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Armes chimiques. «Assad n’a peut être pas donné l’ordre directement» (Mouaz al-Khatib)

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(BRUXELLES2) « Je ne crois pas que la guerre puisse apporter la paix au peuple » affirme Mouaz al-Khatib. Un petit groupe de journalistes dont B2, a pu rencontrer l’ancien président de la Coalition Nationale syrienne. L’occasion d’avoir son point de vu sur les potentielles frappes et sur les responsabilités de l’utilisation des armes chimiques.

Ajouter la guerre à la guerre

« Ce n’est pas à moi de dire si je suis pour ou contre les frappes car au départ je suis pour la solution politique. Mais maintenant le régime appelle cette action militaire car nous lui avons offert de nombreuses fois tout type de solutions mais il les a rejeté » explique-t-il. L’imam exprime sa réticence envers des frappes. « La guerre cela ne se fait pas avec des frappes chirurgicales, cela apporte plus de problèmes et de confusion. De plus, ce ne seront pas de grosses frappes qui mettront fin au régime et donc il se relèvera. Assad continuera en se disant, personne ne me stoppera maintenant. » Il ajoute, « Maintenant une réelle action militaire peut arriver. Mais les frappes limitées sont un peu hypocrites car si Obama dit, je ne mettrait pas à bas le régime, j’envoie juste un message, Assad se considérera comme ayant gagné la bataille contre les Etats-Unis, si l’on ne le tue pas ». De plus, « Des frappes limités seront inutiles, le but ce n’est pas de donner une bonne image des USA mais de faire partir un dictateur par tous les moyens possibles ».

Une fixette sur les armes chimiques

De nombreuses voix se sont élevées pour dénoncer la fixation faite sur l’utilisation des armes chimiques alors que cela ne représente qu’une petite partie des crimes d’Assad. « Pourquoi la communauté internationale se concentre-t-elle sur ce petit crime ? Tous les jours il y a des massacres, à Homs, Al Qusair, Damas, Alep. Comparé aux crimes dans l’ensemble ce n’est qu’une petite partie. Tuer une personne est un crime, faire du mal à un enfant est un crime. Torturer une femme est un crime. » Il confie aussi son inquiétude, « Je suis inquiet car les syriens ne sont pas attaqués depuis un mois. On les attaque et les massacre depuis deux ans et demie. Le régime a utilisé des bombes comme à Hiroshima. Que fait-on des massacres des civils ? De la destruction de 82 boulangeries en un mois avec des avions ? Ce ne sont pas des crimes de guerre ? ».

Armes chimiques, le gouvernement responsable…

Concernant les attaques chimiques, Mouaz al-Khatib est « persuadé que c’est le régime ». « Les rebelles vivent avec leurs familles et voisins, il ne peuvent pas attaquer leurs propres familles. De plus ils n’ont pas la capacité technique d’attaquer 17 points au même moment ».

… Assad indirectement

Le point important est ici. Selon lui, « Assad n’a peut être pas donné l’ordre directement mais le régime a donné l’opportunité et l’autorité pour ». Pourquoi ? Car les pouvoirs ont été délégués. « Les gens attendent les résultats de l’enquête internationale mais il y a des raisons pour expliquer cette confusion sur le fait de savoir qui a utilisé les armes. Pour que le régime puisse tuer plus de personnes, Assad a donné la pleine autorité aux leaders. Ils ont découpé la Syrie en de nombreuses zones. Les leaders ont reçu la pleine autorité pour faire ce qu’ils veulent. Maintenant, peut être que le responsable de cet zone a décidé de conduire cette attaque. Il y a quelque chose de très étrange, l’officier principal pour les armes chimiques de la garde républicaine a été exécuté deux jours après. Il y a donc eu quelque chose que le régime ne voulait pas qu’il se passe ».

Pas une raison pour abandonner l’arsenal chimique

Malgré les massacres et la condamnation de l’utilisation des armes chimiques, les syriens de l’opposition ne semblent pas décider à abandonner cette ressource en cas de victoire. Interrogé sur le fait de savoir si il signerait les accords internationaux sur les armes chimiques, Mouaz al-Khatib se montre réticent… « Si tous les pays de la zone signaient un désarmement, ce serait d’accord » affirme-t-il avant de botter en touche, « Ce n’est pas une décision personnelle de dire oui ou non, quand nous aurons un parlement légitime il pourra décider.»

Thomas Le Bihan

Source : Bruxelles2

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