationale menée par les Etats-Unis, les Français conduisent des missions aériennes depuis la Jordanie, ainsi que des actions d’appui au sol des forces kurdes dans le nord syrien, des opérations d’artillerie à la frontière de l’Irak et, en bilatéral, des formations auprès de l’armée de Bagdad.

« La difficulté est le tempo »

A la fin de l’année, la question de la fermeture de la base française projetée en Jordanie se posera. Tout comme celle du maintien des missions de formation qui pourraient être transférées à l’OTAN si le gouvernement irakien retient cette proposition des Occidentaux. En outre, les Etats-Unis pourraient
conserver une force antiterroriste sur l’ensemble de la région « avec quelques partenaires aptes et volontaires », et la France devra se prononcer sur une éventuelle participation. « On verra. Les redéploiements sont soumis aux décisions du président de la République et tiennent compte de la situation sur zone. »

Au Sahel (4 500 militaires) de la même façon, « la France doit rassurer ses partenaires en les assurant de sa présence à long terme », dit le général Lecointre, mais « l’opération prendra des formes différentes au gré de la montée en puissance des acteurs locaux ». A la frontière du Niger et du Mali, où se concentraient les groupes armés, les opérations ont porté leurs fruits, assure-t-il, mais la situation se dégrade au centre du Mali et au nord du Burkina Faso.

« Mon souci est d’arriver à faire monter en puissance des actions de développement économique et humanitaire, et j’ai du mal à le faire, admet le général. La difficulté est le tempo des uns et des autres. Nous faisons des efforts pour planifier le plus longtemps possible à l’avance nos opérations, le partager avec l’Agence française de développement et le ministère des affaires étrangères pour faire en sorte que leurs projets arrivent à maturité quand nous aurons produit du résultat. »

L’Etat-Major compte sur ses partenaires européens, d’abord les Allemands. A Paris, devant les patrons du Medef, le 28 août, note-t-il, le vice-chancelier, Olaf Scholz, a parlé de défense européenne pendant la moitié de son discours.

« Nous avons une vraie opportunité pour que nos différences de culture s’amoindrissent et pour développer des capacités d’intervention, estime le général Lecointre. Les Allemands sont très attachés à la défense collective, et, avec des Etats-Unis qui penchent pour des relations bilatérales avec les Européens, nous avons intérêt à réaffirmer la force de l’alliance de l’OTAN. »

« Singularité militaire »

Mais si les forces françaises font « la preuve de leur excellence opérationnelle », selon lui, celle-ci a trouvé ses limites. Les réformes des dix dernières années ont « progressivement affaibli les armées par l’adoption de modes d’organisation et de fonctionnements civils faite sous contrainte forte de la revue générale des politiques publiques », affirme le général Lecointre. En 2011, les nouvelles bases de défense ont privé le commandement de la responsabilité de ses soutiens logistiques et de ses équipements. « Cela nous a fait perdre la cohérence du commandement, l’autonomie et la capacité à durer en cas de crise. Il ne s’agit pas de développer une nostalgie pour un ordre ancien, mais de réaffirmer les principes qui fondent depuis toujours l’efficacité des armées », précise le chef d’état-major.

Il évoque la défaite de Sedan, en 1870, pour « corriger les excès » de cette organisation. C’est d’un vieux document, fondamental, qu’il a parlé au chef de l’Etat : le rapport Léon Bouchard, qui avait réorganisé les armées après le désastre. La République avait alors concédé que les généraux devaient avoir une autorité suffisante sur les directeurs de services pour réussir, créant des corps d’armée permanents avec leurs troupes et leurs matériels.

Le général Lecointre veut redonner des prérogatives à tous les échelons de la hiérarchie et réaffirmer « la singularité militaire » parmi les administrations de l’Etat. Les soldats devront en effet être bichonnés car l’année 2019 sera pour eux celle de tous les dangers, avec le lancement simultané du logiciel de la paie succédant au désastreux Louvois, d’une nouvelle politique de rémunération, du prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu et de la réforme des retraites.

Nathalie Guibert

Source : Le Monde


La loi de programmation militaire (2019-2025)

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Inscrit dans le marbre des choix stratégiques essentiels, planifie une remontée en puissance de nos forces mais ne balaye pas toutes les craintes sur l’avenir de notre Défense.

La LPM va être adoptée par le Parlement le 27 juin, à l’Assemblée nationale, et le 28 juin, au Sénat, à l’issue de la commission mixte paritaire (CMP), dont la première réunion a eu lieu mardi 19 juin.

Elle marque « une inversion de tendance historique », s’était réjoui le chef d’état-major de l’armée de Terre, le général Jean-Pierre Bosser lors de son audition à l’Assemblée nationale en février dernier. Et de préciser que la France est « désormais sur une trajectoire de remontée en puissance ». Cette LPM prévoit une croissance de 1,7 milliards par an jusqu’à 2022 puis de 3 milliards jusqu’en 2025 pour porter à cette date l’effort de défense à 2% du PIB.

Saluons à sa juste mesure cet effort que la nation, sous l’autorité du Président de la République, va s’engager à faire. Cela dit, il n’est pas interdit de se poser quelques questions sur les choix stratégiques effectués et donc sur l’emploi de ces sommes. Et en particulier, sur ce que cache cette accélération de l’effort à partir de 2022 ?

Cette augmentation est rendue indispensable par le renouvellement des composantes de notre dissuasion nucléaire dont les crédits annuellement alloués passeront de 3,9 milliards d’euros en 2017 à 6 milliards d’euros en 2025 et ce pour une durée initiale de 10 ans, soit 65% de plus par an par rapport aux sommes dépensées lors de précédente LPM (2014-2019).

La volonté d’augmenter de façon considérable le budget de la défense vient donc, en très grande partie, du choix politique de maintenir une dissuasion nucléaire crédible comme clé de voûte de la stratégie militaire de la France, ce qui constitue pour moi un impératif indiscutable. Il s’agit donc de préparer le renouvellement des vecteurs et des armes compte tenu de leur obsolescence naturelle (le Triomphant mis en service en 1997 aura 33 ans en 2030) et des progrès technologiques, notamment en matière de détection sous-marine, de défense anti-missiles, etc.

Néanmoins, il est nécessaire d’expliquer clairement aux Français pourquoi, dans le contexte stratégique actuel et prévisible à moyen terme, on a décidé de renouveler presque à l’identique [1] le format qui existait du temps où les divisions soviétiques étaient déployées à deux étapes du tour de France de nos frontières. En effet, cette décision nous conduit à consacrer la grande majorité de l’augmentation des crédits militaires prévus entre 2018 et 2030 au renouvellement des moyens de la dissuasion nucléaire, d’où plusieurs questions légitimes :

1) le maintien de la composante aérienne de la dissuasion est-il indispensable ?

2) De même le maintien en permanence d’un SNLE en patrouille est-il justifié ?

Si l’effort de 3 milliards supplémentaires par an est effectivement réalisé à partir de 2023, les décisions prises pour la dissuasion nucléaire n’entraineront aucune incidence négative sur la modernisation des équipements de nos forces classiques, sur la formation des personnels, le maintien en condition des matériels et la condition militaire. Mais comment ne pas entendre les craintes légitimes fondées sur l’expérience récente. En effet, passer d’un accroissement annuel de 1,7 à 3 milliards à partir de 2022 constitue un effort budgétaire considérable. Et le précédent de la révision de 2015, où François Hollande avait lui aussi repoussé l’effort en fin de période, peut donner à réfléchir. En effet on a vu ce qu’il en est advenu en 2018 de l’augmentation supplémentaire des 1 milliard d’euros prévus lors de la révision de 2015 : 850 millions de crédits d’équipement ont été supprimés….

Par ailleurs, sur le plan doctrinal, maintenir une composante aérienne à la dissuasion nucléaire n’affaiblit-il pas la dissuasion elle-même car cela ne prouve-il-pas que l’on n’est plus sûr à l’avenir de pouvoir assurer l’ « indétectabilité » des SNLE [2]? En outre, la composante aérienne est-elle une assurance suffisante en cas de défaillance de la composante sous-marine, notamment en termes de portée et de capacité de pénétration [3] ? Toutes ces questions ont été légitimement posées lors des débats en commission. Une seule chose est sure : elles expliquent le coût qui est programmé pour mener les recherches nécessaires au maintien de la crédibilité de notre dissuasion nucléaire. Mais personne, chez nous comme chez nos adversaires potentiels, n’est capable de leur apporter une réponse définitive. Ce sont ces incertitudes qui constituent pour le général Lucien Poirier l’essence même de la dissuasion. [4]

Au final, si la dissuasion nucléaire reste la clé de voute de notre défense, elle ne doit pas nous faire oublier que les menaces auxquelles nous aurons à faire face dans un avenir prévisible rendront plus que jamais nécessaire la disponibilité de forces classiques bien équipées, bien entrainées et composées de soldats motivés. Car la nation reconnaitra leurs sacrifices en se souciant particulièrement de la condition militaire.


Général (2S) Jean-Bernard PINATEL
Auteur de « Histoire de l’Islam radical et de ceux qui s’en servent », Lavauzelle, Mai 2017

[1] A l’exception de la composante terrestre, les Hades, qui ont été démantelés en 1997.

[2] Le Point.

[3] Même si nos aviateurs viennent brillamment de démontrer qu’ils sont capables de frapper sans opposition à 6000km de leurs bases ce qui est suffisant pour Moscou, Téhéran ou New-York mais insuffisant pour Pékin.

[4] Dissuasion et Puissance moyenne », RDN, mars 1972, p.363.


L’impératif nucléaire français

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A l’heure où six militaires de l’opération sentinelle ont été blessés par une voiture bélier pilotée par un terroriste islamique, où nos armées sont engagées sur plusieurs théâtres d’opérations contre les tenants d’un Islam radical, où les crédits militaires en 2016 ont été rognés par rapport aux engagements pris de près de 1,5 milliards par le gouvernement actuel et où notre armée et ses matériels sont à bout de souffle, la crise nord-coréenne attire notre attention sur le risque nucléaire à l’autre bout du monde.

En effet, la tentation est grande, face à la menace terroriste immédiate de concentrer nos efforts financiers sur nos forces classiques remettant à plus tard la modernisation de notre force de dissuasion nucléaire. Il est donc essentiel de se demander si cette option est-elle envisageable sans risque pour la sécurité des français ?

Ma réponse est claire et s’appuie sur le travail de plus d’un an mené avec un groupe d’experts dans le cadre de la récente campagne présidentielle au service du projet de François Fillon.

La dissuasion nucléaire avec ses deux composantes sous-marine et aérienne reste le socle de notre défense nationale. Sa crédibilité repose sur une constante modernisation, notamment dans les deux domaines de la furtivité et de la capacité de pénétration des défenses anti-balistiques adverses. Les technologies à développer ainsi que renouvellement de nos vecteurs et en particulier des SNLE à partir de 2030 vont requérir dès 2019 un effort croissant de recherche et de développement qui va mobiliser un pourcentage croissant dans le budget de la Défense.

Mais pour satisfaire ces deux impératifs, protéger les français aujourd’hui et préparer leur sécurité ’ de demain, l’objectif de 2% du PIB qui a fait consensus chez tous les candidats à la présidentielle doit être atteint en 2023 et non 2025 comme l’a promis le Président de la République. Car si nous n’augmentons pas effectivement le budget des Armées de 2 milliards chaque année à partir de 2018, non seulement nous ne pourrons pas rattraper le retard d’équipement de nos forces classiques et maintenir un niveau élevé d’engagement opérationnel, mais aussi nous mettrons en danger la crédibilité de notre dissuasion nucléaire qui reste l’ultime protection de nos intérêts vitaux, c’est-à-dire de la sanctuarisation de notre territoire national.

Il est en effet impossible de prévoir à un horizon de 10 à 15 ans si nous n’aurons pas à nos frontières un État islamique doté d’armes nucléaires qui pratiquera un chantage encore plus radical que celui actuellement conduit par Kim Jung Un. N’oublions pas qu’aujourd’hui l’État pakistanais est un État nucléaire et se bat au quotidien contre l’islam radical qui a causé dans ce pays [1] la mort de 21.882 civils et 6787 membres des forces de l’ordre entre 2003 et 2017. Baisser la garde nucléaire qui est un effort de long terme face à la menace immédiate actuelle serait irresponsable. C’est pour cette raison que la Défense Nationale ne doit pas être la variable d’ajustement de la mauvaise gestion par l’État de la dépense publique.


Général (2S) Jean-Bernard PINATEL

Auteur de « Histoire de l’Islam radical et de ceux qui s’en servent », Lavauzelle, Mai 2017

Source : ATLANTICO

[1] Fatalities in Terrorist Violence in Pakistan 2003-2017


Nouvelle crise des missiles : mais où en est la France en matière de dissuasion nucléaire et que doit-elle apprendre du cas nord-coréen ?

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Par une nouvelle déclaration sur twitter, Donald Trump a pu indiquer « Mon premier ordre en tant que Président a été de rénover et de moderniser notre arsenal nucléaire. Il est aujourdhui plus fort et plus puissant que jamais ». Alors que l’escalade bat son plein entre Pyongyang et Washington, quel point peut on faire sur les capacités françaises en la matière ? Quel est l’état de la force de dissuasion française.

Le Président Trump en déclarant dans un tweet : « Mon premier ordre en tant que Président a été de rénover et de moderniser notre arsenal nucléaire. Il est aujourd’hui plus fort et plus puissant que jamais » démontre une fois de plus qu’il n’est pas sérieux. En effet une décision de ce type pour qu’elle commence à se concrétiser significativement sur le terrain demande au moins dix ans.

En France, quels qu’aient été les Présidents de la République, aucun n’a remis en cause le fait que la dissuasion nucléaire est le socle sur lequel est bâtie notre défense. Pour tous les responsables français il s’est agi de maintenir en permanence une capacité de seconde frappe à un niveau tel que le bénéfice que pourrait retirer un ennemi qui frapperait en premier notre pays serait inférieur aux pertes que notre capacité de seconde frappe (c’est-à-dire notre riposte à son agression) lui causerait.

Pour ce faire les actions à réaliser et les dépenses à consentir sont planifiées non pas sur 6 ans comme dans la Loi de Programmation militaire pour le reste des équipements militaires, mais sur les trente prochaines années.

C’est ainsi que l’on sait qu’il va falloir accroitre le pourcentage consacré à la dissuasion nucléaire dans les dépenses de défense dès 2018-2019 si l’on veut qu’en 2030 nous soyons toujours dissuasifs vis à vis de tout adversaire potentiel,qu’il soit une superpuissance ou un Etat voyou.

Quelles sont les leçons à tirer de la crise actuelle ? La France se doit-elle de renforcer ses capacités dans un monde ou, après la Corée du Nord, d’autres pourraient nourrir la même ambition ? En quoi le fait nouveau, qu’un seul pays membre de l’Union européenne soit détenteur de la force de dissuasion, peut-il également plaider en ce sens ?

La crise actuelle, à mon avis, n’est qu’une gesticulation verbale initiée par le Président Trump dans un but de politique intérieure. En revanche, il est certain que l’existence de capacités nucléaires et balistiques aux mains d’un régime autocratique comme celui de la Corée du Nord peut inquiéter ses voisins les plus proches et notamment la Corée du Sud et le Japon.

Pour la France, la seule leçon à en tirer est que la dissuasion nucléaire fonctionne. Car si la Corée du Nord proférait de telles menaces sans posséder des capacités nucléaires, rien n’empêcherait les Etats-Unis de détruire ses capacités balistiques car le risque pour eux serait quasi nul et très minime pour leurs alliés coréen et japonais. Par ailleurs, nos capacités nucléaires sont ajustées par rapport à l’enjeu que la France représente pour un adversaire potentiel. Elles ne peuvent constituer aucunement une protection pour les autres pays européens. Et même si elles étaient de taille supérieure, elles ne pourraient avoir un effet dissuasif que très limité pour nos voisins. En effet, hypothèse d’école, croyez-vous qu’un Président de la République française riposterait par une frappe nucléaire contre Moscou si d’aventure la Russie envahissait l’Ukraine ? La dissuasion nucléaire ne peut protéger que nos intérêts vitaux.

Quels seraient les efforts à fournir pour parvenir à ce que la France dispose d’un outil de premier plan ?

Répondre à votre question c’est poser le problème de l’effort de défense. Si nous voulons d’une part maintenir un engagement opérationnel extérieur du même niveau qu’actuellement tout en poursuivant l’opération sentinelle à hauteur de 7000 hommes et, simultanément, rattraper le retard dans la modernisation des équipements de nos forces armées classiques et, d’autre part, maintenir la crédibilité de notre force de dissuasion nucléaire en lançant lancer dès 2018 les dépenses de recherche développement nécessaires, il faudrait à partir de 2018 rajouter 2 milliards de plus chaque année au budget des armées voté pour 2017 .Cela conduirait à un effort supplémentaire de 42 Milliards entre 2018 et 2023 et permettrait d’atteindre un budget militaire de 45 milliards hors pensions en 2023. Ce qui signifie se fixer un objectif d’atteindre les 2% du PIB en 2023 et non en 2025.

Si nous refusons de faire cet effort nous ferons ce que le comte de Guibert, penseur militaire, disait à Louis XVI qui voulait pas faire un effort suffisant pour son armée: « ce qu’il y a de plus cher et de plus onéreux c’est d’avoir une demi-armée car avec cela on n’est jamais au niveau de sa politique, ni de son rang ni du rôle qu’on doit jouer et toute dépense qui est insuffisante est celle qu’il faut vraiment regretter. »


Général (2S) Jean-Bernard PINATEL

Auteur de « Histoire de l’Islam radical et de ceux qui s’en servent », Lavauzelle, Mai 2017

Source : ATLANTICO


Pourquoi l’hypothèse d’une troisième guerre mondiale prochaine n’est plus seulement un fantasme d’addict à la catastrophe

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A une semaine de la réunion du G20, les tensions entre les Etats-Unis et la Russie se multiplient. Dans le même temps, la situation géopolitique au Moyen-Orient est loin de s’apaiser.

Atlantico : A une semaine de la réunion du G20, les tensions entre les Etats-Unis et la Russie se multiplient. Mardi dernier un avion russe Tu-154 VIP a été intercepté par des avions de l’OTAN au-dessus de la mer Baltique. Ce lundi c’est le sous-marin Yuri Dolgoruky qui a procédé à des tests de lancement de missile intercontinental. Du côté américain, la politique étrangère est régulièrement jugée imprévisible. Alors qu’une rencontre Trump-Poutine est envisagée en marge du G20, quel état des lieux peut-on faire de la situation actuelle ?

Quels sont les risques de voir les deux nations s’opposer directement ?

Jean-Bernard Pinatel : Les analystes sont aujourd’hui dans l’incertitude sur la politique étrangère de Trump. En effet, durant la campagne pour l’élection présidentielle Trump avait clairement indiqué qu’il souhaitait s’entendre avec Poutine car son ennemi principal était Daech. Depuis lors, il semble que le lobby militaro-industriel ait repris le contrôle sur Trump. En effet le gigantesque complexe militaro-industriel américain, dénoncé dans une adresse radio-télévisée à la nation américaine en avril 1953 par le Président Eisenhower comme une menace pour la démocratie, a besoin d’un état de tension dans le monde pour justifier aux yeux des citoyens américains les sommes fabuleuses annuelles de 600 milliards de dollars qu’ils payent chaque année avec leurs impôts. La preuve de cette reprise de contrôle sur Trump : il vient d’annoncer qu’il allait augmenter en 2017 le budget de la Défense de 9% soit 54 milliards de dollars, c’est-à-dire d’une somme équivalente au budget militaire de la France.Cette somme représente à elle seule les deux tiers du budget militaire annuel de la Fédération de Russie. Les provocations américaines via l’OTAN comme l’interception d’avions russes dans l’espace aérien international sont destinées au public américain qui ignore dans sa grande majorité les réalités internationales. Cela dit le concurrent potentiel des États-Unis en termes de leadership mondial n’est pas la Russie mais la Chine. En effet le budget militaire russe ne représente que 13% du budget américain et son PIB est au 12ème rang mondial derrière celui de la Corée du Sud. En revanche la Chine avec le second PIB mondial possède un budget militaire en forte croissance qui représente déjà 42% du budget US (250 milliards de dollars). Cela dit, la Russie a une force de dissuasion nucléaire qui interdit toute escalade aux extrêmes avec les États-Unis mais cela n’exclut pas des tensions et des confrontations locales là où les enjeux ne sont pas vitaux pour les deux puissances.

Quels sont les liens à établir entre cette hausse des tensions et la situation géopolitique au Moyen-Orient ? Notamment avec l’échec des Etats-Unis sur le dossier syrien et les tensions entre le Qatar et l’Arabie Saoudite ?

Jean-Bernard Pinatel : Trump avait déclaré durant la campagne électorale « sans notre protection, l’Arabie saoudite ne survivrait pas une semaine ». Les saoudiens ont compris le message et lors de la visite de Trump à Riyad les 20 et 21 mai derniers ils ont ouvert largement leur bourse pour acheter leur sécurité. En effet, le ministre saoudien des Affaire étrangères,en clôture de la visite du président américain, a annoncé des contrats immédiats et à venir d’un montant de 380 milliards de dollars (340 milliards d’euros) dont 110 milliards de contrats militaires. Trump,le business man, contre des espèces sonnantes et trébuchantes,a clairement adopté la ligne traditionnelle des républicains : l’alliance avec les sunnites contre l’Iran chiite soutenu par la Russie. Ces deux derniers pays qui possèdent des intérêts communs en tant que riverains de la mer Caspienne détiennent avec le Qatar 50% des réserves mondiales prouvées de gaz naturel. Par ailleurs l’Iran soutient l’Irak à dominante chiite et la Syrie où la Russie possède la base navale de Tartous. Il y existe une concurrence géopolitique d’influence traditionnelle entre la Russie et les anglo-saxons dans cette région du monde où la politique de retrait d’Irak et de réserve d’Obama sur le dossier Syrien a permis le retour en force de l’influence russe.

Quels seraient les prochaines étapes envisageables dans l’optique d’une confrontation ? Quelles sont, pour les deux nations, les lignes rouges à ne pas franchir ?

Jean-Bernard Pinatel : La prochaine étape envisageable, mais le pire n’est jamais le plus sûr, est une désinformation identique à celle que Bush junior avait utilisé pour envahir l’Irak. C’est de dénoncer l’utilisation d’armes chimiques par le régime syrien. Notons que Trump a déjà commencé à utiliser ce prétexte puisque dans la nuit du 6 au 7 avril il a ordonné des frappes contre une base syrienne seulement deux jours après l’attaque chimique de la ville de Khan Cheikhoun qu’il a imputée, évidemment sans preuve (Il est impossible pour un service secret dans un délai aussi court d’avoir recueilli des preuves sur le terrain à moins d’être partie prenante de cette affaire), à l’armée syrienne. Or on sait qu’Al Nosra (Al Qaïda) a utilisé l’arme chimique fournie par Erdogan pour essayer entrainer les occidentaux à entrer en guerre contre Assad. Or il est évident qu’aujourd’hui Assad avec l’aide de la Russie a rétabli la situation militaire et n’a aucun intérêt à s’attirer la réprobation mondiale alors que plus aucun analyste sérieux ne pense qu’il puisse être exclu d’un règlement de la crise syrienne. Je veux rendre ici hommage au courage et à la clairvoyance de notre nouveau Président Emmanuel Macron car bravant les bonnes consciences bobo comme BHL, dont Hollande subissaitl’influence, a déclaré à juste titre qu’il « ne voyait pas de successeur légitime à Assad », démontrant ainsi le pragmatisme qui doit être la règle dans les relations internationale pour défendre et promouvoir les intérêts de la France. Néanmoins sur le dossier syrien un coup de théâtre est toujours possible. Souhaitons qu’il soit positif et qu’il découle d’une rencontre Trump-Poutine le 8 ou le 9 juillet prochain.

Source : ATLANTICO


L’héritage « Sécurité » de François Hollande : trois dossiers chauds

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Le nouveau Président hérite d’un dossier sécurité qui a été traité par François Hollande au coup par coup, sans vision à long terme. Il comporte trois « dossiers chauds » qui seront autant de révélateurs de la détermination du chef de l’État à assurer le rétablissement de l’État de droit dans des zones laissées en déshérence par ses prédécesseurs et à bâtir une stratégie de long terme efficace contre l’Islam radical.

Notre Dame des Landes

C’est le plus grand défi de court terme auquel est confronté le nouveau Président. Interrogé sur le projet de nouvel aéroport à Notre-Dame-des-Lande, le 6 avril 2017 lors de « L’émission politique » sur France 2, Emmanuel Macron avait déclaré : « Il y a eu un vote, mon souhait est de le respecter et de faire l’aéroport. » Sur la méthode, le candidat d’En marche ! a précisé qu’il se donnerait six mois pour convaincre les Zadistes qui occupent les lieux. « Je ne vais pas arriver et envoyer les militaires à Notre-Dame-des-Landes. La nomination d’un médiateur calmera les choses pendant six mois. Si je n’arrive pas à convaincre, je ferai respecter les choses », a expliqué Emmanuel Macron. « Je prendrai mes responsabilités et je ferai évacuer la zone », a-t-il ajouté.

Cette négociation avec les zadistes qui occupent le site n’aboutira à rien car le mouvement des ZAD est un mouvement totalitaire. C’est un modèle d’organisation de la vie quotidienne comme un code de conduite qui doit être imposé à toute la société y compris au moyen de la contrainte. Les zadistes ne sont pas seulement opposés au nouvel aéroport, ils le sont à toute forme de transport aérien qui leur apparait comme un outil du marché au service de sa domination sur les individus. Ils dénoncent la marchandisation de la production et des voyages. La ZAD (zone à défendre) de Notre Dame des Landes a une vocation particulière dans le projet zadiste. Elle constitue une base de formation et d’entrainement des zadistes européens et elle constitue aussi une base de départ pour essaimer vers une dizaine d’autres zones qui ont été reconnues en France et qui seront autant de zones d’expansion ou de repli si l’État se décidait à employer la manière forte pour les déloger de Notre Dame des Landes. Ce que sait ou va savoir le nouveau Président, c’est qu’une partie des zadistes sont armés et décidés à faire de ce site un nouveau fort Chabrol. La gendarmerie estime qu’il faudra engager pour les déloger plusieurs dizaines de véhicules blindés et qu’il y aura des morts de chaque côté.

Délinquance et quartiers sensibles

L’INSEE répertorie 717 Zones Urbaines Sensibles (ZUS) en métropoles et 32 outre-mer. [1] Outre l’insécurité et le mal être qui y règnent, 40% des 4,4 millions de citoyens qui y résident [2] vivent sous le seuil de pauvreté. Ces ZUS sont classées selon certains critères et selon certaines sources en 3 ou 4 catégories [3]. Selon le site europe-israel.org celles de niveau 1, sont des quartiers sensibles de non-droit (QSND) où l’État de droit n’existe pratiquement plus. Ils constituent autant de zones refuges potentielles pour les djihadistes. Dans ces quartiers règnent des bandes et la délinquance avec des faits de violences urbaines, fusillades ou règlements de comptes et trafic en tout genre. Ces zones sensibles existent [4] dans environ 50 villes. La palme de la délinquance revient à Marseille où on recense ainsi près de 500 délits pour 1000 habitants dans les quartiers Nord. L’insécurité ressentie [5] dans leurs quartiers par les résidents des ZUS est 1,5 fois plus élevée comparée à ceux vivant dans la même commune mais en dehors des ZUS et 3 fois plus par rapport à ceux demeurant dans une commune ne comprenant pas de ZUS. Rétablir l’État de droit constitue un vrai défi à moyen terme dans ces quartiers car toute incursion d’un agent public est considérée comme une agression et entraine des manifestations de violence à son encontre. Cette nécessité de considérer ce dossier sécuritaire en priorité réside dans le lien vérifié entre délinquance et terrorisme. 90% des fichés S vivent dans ces quartiers sensibles. Sur les 20 000 [6] fichés S, 12 000 concerneraient la mouvance islamique et 10% des fichés S vivraient en Seine-Saint-Denis [7].

Islam radical et terrorisme

Les responsables politiques sont divisés dans leur évaluation de la menace. Trois évaluations s’opposent. La gauche française se refuse à reconnaitre la dimension religieuse de la menace à laquelle nous sommes confrontés. Jean Burnham dans son livre « le silence religieux » en explique clairement la raison. La gauche, encore profondément marquée par Marx, la révolution libertaire de 1968 et Nietzsche, pense que Dieu est mort. Se bouchant les yeux et les oreilles pour ne pas accepter les faits, elle cherche des causes à cette « folie suicidaire » dans l’inadaptation sociale, la pauvreté économique ou une dérive à partir de la petite délinquance. Ses experts abondent dans le sens des déclarations du Président de la République et de son Ministre des Affaires étrangères « quand ils martèlent que les attentats djihadistes n’ont rien à voir avec l’islam. ». Jean Burnham les excuse en partie considérant que « leurs discours part évidemment d’une intention louable. Il traduit la nécessité de briser l’équation mortifère islam=islamisme= terroriste » [8]. Néanmoins, il en condamne avec lucidité les conséquences désastreuses : « affirmer sur tous les tons que les djihadistes n’ont rien à voir avec l’islam, c’est considérer que le monde musulman ne se trouve pas concerné par les fanatiques qui se réclament du Coran » [9]. Cette évaluation erronée de la menace a amené François Hollande à bâtir une stratégie d’action inefficace à long terme. Il a focalisé son action sur tous les lieux de la « radicalisation » : les banlieues sensibles, les prisons, Internet. Il a créé des centres de « dé radicalisation » qu’il a inondé de subventions d’État. Lorsqu’on en fera un premier bilan honnête, on constatera qu’il est aussi affligeant [10] que le bilan qu’ont fait les Américains de leurs centres d’entrainement des rebelles modérés syriens en Turquie. En refusant de considérer les djihadistes comme des convertis à une déviance radicale de l’islam, Hollande et la gauche ont continué d’autoriser les imans salafistes et les Frères Musulmans à poursuivre leur endoctrinement, à condition toutefois qu’ils ne prononcent pas dans les médias des paroles de haine à consonance politique : contre les juifs ou contre l’égalité homme/femme.

De l’autre côté de l’échiquier politique et dans une grande partie de l’opinion, l’horreur des attentats conduit à confondre l’Islam, la religion, et l’islamisme qui en est la déviance politique. Cet amalgame ostracise la communauté musulmane, donnant ainsi raison aux imams radicaux et notamment aux Frères Musulmans pour lesquels l’ennemi est la civilisation occidentale et sa base avancée, Israël, au cœur du Moyen-Orient. Proclamant que l’Islam est incompatible avec la République, leurs leaders prêchent une « Reconquista » musclée des zones de non-droit. Se contenter de vouloir rétablir par la force l’État de droit sans mettre en œuvre une stratégie globale reconnaissant que la communauté musulmane est la première victime de l’Islam c’est accepter de créer un climat de guerre civile.

Heureusement toute une partie des experts et de la droite est porteur d’une autre vision. Il s’agit de reconnaitre la finalité religieuse de ces actes de guerre menés par des Etats islamiques et par les organisations se réclamant d’un Islam radical qui se sont ancrées profondément dans la plupart des pays où une communauté musulmane existe. Et admettre aussi qu’une simple stratégie militaire, policière et pénale ne suffit pas. Depuis trois siècles, l’éradication des Califats et l’écrasement des soldats de Dieu n’ont jamais éteint la daw’a nedjite. Les responsables politiques doivent donc affirmer haut et fort que ce n’est pas l’Islam que nous devons combattre mais la mise en œuvre sur le sol de la République de son interprétation radicale et politique, que nous avons laissé diffuser dans les lieux de culte et les écoles coraniques. C’est affirmer que les imans wahhabites, salafistes et appartenant aux Frères Musulmans propagent un système de valeurs et des pratiques contraires à notre expérience historique, à l’évolution de nos valeurs et de nos mœurs, comme par exemple le port du voile islamique. C’est accepter de reconnaitre le lien qui existe entre le discours et l’acte terroriste. C’est mettre en œuvre au plan mondial, européen et français la stratégie globale que j’ai exposée dans le dernier chapitre de mon dernier livre [11].


Général (2S) Jean-Bernard PINATEL

Mon dernier livre : Histoire de l’Islam radical et de ceux qui s’en servent, Lavauzelle, Mai 2017.

[1] Système d’information géographique de la politique de la ville

[2] INSEE

[3] Europe Israël news :
Niveau 2 : QSTD: (Quartiers sensibles très difficiles) : des faits de délinquance réguliers et de toute sortes. La plupart de ces quartiers ont été auparavant des zones de non droit.
Niveau 3 : QSD (Quartiers sensibles difficiles) : des faits de délinquance assez réguliers, trafic de drogue et toutes sortent de trafics, des nuits de violences urbaines qui peuvent arriver a la suite d’une petite tension.
Niveau 4 : QSP (Quartiers sensibles problématiques) : petite délinquance qui peut être régulières et qui peut exploser à certains moments mais généralement ces quartiers sont calment et font parler d’eux de temps à autres et posent quelques soucis à la ville mais ne sont pas considérés comme chauds.

[4] Facebook – Les cités les plus chaudes

[5] Au service des territoires

[6] Sud-Ouest

[7] Le Parisien

[8] Un silence religieux, Jean Birnbaum, Seuil, 2016.

[9] Ibid, page 42.

[10] Marianne

[11] « Histoire de l’Islam radical et de ceux qui s’en servent », Lavauzelle, Mai 2017, 320 pages.


« Je veux faire pour les Français »

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Discours à Sablé-sur-Sarthe 28 août 2016
(Seul le prononcé fait foi.)

Mes amis,
J’ai voulu vous regarder dans les yeux – chez moi – à Sablé – dans cette ville qui m’a fait confiance quand je n’avais pas 27 ans, pour vous dire: « Je suis candidat à la présidence de la République française ».
Je suis prêt !

En 2012 j’avais la conviction que je pouvais battre François Hollande. J’ai été loyal et discipliné.
Depuis la roue a tourné et me voici avec ma liberté et ma volonté de vaincre.
Les Parisiens que je sers depuis 4 ans ne m’en voudront pas d’avoir choisi cette ville de Sablé, ce département de la Sarthe où je suis né, où j’ai passé la plus grande partie de ma vie, où j’ai mes racines familiales partagées avec la Vendée et le Pays Basque, pour accomplir cet acte grave, mûrement réfléchi : briguer la présidence de la sixième puissance du monde en proie à une crise économique, sociale et culturelle profonde, menacée dans sa chair par les totalitaires islamiques, déboussolée par un quinquennat désastreux d’inconséquence et de mensonges.
Aucun être normal ne peut prendre cette décision à la légère, pour satisfaire sa seule ambition.
Pour moi c’est le résultat d’un long cheminement qui débute ici à Sablé.
Je n’ai jamais rêvé d’être Président de la République.
Je ne suis pas un surhomme, je suis un homme sûr de ses convictions.
Un concours de circonstances, le destin, m’a conduit à diriger cette ville puis à représenter les Sarthois à l’Assemblée nationale. J’ai ressenti une immense fierté pour cette confiance accordée au jeune inconnu que j’étais et j’ai simplement cherché à m’en montrer digne.
Y suis-je arrivé ?
J’ai poursuivi le développement de Sablé avec la conviction que la clé du bonheur réside dans la liberté et dans la dignité qu’offre le travail. J’ai ouvert ma porte à tous ceux qui avaient besoin de moi. J’ai cherché à rassembler sans jamais m’enfermer dans les logiques partisanes et sectaires. « Au service de tous » était le slogan de ma première campagne législative en 1981. Ce n’était pas qu’un slogan mais une conviction profonde acquise auprès de mes parents, gaullistes sociaux, engagés à Emmaüs et dans la vie de leur communauté rurale. A l’école de mon village auprès d’un maître exemplaire totalement dévoué à sa mission éducative. Chez les scouts de France, magnifique école de la vie.
Je suis profondément enraciné dans cette terre de France que j’aime plus que tout.
A l’école, j’ai appris que la France était grande, que son Histoire était millénaire. Qu’elle était la plus vieille nation européenne.
C’est là, la première raison de ma candidature.
Je vois, depuis des années, nos dirigeants ignorer l’Histoire de France ou n’en retenir que les évènements qui renforcent leurs convictions partisanes.

Non, la France n’est pas née en 1789 et elle n’est pas passée de l’ombre à la lumière en 1981 !
Non, la France n’est pas coupable d’avoir voulu faire partager sa culture aux peuples d’Afrique, d’Asie et d’Amérique du nord.
Non, la France n’a pas inventé l’esclavage.
La France c’est 15 siècles d’Histoire depuis le baptême de Clovis à Reims.
La France c’est Saint Louis, Louis XI, Louis XIV, les révolutionnaires de 1789, Bonaparte, Napoléon III, la Troisième République, Gambetta, Thiers, Jules Ferry, Clémenceau, Jaurès, Poincaré, De Gaulle, Pompidou, Giscard, Mitterrand, Chirac.

La France, c’est la fille ainée de l’Eglise et le pays des philosophes des Lumières.
La France c’est une langue magnifique qui mérite d’être défendue.
La France c’est une culture qui a marqué l’Histoire de l’humanité.
Etre français, c’est se sentir chez soi dans une épopée où tout s’enchaîne : le Moyen Age chrétien, la Renaissance humaniste, la monarchie absolue, la Révolution citoyenne, l’Empire triomphant, les Républiques progressistes…
La première condition du redressement national est dans le respect du passé, l’acceptation de l’Histoire, la reconnaissance des vrais héros qu’ont été les paysans français qui ont construit la puissance nationale, les scientifiques et les inventeurs qui lui ont donné les clés de son rayonnement international, la chrétienté qui a forgé sa conscience, les philosophes des lumières qui en ont fait l’avant-poste du combat pour les libertés individuelles, les soldats de l’An II qui l’ont défendu contre ses ennemis, les poilus de Verdun, les Français libres et ceux de la Résistance, les ingénieurs et les ouvriers qui ont permis Concorde, Airbus, le TGV, Ariane, le nucléaire et la renaissance des années soixante.
Nous sommes uniques !

Pourquoi devrions-nous nous en excuser ?
Pourquoi les enfants chinois apprennent-ils par cœur la liste des dynasties qui ont régné sur leur pays durant trois mille ans et expriment-ils leur fierté d’appartenir à une grande civilisation quand les jeunes Français ignorent des pans de leur Histoire ou pire encore apprennent à en avoir honte ?
Le 15 août j’ai célébré l’Assomption à l’abbaye de Solesmes voisine.
Depuis plus de mille ans, des moines y observent la règle de Saint Benoît.
Mille ans d’Histoire !

Comment ne pas ressentir la force, la puissance, la profondeur de ce passé qui nous a forgés et qui nous donne les clés de notre avenir.

Renouer les fils de l’Histoire ! Retrouver nos racines pour comprendre notre passé et nous projeter dans l’avenir. Le monde a besoin de notre témoignage, de notre expérience accumulée au long des siècles pour trouver une voie entre la violence sauvage et la dictature de l’argent.
Nous avons besoin d’être fier de notre pays pour franchir les obstacles que dressent devant nous un nouveau monde prêt à nous faire sortir de l’Histoire.
Nous avons besoin d’être fiers de la France pour défendre son unité.
Cette unité n’est jamais allée de soi.
Les rois de France, la République, l’Etat moderne ont bataillé pour l’imposer aux féodaux, aux adversaires de la révolution, aux églises, aux financiers sans patrie.
Ce combat doit être sans cesse recommencé.

Les provocations des salafistes et des Frères musulmans n’ont pas d’autres objectifs que de détruire cette unité nationale sans laquelle la France n’existe pas, ne compte pas.
C’est donc une question vitale pour notre nation.
Je veux imposer aux musulmans de France les règles communes qu’ont acceptées, souvent après de longs combats, les chrétiens et les juifs.
Ce n’est pas une option. C’est une condition non négociable.
C’est la condition de leur acceptation au sein de la communauté nationale.
C’est aussi la clé de la paix dans le monde.
Au printemps je me suis rendu en Iran.
J’ai dit à l’ancien président de la République islamique, l’ayatollah Rafsandjani, qui contestait la présence des juifs en Palestine : « S’il n’y avait plus de chrétiens et de juifs au Proche Orient parce qu’ils en auraient été chassés, croyez-vous que les peuples européens tolèreraient encore des musulmans sur leur continent ? ». Si nous n’enrayons pas maintenant ce scénario infernal, c’est bien une troisième guerre mondiale qui va embraser le monde.
Cette situation dramatique exige du courage, de la fermeté mais aussi du calme et de la force de caractère pour ne pas céder à toutes les provocations.
Ce n’est pas en proposant après chaque attentat le vote de nouvelles lois pour remplacer celles qu’on n’applique pas que l’on assurera la sécurité des Français.
Ce n’est pas en se précipitant à la messe du 15 août après avoir convoqué les photographes ou en courant au Vatican pour tenter de regagner quelques voix chez les catholiques après les avoir provoqués, maltraités et même parfois réprimés que l’on se montre à la hauteur de ce rendez-vous de l’Histoire.
La politique ne peut pas se résumer à la ruse, elle doit exprimer des convictions et être empreinte de sincérité.

On ne peut pas faire référence en permanence aux racines chrétiennes de la France pour justifier des comportements et des actes qui sont des insultes à l’esprit de ses racines.
Si tous ceux qui brandissent désormais le drapeau du Christ pour justifier leur combat politique fréquentaient les églises, alors elles seraient pleines !
Depuis le début de la vague de violence à laquelle nous sommes confrontés je n’ai pas varié. Je dis aux Français la vérité sans fard et sans arrières pensées.
En juillet 2012, j’ai appelé François Hollande à se rapprocher de la Russie pour trouver une issue à la guerre civile en Syrie. J’ai prévenu que la stratégie occidentale à laquelle la France s’est rangée conduirait au désastre. Nous y sommes.

J’ai réclamé la réorganisation de nos services de renseignement, l’application stricte du code pénal qui permet de condamner jusqu’à trente ans de prison tous les Français qui entretiennent des relations avec l’ennemi, c’est à dire l’Etat islamique, l’aggravation des peines pour consultation des sites internet djihadistes, la création d’une véritable armée pour combattre sur le théâtre numérique.

J’ai proposé que le parlement vote chaque année des quotas stricts d’immigration en fonction de nos besoins et de nos capacités d’accueil. Que ces quotas s’appliquent au regroupement familial, que cela plaise ou non à la Cour Européenne des Droits de L’Homme dont j’exige la réforme pour préserver nos choix de société qui ne peuvent dépendre que du peuple français.
J’ai proposé que l’acquisition de la nationalité française ne soit plus automatique pour les enfants d’étrangers nés sur notre sol mais qu’elle dépende d’une démarche volontaire et de critères d’assimilation.

J’ai réclamé le strict contrôle administratif du culte musulman tant que son intégration dans la République ne sera pas achevée.
Je veux la dissolution immédiate de tous les mouvements qui se réclament du « Salafisme », du « Wahhabisme » ou des Frères musulmans et la clarification de nos relations avec l’Arabie saoudite et le Qatar qui abritent les penseurs de l’Islam radical et les sinistres promoteurs du « burkini ». A ce propos, comment croire à la sincérité de ceux qui nous promettent des mesures énergiques contre l’intégrisme mais qui ne remettent pas en cause leurs relations étroites avec des régimes qui en sont plus que les complices ?

Moi je ne parle pas de lutte contre les communautarismes pour ne pas nommer le problème que nous avons avec l’Islam. Les catholiques, les protestants, les juifs, les bouddhistes, les sikhs, ne menacent pas l’unité nationale. Cessons donc de faire croire qu’il faut durcir les règles de la laïcité au prix d’atteintes inacceptables à la liberté religieuse alors que seule la poussée intégriste qui enflamme le monde musulman est une menace pour notre société.

J’aurais pu comme tant d’autres me précipiter pour soutenir la réforme constitutionnelle sur la déchéance de nationalité voulue par François Hollande. Je l’ai, au contraire, combattue parce qu’il s’agissait d’une ruse, d’un artifice inutile qui affaiblissait notre Constitution et évitait de prendre les vraies décisions qu’impose la situation grave à laquelle nous sommes confrontés, des décisions qui n’ont toujours pas été prises.

Je ne perds pas mes nerfs. Je ne participe pas au concours Lépine des solutions les plus stupides et les plus imbéciles, censées lutter contre le terrorisme. Non, enfermer des dizaines de milliers de suspects sans contrôle et sans jugement ne réduira pas le risque d’attentat mais l’aggravera. Non, l’Etat de droit n’est pas un obstacle à la lutte contre le terrorisme, c’est au contraire la meilleure arme contre les totalitaires qui en veulent à nos libertés.

La menace terroriste appelle une réponse puissante mais elle ne nous dispense pas de moderniser la France pour donner aux Français, à la jeunesse, la fierté d’être patriote. L’élection présidentielle ne peut pas se réduire aux enjeux sécuritaires pour mieux oublier les 6 millions de chômeurs et les 2000 milliards de dettes.
Je suis candidat à l’élection présidentielle parce que je ne veux pas que mon pays soit livré aux démagogues qui ne peuvent que le conduire au désastre.

Je n’ai qu’un modèle en politique : celui du Général de Gaulle.
C’est son image, son charisme, son autorité, son incarnation de l’Etat, son bon sens qui m’ont séduit adolescent.
Je suis gaulliste !
La belle affaire me direz-vous : tout le monde est gaulliste aujourd’hui !
Encore faut-il s’entendre sur ce que cela signifie : être gaulliste c’est d’abord avoir une haute idée de la politique et de la France.
Avoir une haute idée de la politique signifie que ceux qui briguent la confiance des Français doivent en être dignes. Ceux qui ne respectent pas les lois de la République ne devraient pas pouvoir se présenter devant les électeurs. Il ne sert à rien de parler d’autorité quand on n’est pas soi-même irréprochable. Qui imagine le général de Gaulle mis en examen ?
Etre gaulliste, c’est une conception de l’exercice du pouvoir et singulièrement de la fonction présidentielle.
Notre Constitution ne fait pas du Président de la République un PDG et encore moins un sultan turc.

Le Président de la République ne devrait pas être un Président de faits divers, prenant la parole à tort et à travers, usurpant la direction du gouvernement, multipliant les petites promesses démagogiques et occupant les rubriques mondaines.
Depuis déjà un moment, les présidents de la République n’hésitent pas à violer l’esprit de la Constitution en rognant les attributions du gouvernement.
Eh bien je veux que cela change !

Je suis candidat à la présidence de la République pour lui rendre sa dignité.
Le Président doit être au-dessus des débats quotidiens.
Il doit veiller à la sécurité et à la tranquillité des Français, au bon fonctionnement des institutions.
Il doit fixer le cap et les orientations et rendre au Premier ministre et au gouvernement la plénitude des fonctions que la Constitution leur a confiées.
Oui j’exercerai la fonction présidentielle comme de Gaulle voulait qu’elle le soit. Avec dignité, avec grandeur mais aussi avec rigueur.

Une nouvelle éthique républicaine est nécessaire pour rendre aux détenteurs de l’autorité l’exemplarité sans laquelle le pouvoir n’est pas légitime.
Un gouvernement de 15 ministres choisis en fonction de leur seule compétence et de leur exemplarité, ouvert à la société civile. Zéro privilège ou passe-droit : plus de cortèges, de cabinets ministériels pléthoriques, de fonctions gouvernementales inutiles ou de complaisance. Les ministères seront regroupés dans des bâtiments modernes et fonctionnels.

Le statut de la fonction publique sera passé à la paille de fer pour en gommer tous les avantages injustifiés : les mises en disponibilité sans justification, les réintégrations dans leur corps d’origine des fonctionnaires ayant commis des fautes. Les agents publics élus parlementaires devront démissionner de la Fonction publique. Je soumettrai au référendum l’inscription dans notre Constitution du principe de l’égalité des régimes sociaux.
Une caste dirigeante arrogante et inefficace s’est reconstituée dans notre pays sous le couvert de valeurs républicaines dévoyées. Ses privilèges doivent être abolis et son action strictement évaluée.

Le Président de la République doit incarner la France.

La France, elle coule dans mes veines. Je suis pétri de l’identité vendéenne dont mon grand-père qui combattit au Chemin des Dames était si fier. J’admire la force de caractère des Basques dont la culture a résisté à toutes les invasions et à tous les pouvoirs. L’Anjou et le Maine ont façonné ma manière de penser et d’être, entre l’incomparable lumière de la Loire et la simplicité des bords de Sarthe.
Mes ancêtres étaient paysans, artisans aussi loin qu’on puisse remonter dans le temps.

La France n’est pareille à aucune autre Nation.
Son Histoire, les conditions de son unification, la profondeur de sa culture, sa géographie, les épreuves qu’elle a traversées en ont fait une Nation unique.
Notre alignement sur la politique étrangère américaine, notre effacement de la scène internationale, notre soumission au processus délétère de décision européen, générateur de petits compromis médiocres, ne sont pas compatibles avec les aspirations des Français et avec la place que la France occupe encore dans le cœur de nombreux peuples à travers le monde.

Nous devons reprendre le contrôle de notre destin :
En faisant de l’euro une véritable monnaie internationale qui offre une alternative au dollar devenu l’instrument d’une nouvelle forme d’impérialisme des Etats-Unis.
En nous dotant d’une politique de défense capable de nous protéger contre le totalitarisme islamique.
En rétablissant des frontières européennes sans lesquelles nous perdront notre identité et notre indépendance.
En investissant massivement dans la connaissance, dans la formation, dans la technologie au service du développement humain.

Pour atteindre ces objectifs la France doit montrer l’exemple en assainissant ses finances publiques mais aussi en défendant ses intérêts et ses convictions, même lorsque cela doit conduire à s’opposer à Washington, à Berlin ou à des institutions européennes lorsqu’elles mettent en cause des intérêts vitaux de notre pays ou les choix de société du peuple français.

C’est être profondément européen que de refuser d’assister impuissant à l’effondrement du rêve d’unification du continent justifié par les soixante millions de morts de la Seconde Guerre mondiale.

Durant cinq ans j’ai servi la France en dirigeant son gouvernement.
Je l’ai fait dans un contexte de crise financière internationale sans précédent depuis quarante ans et sous l’autorité d’un Président de la République qui a cru devoir tirer du quinquennat des conséquences sur le fonctionnement des institutions qui ne se sont pas avérées judicieuses.

J’ai fait mon devoir avec loyauté et avec le soutien constant de la majorité.
J’assume les décisions qui ont été prises pendant ces cinq ans.
Je m’honore d’avoir conduit une action qui a permis d’éviter la banqueroute de nos institutions financières.
Mais je suis lucide sur les insuffisances des politiques que nous avons menées durant cette période.

En quittant mes fonctions après la défaite aux élections présidentielles et après l’épisode scandaleux des élections truquées à l’UMP, j’ai entrepris un tour de France pour m’expliquer, pour entendre les Français et pour construire avec eux un projet capable de répondre au défi du redressement national.
Durant trois ans j’ai sillonné notre pays dans tous les sens.
Je suis allé à la rencontre des agriculteurs, des médecins, des infirmières, des travailleurs sociaux, des artisans, des commerçants, des policiers et des gendarmes, des maires, des entrepreneurs, des enseignants. Tous m’ont dit à leur manière la même chose : Que l’Etat arrête de nous emmerder ! Laissez-nous travailler ! Faites-nous confiance ! Libérez-nous des normes inutiles, des charges exorbitantes, des impôts confiscatoires, des règlementations absurdes ! Libérez-nous du RSI, de l’URSSAF, des ARS, des diktats sans appels d’administrations qui ont oublié qu’elles n’existent que pour servir les Français et leur rendre la vie plus facile.

Il suffirait de si peu de choses pour que la France retrouve confiance en elle-même.
Il suffirait que le travail soit justement récompensé.
Il suffirait que les efforts soient justement répartis.
Il suffirait que le mérite l’emporte sur les corporatismes et les réseaux.
Il suffirait que la réussite redevienne une valeur.

C’est ce cri de désespoir d’une immense majorité de Français lassés de travailler pour ceux qui ne travaillent pas, lassés de voir tous leurs efforts engloutis dans le fonctionnement d’un système social qui n’est ni juste ni efficace, qui a guidé la rédaction du programme que je propose aux Français.
Les Français n’aiment pas la liberté disent mes concurrents.
Pourtant ils ont fait la révolution pour elle !
La liberté n’est pas sociale répètent sans réfléchir depuis des décennies les socialistes. « Ce qui est social » disait Tony Blair « c’est ce qui crée de l’emploi». Il avait raison. Et avec ce raisonnement la Grande-Bretagne est passée devant nous en devenant la 5° puissance économique du monde avec un taux de chômage de 5%.
Qu’à cela ne tienne, nos « experts en tout » nous diront que c’est au prix de la précarité. Mais nous, nous avons la précarité mais pas les emplois ! Nous, nos jeunes se précipitent à Londres pour y réussir ce que notre bureaucratie refuse de les laisser faire !

Oui mon programme est social parce qu’il veut rendre à chaque Français la dignité que seul peut offrir le travail.
Oui mon programme est social parce que seule la liberté permet l’innovation et sans innovation une société est condamnée. On ne crée pas sous la contrainte. C’est vrai pour les artistes comme pour les innovateurs.
Sans liberté il y aura toujours plus de pauvres et toujours plus d’injustice sociale.
On me dit qu’on ne gagne pas avec un programme. Que le mien est le meilleur mais que cela ne fera pas la différence. Et si les Français faisaient mentir ces prédictions faites par ceux qui profitent si bien du système, par ceux qui n’ont le plus le courage de le changer, par ceux dont le cynisme nous a conduit à la décadence qui fait fuir chaque année des dizaines de milliers de jeunes Français privés d’avenir dans leur propre patrie ?

Il suffit pour cela de refuser les scénarios écrits d’avance, de sortir de chez soi le 20 novembre pour aller voter aux primaires de la droite et du centre, de convaincre ses amis qu’on peut changer les choses et retrouver l’espoir d’une vie meilleure dans une France ou le mot bonheur aurait retrouvé son sens.
J’entends souvent dire que je ne fais pas rêver en disant la vérité, en alertant sur la faillite qui nous menace, en appelant nos concitoyens à choisir l’effort pour assurer l’avenir.
Eh bien je ne suis pas là pour faire rêver car dans la vraie vie les rêves se réalisent rarement.

Les Français ne sont pas des enfants auxquels il faudrait raconter de belles histoires pour les endormir. C’est justement ces comportements qui sont à l’origine de notre déclin.
Je ne suis pas un bonimenteur, un opportuniste sans convictions, un interprète d’un scénario écrit par des instituts de sondages.
Je veux rompre avec cette politique de l’illusion et des promesses intenables.

Je veux « Faire ».
Je veux « Faire » pour les Français.
Je veux « Faire » pour libérer la France du carcan qui l’étouffe.
Je veux « Faire » pour protéger les Français contre toutes les violences.
Je veux « Faire » pour remettre la France sur le chemin du progrès.

Le rôle de l’élection présidentielle c’est bien de choisir dans quelle France nous voulons vivre et celle que nous voulons laisser à nos enfants.
Ma France c’est d’abord une nation fière qui ne se laisse pas imposer son destin.
Une réflexion sur le mot qui revient depuis quelques temps sans que l’on se hasarde à en comprendre le sens : l’identité.
Ce mot est déjà repris et débattu sans que chacun s’accorde à en donner un sens exact. Disons-le tout net : il ne suffit pas de sauter sur sa chaise et de crier identité ! identité ! comme un cabri pour définir ce qu’est la France. Disons-le aussi au risque de froisser mais je ne crois pas que le temps soit à l’interrogation sur cette question.
Imagine-t-on De Gaulle ou Churchill, face au totalitarisme menaçant, s’asseoir sur une chaise et se dire : voyons, voyons, quelle est l’identité de la France, quelle est l’identité de l’Angleterre ? C’est absurde. Il y a un temps pour l’agitation et il y a un temps pour l’action. Puisqu’il faut un mot pour définir ce que nous sommes: je préfère le beau mot de souveraineté. Car oui, face aux temps sombres, c’est cette souveraineté qu’il nous faut reconquérir. Dans le domaine économique, j’en ai souvent parlé car c’est la condition première d’une souveraineté pleine et entière et non de façade mais bien évidemment dans le domaine politique, dans celui des relations internationales, dans le domaine des idées aussi.

La France, celle du sacre de Reims comme celle de la Fête de la fédération s’est construite dans une lutte permanente pour sa souveraineté contre l’adversité et contre les empires. C’est là son identité. Il n’y a en a pas d’autres et vouloir poser en permanence cette question c’est soit vouloir entretenir un faux débat qui masque l’absence patente de solution permettant au pays de se redresser.

Ma France a vocation à être la première puissance européenne avant dix ans parce qu’elle en a tous les atouts et que son abaissement n’est lié qu’à la résignation de ses dirigeants et à l’égoïsme de tous ceux qui profitent d’un système qui avantage les rentiers et ceux qui ne prennent aucun risque.
Ma France doit offrir un emploi à tous ses enfants comme les principales puissances occidentales y sont parvenues.
Ma France doit investir massivement dans les sciences, l’innovation et la formation qui sont les clés de l’avenir.
Ma France doit défendre son identité parce que c’est la condition de son unité.
Ma France doit regarder avec confiance les progrès de la science et les bienfaits des nouvelles technologies à condition qu’ils soient compatibles avec la protection de notre environnement et avec les choix de société qui nous rassemblent.
Ma France doit protéger la famille et ses valeurs.
Ma France doit continuer à renforcer la défense des libertés individuelles, le respect de la personne humaine, le fonctionnement de la démocratie, pour elle-même et pour le monde.
Ma France doit avoir l’ambition d’être avec ses voisins européens un modèle de vertu, de prospérité et de tolérance.
Ma France doit être le fer de lance d’une civilisation européenne capable de faire la synthèse entre son Histoire millénaire et la modernité.

Pour atteindre ces objectifs, une condition est nécessaire : retrouver la fierté d’être français et la confiance dans notre patrie.
Cela passe par des transformations économiques et sociales mais aussi par un réarmement moral.
Je veux traquer toutes les démissions de la société française et d’abord celle de l’école.
J’entends beaucoup parler du rétablissement du service militaire. Pourquoi pas ! Mais avant de priver nos forces armées de leurs capacités opérationnelles, nous serions mieux inspirés de nous préoccuper de l’apprentissage du respect et de l’autorité à l’école primaire.
Ce n’est pas à 18 ans que l’on réparera tous les dégâts commis par l’absence d’éducation.
La compétence et le dévouement des enseignants n’est pas en cause. C’est la démission de l’Etat devant les syndicats, la dictature des «pédagogistes» et des réseaux de pouvoirs au sein de l’éducation nationale qui est responsable du désastre. Deux millions de jeunes Français ne sont ni à l ‘école, ni dans une formation, ni dans un emploi. Deux millions de jeunes Français sont dans la rue, exclus de notre société, condamnés pour une majorité d’entre eux à toucher le RSA toute leur vie. Et on refuse de remettre en cause notre système éducatif ! Et on refuse toutes les réformes les unes après les autres ! Mais c’est un crime contre notre jeunesse dont les responsables devront répondre.

Je veux une école primaire qui transmette les valeurs et les savoirs fondamentaux.
Je veux une école du respect et de l’autorité symbolisés par le port de l’uniforme.
Je propose de commencer la scolarité obligatoire à 5 ans au lieu de 6, pour donner une année de plus à l’apprentissage de la lecture.

Je mettrai fin dès la rentrée de 2017 aux enseignements de langues et de culture d’origine. Comment accepter que le gouvernement supprime des cours de latin ou des classes bilingues français/allemand pour lesquelles les enseignements sont donnés par des professeurs français et qu’il maintienne dans nos écoles primaires des cours de langues d’origine dont les enseignants sont choisis et payés par des pays étrangers ?

Je propose de revoir l’enseignement de l’Histoire à l’école primaire afin que les maîtres ne soient plus obligés d’apprendre aux enfants « à comprendre que le passé est source d’interrogations ». Faire douter de notre Histoire : cette instruction est honteuse !
Quand les thèses révisionnistes prolifèrent sur internet, à l’heure ou notre Nation est en quête de sens, qu’elle est menacée par des barbares, faut-il que l’école renonce à faire le récit de la Nation ?
Si je suis élu Président de la République, je demanderai à trois académiciens de s’entourer des meilleurs avis pour réécrire les programmes d’Histoire avec l’idée de les concevoir comme un récit national. Le récit national c’est une Histoire faite d’hommes et de femmes, de symboles, de lieux, de monuments, d’évènements qui trouve un sens et une signification dans l’édification progressive de la civilisation singulière de la France.
Je veux que l’alternance et l’apprentissage deviennent les voies principales de formation et d’accès à l’emploi.
Je veux que les familles soient placées devant leur responsabilité éducative et sanctionnées quand elles se montrent incapables de faire rentrer leurs enfants le soir à la maison et de les envoyer le matin à l’école.
Je veux la liberté pour les parents de choisir l’école de leurs enfants.
Je défendrai la liberté scolaire en permettant la création de nouvelles écoles privées à condition qu’elles respectent nos valeurs communes.

Le redressement national passe aussi par la famille dont le rôle est fondamental pour la cohésion sociale et pour la transmission des valeurs.
Je remettrai la famille au cœur de notre projet politique.
Je proposerai l’abrogation de la mise sous conditions de ressources des allocations familiales.
Je demanderai au Parlement de réécrire le droit de la filiation afin de protéger les droits de l’enfant.
Des administrations au service des citoyens, une école du respect et de l’autorité et du mérite, un gouvernement modeste, rigoureux, respectueux des engagements du Président de la République, une immigration strictement contrôlée et des extrémistes traqués sans pitié : c’est ainsi que notre Nation retrouvera confiance en elle-même pour aborder un siècle dont les bouleversements ne font que commencer.

Vous n’avez pas idée du monde qui se dessine !
La conjonction des progrès scientifiques et du développement du numérique sont en train de bousculer toutes les sociétés humaines.
Accès immédiat et partout à l’information et au savoir. Drones, robots, transports automatisés, soins médicaux à distance, progrès de la génétique, ordinateurs quantiques, fabrication d’objets complexes à domicile par impression 3D, accélération de l’allongement de la durée de la vie : rien ne sera plus pareil.
Nous ne pouvons pas nous offrir le luxe de refuser le progrès et la modernité. Sans le progrès des connaissances, l’humanité n’a aucun espoir de résoudre les immenses problèmes auxquels elle fait face. L’augmentation de la population mondiale, la diminution des ressources énergétiques, les dérèglements climatiques ne seront pas réglés par le retour à la nature et la décroissance mais bien par la science, la technologie et une discipline collective fondée sur la raison.
Je crois au progrès parce que je crois en l’être humain et en sa capacité à maîtriser par la raison ses passions et ses envies.

Je tire cette conviction de la lecture de Pascal, de Voltaire, de Diderot mais aussi de la fréquentation des hommes et des femmes de l’Ouest qui m’ont transmis leur bon sens, leur mesure, leur humilité et leur sincérité. Chaque fois que je dois trouver une réponse à une question grave, je me pose la question de savoir comment mon instituteur de Cérans-Foulletourte, mon professeur de sciences naturelles au collège, le père Dubois, les fondateurs du premier groupe volailler de France « LDC » qui n’avaient que leur certificat d’études ou l’éleveur de « Maine Anjou » de Notre-Dame-du-Pé, y répondraient.
Quand de brillants économistes tentent de me convaincre que les taux d’intérêts négatifs générés par la politique monétaire de la BCE vont durer encore longtemps, je ne peux pas m’empêcher de penser qu’un paysan sarthois sait sans avoir besoin d’un doctorat que l’argent gratuit n’existe pas et que la facture arrivera tôt ou tard !

Quand j’entends les commentateurs de la vie politique expliquer un jour que le Président de la République peut être réélu parce qu’il est habile et le lendemain que l’ancien Président de la République peut l’emporter parce qu’il a de l’énergie, je sais qu’un paysan de l’Ouest se poserait d’abord la question de savoir si l’habileté ou l’énergie peuvent tenir lieu de projet et de convictions quand il s’agit de l’avenir du peuple français.

La raison contre les passions et les illusions, c’est ma marque de fabrique. Je n’en changerai pas car le but que je poursuis c’est le renouveau de la France, pas la consécration de mon ambition personnelle.
Je sais que cette démarche rencontrera l’adhésion des Français qui n’en peuvent plus d’un système politique qui tourne à vide et qui a perdu le sens de sa fonction.
2017 ne peut pas être une revanche. Les Français méritent autre chose qu’un duel entre un président battu et un président dont ils ne veulent plus.
Et les primaires de la droite et du centre ne peuvent être celles du choix du chef d’un parti.

La France n’a pas besoin d’une restauration. Elle ne se redressera pas avec des demi-mesures et des compromis sans ambition. Elle peut même s’effondrer sous les coups des démagogues haineux.
La France a besoin de transformations profondes. Elle a besoin d’une rénovation sincère de sa vie démocratique. Elle a besoin d’une démocratie plus participative. Elle a besoin de dignité, de rigueur, de sérieux et d’honnêteté. Elle a besoin d’un projet ambitieux pour la faire redécoller et d’une autorité sereine pour défendre son unité.

Le 20 novembre, j’appelle tous les Français qui partagent ces objectifs à se rendre dans les bureaux de vote pour imposer leur choix, pour faire mentir les scénarios écrits d’avance, pour refuser la comédie d’un pouvoir qui cherche juste à préserver ses intérêts.
Les primaires appartiennent aux Français.
Les primaires vous appartiennent.
Le 20 novembre, prenez le pouvoir !

Avant de nous séparer, j’ai encore une chose à vous dire. Elle est personnelle. Au moment de m’engager dans cette aventure grave qu’est l’élection présidentielle, je pense avec émotion à deux personnes qui doivent me regarder avec un mélange d’affection et d’inquiétude :
Ma mère, que beaucoup ici ont connue et qui m’a toujours soutenu avec l’énergie incroyable qui la caractérisait.
Philippe Séguin dont j’ai tellement souhaité qu’il soit le Président de la République Française, lui qui était tellement au-dessus des autres, lui qui n’agissait que pour la France sans jamais placer ses ambitions avant l’intérêt général, lui dont la rigueur et l’honnêteté nous auraient évité bien des dérives.
Aujourd’hui, à Sablé, je vous fais le serment de me battre pour vous donner la fierté d’être français.
Je vous donnerai toutes mes forces et ensemble nous l’emporterons.

Vive la République ! Vive la France !


Entre attentats ciblés et conflits inter-étatiques, quelles sont les véritables menaces qui pèsent sur nos sociétés aujourd’hui ?

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Atlantico : Suite aux différents attentats survenus au cours de ces derniers mois, l’attention des Etats visés semble s’être éloignée d’autres situations, notamment en Mer de Chine. Pourtant, quelle est la menace la plus sérieuse, entre des attentats comme celui de Nice, ou de Dallas, et un conflit en Mer de Chine ?

Jean-Bernard PINATEL : On ne peut pas répondre simplement à votre question pour plusieurs raisons. Premièrement parce qu’ une menace se caractérise par plusieurs critères : sa nature, sa gravité et sa probabilité d’occurrence. Sa nature peut être climatique, militaire, idéologique. Sa gravité : met-elle ou pas en cause nos intérêts vitaux en tant que nation voire de citoyen du monde ? Sa probabilité d’occurrence : est-elle actuelle, à moyen-terme ou à long terme ? On ne peut donc mettre en parallèle ou comparer l’attentat de Nice et celui de Dallas. Celui de Nice est lié étroitement à la prédication wahhabite que l’on a laissé s’installer et proliférer en France et dont encore beaucoup d’hommes politiques et d’intellectuels sous-estiment encore aujourd’hui l’importance du risque qu’elle engendre. L’attentat de Dallas est l’expression de la lutte raciale qui dans les Etats du Sud des Etats-Unis n’a jamais été complétement éradiquée.

Deuxièmement la hiérarchie des menaces dépend du point de vue auquel on se place. Pour l’Etat américain, les deux menaces sont importantes. Le problème racial combiné avec le débat sur l’immigration que Trump a souhaité placer au cœur de sa campagne est une menace pour la démocratie américaine. La question de la mer de Chine confirme la montée en puissance de la Chine et sa volonté de contester les règles du droit maritime établies par les puissances européennes. Sur le fond de ce dossier, les tensions de la Chine avec ses voisins sont récurrentes et proviennent du fait que la Chine a une vision extensive de sa zone d’exclusivité économique (ZEE) fondée sur des facteurs historiques qui ne sont pas pondérés de la même façon par jurisprudence internationale actuelle, d’inspiration occidentale et que la Chine conteste. Le premier différend concerne les îles Senkaku/Diaoyu. [1] Il met aux prises les deux premières puissances régionales Chine et Japon ainsi que Taïpé. Il a une importance stratégique pour la Chine car les SNLE chinois passent au Nord ou au Sud de cet archipel pour gagner les eaux profondes du Pacifique. Sur le plan du droit maritime international la position chinoise est défendable. Ce qui n’est pas le cas pour le second différend territorial en mer de Chine méridionale. Il concerne, en effet, différents archipels et îles de la mer de Chine méridionale, revendiqués en totalité ou en partie par la Chine, Taïwan, le Viêt-Nam, les Philippines, la Malaisie et Brunei. Il s’agit des îles Spratleys, des îles Paracels, des îles Pratas, du récif de Scarborough et du banc Macclesfield. C’est le différend concernant l’archipel Spratly qui recèle le plus de risques de crises graves entre la Chine et ses voisins, du fait de l’intérêt en termes économique et stratégique pour la Chine mais aussi de son éloignement géographique du territoire chinois (environ 1000km) alors qu’il est 5 à 10 fois plus proche des Philippines, de l’Indonésie, du Brunei et du Vietnam, ce qui rend ses revendications plus difficilement acceptables pour ses voisins.

Le risque dans cette affaire est que ces différends régionaux ne se règlent pas par la négociation et débouchent, comme dans le passé, sur des affrontements armés. Le risque d’escalade en crise mondiale est lié à la volonté des Etats-Unis de s’impliquer sur ce théâtre à la demande ou pas d’un des Etats riverains. Cependant la probabilité pour qu’une crise mondiale débouche sur une guerre mondiale est quasi nul du fait du risque nucléaire.

Peut-on vraiment hiérarchiser les risques à l’encontre du monde que l’on connait aujourd’hui ? Quels sont les critères à prendre en compte (localement et mondialement) pour réaliser un « classement » objectif des priorités ?

On ne peut pas hiérarchiser les risques à l’encontre du monde car il n’existe aucune menace perçue avec les mêmes niveaux de gravité et de probabilité d’occurrence par tous les grands acteurs internationaux que sont les Etats y compris malheureusement sur la question de la gravité, de l’urgence et des moyens à affecter pour limiter le changement climatique mondial.

Ainsi, du point de vue de l’establishment américain et des lobbies qui contrôlent le pouvoir politique à Washington, la première menace est le risque de perdre la primauté mondiale qu’ils exercent sans partage depuis l’effondrement de l’URSS. Pour cela ils développent une stratégie permanente visant à attiser les tensions en Europe, au Moyen-Orient et en Asie ce qui leur permet de justifier auprès des citoyens américains le maintien d’un budget militaire de 597 milliards de $ en 2015, qui est supérieur au total de ceux des autres grands acteurs mondiaux [2]. Grâce à ce budget militaire, ils disposent d’une puissance sans égale. Ils en retirent des bénéfices extraordinaires comme celui de pouvoir fabriquer de fausses menaces [3], de déclencher sans véritable opposition de la communauté internationale une intervention militaire comme ce fut le cas en 2003 en Irak. De tenter de réinstaller une guerre froide en Europe en pratiquant la désinformation directement ou via l’OTAN sur la menace Russe. Cette crise et les actions de désinformation qui visent à empêcher tout rapprochement entre l’Europe et la Russie qui menacerait leur suprématie mondiale ont été dénoncées par plusieurs hauts responsables militaires [4] et diplomatiques [5] européens. Bien plus les Etats-Unis s’arrogent le droit d’espionner les dirigeants du monde entier y compris leurs meilleurs alliés comme ce fut le cas pour Angela Merkel ; de déstabiliser des régimes qui s’opposent à leurs objectifs stratégiques et économiques comme en Syrie ou en Amérique latine ; de tuer partout dans le monde grâce à leurs drones toute personne qu’ils décident de qualifier de terroriste. Ce qui nous menace c’est que par absence de vision, désinformation ou corruption les dirigeants européens s’alignent peu ou prou sur les positions américaines. Ils empêchent ainsi à l’avènement d’un monde réellement multipolaire qui est le seul type d’organisation mondiale avec le respect de quelques grands principes [6] qui peut conduire à un monde plus stable.

Ce chaos mondial masque, de mon point de vue, la menace la plus grave pour la France et l’Europe qui découle de la volonté des théologiens wahhabites d’installer dans nos pays des Etats islamiques guidés la charia [7]. Depuis le milieu du XVIIIème siècle ils poursuivent le but de convertir par la prédication et le djihad, le milliard et demi de musulmans à leur vision de l’islam mais aussi tous ceux qu’ils considèrent comme des polythéistes (les catholiques qui adorent Dieu mais aussi la sainte vierge par exemple) et des apostats (les laïques). Le wahhabisme auquel son inspirateur Ibn Abd al-Wahhab, un théologien ,qui est né dans un oasis proche de Riyadh, a donné son nom est une doctrine religieuse qui prône le retour aux débuts de l’islam dans l’application rigoureuse des faits et gestes du prophète sans accepter de les relativiser par les acquis de la civilisation. Face à la corruption des élites, comme la réforme en son temps, cette doctrine exerce une attraction puissante sur les masses musulmanes confrontées à l’enrichissement et à la corruption financière et religieuse des potentats locaux. Mais Ibn Abd al-Wahhab a vite compris qu’il ne pourrait atteindre son objectif religieux par la seule prédication, il a donc fait alliance avec un émir Muhammad Ibn Saoud qui était habité par un désir de puissance et de conquêtes et dont les descendants dirigent l’Arabie Saoudite. Pour moi c’est la principale menace à laquelle nous avons à faire face du fait de sa nature (qui peut se comparer à une guerre psychologique), de sa gravité (elle menace l’essence même des valeurs de nos sociétés) et de son occurrence (les ressources du pétrole donnent à l’Arabie Saoudite depuis le milieu des années 70 les moyens de financer ce prosélytisme). Cette vision radicale de l’Islam et son prosélytisme s’attaquent directement aux valeurs qui fondent nos états démocratiques (la séparation de l’église et de l’Etat, l’égalité homme femme, les droits de l’homme et notamment des enfants ; etc). Si nous ne voulons pas en comprendre l’origine, sa nature, son but ultime (le califat mondial), ses modes d’action nous risquons insensiblement, pas à pas, de limiter puis d’abandonner les valeurs sur lesquelles nos civilisations se sont construites. L’affaire du burkini est à ce titre exemplaire car les wahhabites veulent par ce type de provocation savamment dosée nous faire accepter leur vision de la femme.

A ce jour, quelles sont les situations les plus préoccupantes ? Terrorisme, Mer de Chine, Sahel, tensions dans les grands lacs…quels sont les « situations » qui devraient attirer l’attention de nos dirigeants ?

Pour moi ce n’est ni le terrorisme ni les situations de crises dans certaines régions du monde qui sont vraiment préoccupantes car on saura toujours maintenir le risque que représente le terrorisme à un niveau acceptable sans pour autant bouleverser notre façon de vivre. Ce qui a été fait en matière de sécurité pour l’Euro, les fêtes de Bayonne ou le feu d’artifice du 15 aout à Biarritz montre que c’est possible de prévenir ce risque sans rien changer à notre mode de vie en acceptant seulement quelques contraintes. Pour les situations de crise entre Etats, le risque nucléaire les maintiendra toujours à un niveau régional ou local et de plus nous avons acquis une grande expérience dans leur gestion.

Ce qui est nouveau et dangereux pour moi c’est le risque de soumission à un ordre religieux rétrograde qu’il ne faut pas confondre avec tous les autres courants de l’Islam mais qui est issu de l’un d’entre eux le hanbalisme. C’est donc aux musulmans d’agir mais ils ne le feront que si de notre côté nous arrêtons de soutenir la vision impérialiste de l’establishment des Etats-Unis et ses interventions permanentes dans les affaires du monde. Cette vision des intérêts des Etats-Unis qu’incarne Hilary n’est pas celle du peuple américain tant dans le camp démocrate que dans celui des républicains comme le montre y compris dans leurs excès les débats actuels de la primaire américaine.

Général (2S) Jean-Bernard PINATEL

Source : ATLANTICO.

[1] Le conflit en mer de Chine est une crise qui implique les Etats riverains de cette mer au sujet de 2 groupes d’iles et de récifs coraliens. La première crise concerne îles Senkaku/Diaoyu sont constituées de cinq îles inhabitées, dont la plus grande fait seulement 3,5 km2 et les autres quelques dizaines d’hectares. Ce groupe d’îles inhabitées est situé à 200 km au nord-est de Taïwan qui les réclame également ; à 400 km au Sud-Est des côtes chinoises et à 400 km au Sud-Ouest de l’île d’Okinawa (située elle-même à 600 km au Sud-Ouest du Japon.

[2] Chine (145) + Russie (67) + Grande-Bretagne (56) + Inde (48) + France (47) + Japon (41) + RFA(37) données de l’ IISS de Londres qui publie chaque année Military Balance.

[3] Le budget des 16 agences de renseignement américain est égal au total du budget de la Défense de la Fédération de Russie.

[4] Lors de son audition devant l’Assemblée nationale le 31 mars 2015, le directeur du renseignement militaire (DRM), Christophe Gomart, a relaté comment, au plus fort de la crise en Ukraine en 2014, les Etats-Unis ont, au travers de transferts de renseignement au sein de l’OTAN, tenté de faire croire aux Européens que les Russes allaient envahir l’Ukraine de manière imminente. Le 16 avril 2015, le général Skrzypczak, Conseiller au ministère polonais de la défense, s’est entretenu avec le magazine polonais Gazetta Prawna et a déclaré ne plus soutenir Kiev à cause d’une loi ukrainienne glorifiant les milices nazies qui massacrèrent 80 000 Polonais en Volhynie et en Galicie pendant la seconde guerre mondiale.

[5] Le Figaro

[6] Le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ; la non intervention dans les affaires intérieurs d’un Etat, etc.

[7] La charî’a constitue le corpus de normes et de règles doctrinales, sociales, culturelles et relationnelles de l’Islam révélées par Mahomet, «dernier Prophète de Dieu».


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